Période d’observation sur les indices européens et américains : après la forte phase de baisse de fin juillet-début août, une période hésitante s’est installée avec succession de hausses et de baisses rythmées par les bruits commerciaux des Etats-Unis et de la Chine.
Après l’orage de fin juillet-début août, qui avait vu se succéder une annonce surprise de nouvelles taxes sur les importations de marchandises chinoises par le président américain et une forte glissade du yuan face au dollar dans la foulée, les indices sont entrés dans une phase que l’on pourrait qualifier de « consolidation » mais qui est pourtant rythmée de façon assez brutale par des déclarations souvent contradictoires sur les questions commerciales entre les deux parties.
Dernier épisode en date, Donald Trump indique pendant le G7 en France que la Chine a contacté l’équipe de négociation commerciale américaine pendant le week-end et qu’il y a eu au total deux entretiens téléphoniques…ce que la Chine n’a pas encore confirmé, le ministre des Affaires étrangères chinois indiquant qu’il n’a pas eu connaissance de ces contacts.
Ces déclarations du président américain, non confirmée par la Chine, ont pourtant tiré les indices à la hausse, un mouvement qui pousse donc à la méfiance au moment où tombait également l’indice IFO en Allemagne qui mesure le climat des affaires et qui est ressorti en août à son plus bas niveau depuis novembre 2012. Difficile donc de valider le mouvement de hausse sur les indices européens du début de semaine, sachant également qu’il y a quelques jours, c’est l’indice allemand ZEW qui mesure le sentiment économique, qui chutait encore pour atteindre son plus bas niveau depuis décembre 2011. Enfin, mardi matin, la croissance allemande confirmait sa contraction au 2ème trimestre, quelques mois seulement après une précédente contraction au 3ème trimestre l’année dernière.
Difficile dans ce contexte de s’enthousiasmer pour les valeurs allemandes du DAX, sous pression internationale avec les tensions commerciales mondiale. Un économiste de l’institut allemand IFO a indiqué lundi que l’industrie allemande était en récession et que les services commençaient à suivre. Et c’est pour ça que le suivi de l’évolution des PMI est indispensable dans la phase actuelle pour voir si l’activité dans les services ralentit par effet de contagion de la partie manufacturière.
Outre-Atlantique les données économiques sont très mitigées : d’un côté une confiance des consommateurs qui se maintient sur des niveaux historiquement très élevés (la mesure du Conference Board s’est encore établie à 135.1 en août contre un consensus à 129.5).
Chiffre également nettement supérieur aux attentes des commandes de biens durables…mais en face de ça, des indicateurs PMI (Manufacturier et Services) qui se sont fortement replié en août. Le PMI manufacturier a chuté sous la zone 50.0 qui traduit une contraction de l’activité et a touché son plus bas niveau depuis septembre 2009. Plus inquiétant encore, le PMI Services a également fortement reculé à 50.9, plus très loin de la zone de contraction alors que l’économie US est très dépendante de l’activité dans les services…
Autre signal inquiétant, l’inversion qui s’accentue sur la courbe des taux US. L’écart (spread) entre les taux 2 ans et 10 ans américains s’est enfoncé encore un peu plus en territoire négatif. La dernière fois qu’une telle inversion s’est produite entre ses deux taux, c’était en 2007 en plein cœur de la crise des subprimes. Même constat pour les taux 3 mois et 10 ans : plus forte inversion depuis mars 2007.
Il est donc difficile d’être enthousiaste pour les marchés dans les jours à venir, sachant que les réunions importantes de la Fed et de la BCE ne sont que dans quelques semaines.
Luis de Guindos, vice-président de la BCE, a également fait récemment une déclaration à noter : même s’il a indiqué que les taux resteraient bas encore longtemps, il a rappelé que la politique monétaire de la BCE était dépendante des données économiques et non pas des marchés, et qu’il fallait prendre les anticipations de ces derniers avec « une pincée de sel ». Un message pour mettre en garde contre les attentes excessives des marchés ? Et donc un risque de déception si la BCE ne délivre pas à hauteur de ces attentes ?
Face à une situation commerciale toujours tendue entre les Etats-Unis et la Chine, face à des indicateurs d’activité qui se dégradent aux Etats-Unis, face à une inversion de la courbe des taux US qui s’accentue et face à des attentes potentiellement trop élevées des marchés sur l’action de la Fed et de la BCE, difficile de considérer une baisse de la volatilité sur les indices actions dans les semaines qui viennent.