CHAPEAU
Point de marché : une hausse des taux vraiment inhabituelle
Lorsque la Fed monte ses taux, la courbe s’aplatit et les taux courts montent plus rapidement que les taux longs. Cela semble évident, et d’ailleurs si on prend les trois dernières phases de hausse des taux de la Fed, ces hausses ont bien été suivies dans leur immense majorité d’un aplatissement de la courbe. C’est effectivement la norme.
Mais tout ceci a changé depuis un an : les cinq dernières hausses de taux ont été suivies d’une repentification de la courbe. Dit autrement les taux longs montent plus vite que la Fed ne bouge ses taux. C’est en particulier le cas récemment avec le 10-ans américain qui repart nettement à la hausse.
La cause ? Dans une grande mesure le fait que le marché est en train de réviser ses anticipations sur la Fed à la vitesse grand-V. Les mouvements sur la partie courte de la courbe sont particulièrement impressionnants : début septembre les marchés attendaient 42 pdb de hausse des Fed Funds sur l’année prochaine, début octobre on était passé à 56 pdb, on est maintenant à 66 pdb.
Finance et pollution
Excellent papier de Ralph De Haas et Alexander Popov sur l’économie verte et la finance (Cf. https://voxeu.org/article/finance-and-pollution?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter).
Première idée : la courbe de Kuznets sur la pollution. Pour l’anecdote, à l’origine la courbe de Kuznets dit que les inégalités sociales croissent durant la phase précoce de développement d’un pays, puis décroissent après un certain niveau de développement. De même la pollution d’un pays augmente avec son développement, mais passé un certain niveau de richesse, la pollution décroit.
Il y a deux raisons :
- La première phase de développement se fait essentiellement par un passage de l’agriculture à l’industrie avec une part de l’industrie « sale » élevée.
- A partir d’un certain niveau, la migration vers les services mais aussi les préoccupations environnementales d’une population plus riche entrainent un plus faible niveau de pollution.
Et les marchés financiers dans tout ça ? Les auteurs montrent que le financement par le crédit conduit à un maintien des industries et technologies existantes, les industries « sales » ont donc la vie dure. Le financement par les marchés est plus prône à financer les technologies disruptives et les sauts technologiques, et donc à favoriser la transition vers une économie moins polluante. Les auteurs notent aussi que passer à une économie verte peut nécessiter des investissements importants et l’accessibilité au financement est donc une variable clef.
LBPAM va devenir 100% ISR, l’étude montre donc la pertinence de cette décision.
Le weekend passé et la semaine qui s’ouvre
Comme attendu, après le vote de dimanche, les qualifiés pour le second tour des présidentielles brésilienne sont le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro et le candidat du PT (le parti de Lula), Haddad. Le résultat du premier est impressionnant (plus de 46%) et la hausse du real face au dollar depuis hier au soir montre que les marchés parient sans doute sur sa victoire au sortir du deuxième tour dans trois semaines. Ceux-ci font crédit à Bolsonaro d’un programme économique libéral. Même si les électeurs ont sans doute davantage voté pour l’éradication de la corruption que pour tel ou tel projet économique.
En Italie, les « poids lourds » du gouvernement ne sont pas à l’heure actuelle dans une attitude de compromis vis-à-vis De Bruxelles. Luigi di Maio paraît même vouloir garder une ligne « dure » d’ici aux élections au Parlement européen de main prochain, tant il paraît persuadé d’un rapport de force au niveau de l’UE alors en faveur des Populistes.
Sans trop de surprises, le climat semble moins tendu autour des discussions sur le Brexit entre le gouvernement britannique et la Commission européenne. Les deux veulent un accord, même si ce n’est probablement pas le même. La vraie difficulté, on le sait, est au sein de la classe politique du Royaume-Uni. C’est sans doute pour cela que Theresa May s’est employée à faire les « yeux doux » aux Travaillistes. Cela permettra-t-il d’éviter un blocage au Parlement ?
La banque centrale de Chine (PBoC) a annoncé une nouvelle baisse du coefficient de réserves obligatoires de 1%. En moins de six mois, le recul se monte à 2,50%. Une fois encore, l’interprétation dominante est qu’il s’agit d’une mesure préventive, afin de neutraliser le risque d’un ralentissement non souhaité de la croissance. Dans le contexte de poursuite de la normalisation de la politique monétaire américaine, il semble raisonnable d’anticiper plus de volatilité sur le taux de change du yuan.
L’inflation américaine, mesurée au niveau des prix à la consommation en septembre, sera le chiffre économique le plus suivi de la semaine. Le glissement sur un an du noyau dur se positionnerait à 2,3%. Il est autour de ce niveau depuis mai dernier.