Les marchés ont-ils toujours raison ou toujours tort ? Les deux, mon capitaine. Ils ont toujours raison en ce sens qu’ils déterminent le prix d’un actif financier. Et ils ont toujours tort en ce sens qu’ils surévaluent violemment le prix de certains actifs (conduisant aux krachs) et sous-évaluent tout aussi violemment certains autres (conduisant à des corrections violentes et à de bonnes affaires en perspective).
Nous avons connu des marchés qui montaient malgré des fondamentaux économiques médiocres mais des perspectives d’augmentation de crédit de la part des banques centrales éternellement surabondant. Là, nous connaissons des marchés qui baissent avec des fondamentaux qui ne se sont pas brutalement détériorés.
Pour les profits de nombreuses entreprises prises individuellement, ce n'est pas la catastrophe. Certes la Chine ralentit mais, en Occident, l'effet économique de la baisse de la croissance chinoise sur le PIB n’est pas spectaculaire. Quant à l'effondrement des prix du pétrole, les conséquences sont diverses : positives pour la consommation dans les grands pays importateurs, difficiles pour les exportateurs de matières premières au sens large et difficiles pour le secteur de l'énergie américain.
En fait, le souci est bien en Chine et dans les pays de l’OPEP, mais pas pour des raisons économiques. Il s’agit encore une fois de liquidité (crédit) disponible. Les marchés craignent, à tort ou à raison, un tarissement de la liquidité. Ils ont raison s’ils regardent les pays de l’OPEP et la banque centrale de Chine : moindres excédents commerciaux, sorties de capitaux et baisse des réserves de change. Ils ont tort s’ils regardent les politiques monétaires de la BCE et de la Banque du Japon. Les QE de ces pays créent de la monnaie (sous forme de crédit) pour acheter des actifs aux acteurs des marchés financiers. Ces derniers vendent donc ces actifs et reçoivent en face du cash, donc de la liquidité. Pour le moment, la FED et la Bank d’Angleterre sont neutres sur ce point, n’ayant pas d’opérations monétaires en cours.
Les marchés ont été euphoriques en dépit des fondamentaux et à cause de l’abondance de liquidité ; à cause de craintes plus ou moins fondées sur la disponibilité de liquidités, ils provoquent maintenant des krachs ponctuels en dépit des fondamentaux (ni meilleurs, ni pires qu’auparavant). Ordres de vente automatiques, appels de marge, ventes forcées pour des besoins de liquidité ou pour des raisons réglementaires, trading haute fréquence amplifient les mouvements.
Vases communicants ?
Pour l’instant les marchés sont plus impressionnés par les baisses de réserves de change de la Chine à un rythme mensuel de 100 Mds$ que par les rachats d’actifs de la BCE à un rythme mensuel de 60 Mds€. Le CAC devrait donc retrouver ses niveaux de 2800-3000, niveau testé lors des pires périodes de stress en zone euro ces cinq dernières années (été 2011 avec les rumeurs sur la liquidité de la Société Générale, novembre 2011 avec la crise de la dette publique italienne et juin-juillet 2012 avec la crise espagnole bancaire et souveraine).
Les valeurs bancaires vont retrouver leurs niveaux de 2011 (c’est déjà fait pour certaines) alors que la crise actuelle n’est pas une crise bancaire. Certes il y a des cas spécifiques Deutsche Bank, les banques italiennes. Mais ce qui inquiétait en 2008 était de nature à remettre en cause l’existence d’une banque (liquidité et solvabilité) d’où les sauvetages financés par la dette publique et les contribuables. Aujourd’hui, la solidité financière des banques en général s’est améliorée : hausse des fonds propres exigée par la réglementation, baisse du levier d’endettement. Les banques ont en revanche un problème qu’aucune réglementation ou banque centrale ne peut régler : les taux négatifs et l’ère numérique qui modifie les comportements de leurs clients.
En résumé : les banques ne sont pas dans l’ensemble très appétissantes pour un actionnaire. Mais pour le régulateur, pour un créancier obligataire de long terme, pour un déposant…ce n’est pas forcément la même histoire. Nous sommes donc dans une crise proche de celle de 2000-2001, qui était essentiellement une crise classique, non systémique. Il s’agissait d’effets de richesse excessifs. Nous ne sommes pas dans des crises comme celles de 2008-2009 et 2011-2012 qui étaient des vraies crises des banques suite à la crise des crédits subprime puis de certains emprunts d’État devenus subprime.
Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit