La Chambre des Notaires de Paris a rendu fin avril son rapport trimestriel sur le marché immobilier en Ile de France. Verdict : une hausse de 6% des volumes et une baisse de 0,4% des prix sur la période décembre 2011 – février 2012.
Ces données brutes doivent être commentées pour refléter une véritable réalité. Le précédent gouvernement avait fait voter au cours de l’été 2011 une loi de finances rectificative doublant le délai permettant de céder un bien immobilier en franchise d’imposition sur la plus-value constatée. Auparavant, lorsque vous vendiez un appartement que vous déteniez depuis au moins 15 ans, votre plus-value n’était pas taxée. Depuis le 1er février 2012, il vous faudra 30 ans pour aboutir au même résultat.
Cette réforme a évidemment eu un impact fort sur l’activité immobilière de la fin d’année 2011 et le début d’année 2012.
Ainsi les propriétaires qui possédaient un bien immobilier depuis plus de 15 ans ont-ils été fortement incités à le céder pour constater leur plus-value avant la date couperet du 1er février 2012, quitte à ne pas se montrer trop gourmand pour assurer le transfert de propriété à bonne date.
Il était reproché à la base de données des notaires de Paris sa trop grande inertie quant aux chiffres communiqués. Il est vrai que cette base statistique, est communiquée aux médias avec quelques semaines de délais. Mais n’est-ce pas le gage de leur authenticité et de leur véracité ? Quoiqu’il en soit, la Chambre de Paris a demandé également à ses notaires de communiquer dès leur signature les données issues des avant-contrats de telle manière à mieux anticiper les variations. Ainsi, la tendance tirée des promesses de vente signées à ce jour pour les réalisations expectées en juin prochain nous rapproche-t-elle des prix constatés en juin 2011, soit en moyenne pour Paris 8.100 euros du mètre carré pour un appartement.
Cependant les prix des logements anciens en Ile de France en février 2012 demeurent supérieurs en moyenne de 6,7% à ceux de février 2011 (8% pour les appartements et 4,1% pour les maisons, mais 10,1% dans la capitale). Quoi qu'il en soit la tendance haussière est bien finie après deux années de forte progression dont le rythme annuel s’élevait encore a +18% en octobre 2011 sur Paris et +11,2% en Petite Couronne.
Le Conseil Supérieur du Notariat (CSN) a également communiqué ses chiffres pour la France entière. Ils sont très instructifs tant le marché parisien représente un particularisme bien spécifique. 2011 est une année de records battant celui de juin 2006 : 858.200 ventes contre 837.000 à cette époque. Une performance justifiées par l’effet « plus-values », et des taux d’intérêts bas.
Le CSN a également constaté une forte progression au cours de l’année 2011 des acquisitions immobilières par des personnes âgées de plus de 60 ans. Il l’explique avec raison par l’augmentation du nombre de retraités et ce vieux réflexe de repli vers les valeurs refuges tel l’immobilier au détriment de l’assurance vie qui a connu une forte décollecte l’année passée.
Le marché immobilier est à un tournant après une longue décennie. La conjoncture économique nationale et internationale dégradée, la quasi-disparition du prêt à taux zéro, l’incertitude sur les taux immobiliers et le durcissement de l’octroi des prêts en termes d’apport personnel ne favorisent pas la création d'un climat de confiance même si la baisse des prix devrait rester modérée, notamment en Ile de France. La Chambre des Notaires de Paris communiquera début juin de nouveaux chiffres. Ils devraient tenir compte de ces éléments. Rendez-vous donc la semaine prochaine !