Pourquoi parle-t-on autant des marchés financiers ? Sont-ils si importants que cela ?
Il y a plusieurs raisons. Tout d'abord, les marchés financiers envoient des signaux importants sur l'état de l'économie : la
montée du prix d'une action d'entreprise ou de la dette d'un pays reflète quelque chose sur les anticipations.
Par exemple, si le cours en Bourse (c'est-à-dire la valeur des actions) des entreprises du Japon baisse par rapport à celles du reste du
monde, cela donne une indication négative sur la croissance future dans ce pays. Tout cela permet d'ausculter, de décrire ce qui se passe dans l'économie de manière synthétique.
Il est normal qu'on en parle beaucoup. Enfin, la taille des marchés financiers est colossale : c'est logique, car la somme de la dette et des actions d'une entreprise, c'est la valeur de tous ses profits futurs ; de même que la valeur d'une maison aujourd'hui,
c'est celle du droit à percevoir tous les loyers futurs. Les sommes en jeu sont donc énormes.
Nous n'avons pas parlé des banques. à quoi elles servent concrètement ? Leur mission ou leur activité ont-elles évolué au cours des dernières décennies ?
Les banques jouent un rôle important dans le financement de l'économie ; c'est vrai en particulier en France. Un aspect presque intrinsèque à l'existence des banques est le dépôt d'argent sur un compte, qu'on peut vider quand on veut.
La banque, elle, utilise cet argent pour faire autre chose : elle prête aux entreprises, aux ménages, etc., sous forme de dettes.
Ces dettes ne sont remboursées qu'au bout de longues années, parfois de décennies. La banque permet donc de transformer des engagements de court terme (les dépôts) en promesses de long terme (les prêts aux ménages et aux entreprises), on appelle cela la « transformation de maturité » : les gens ne s'engagent pas sur la durée de leur dépôt, ils peuvent le retirer à tout moment, mais la banque, elle, prête à des entreprises sur le long terme ; elle transforme du court terme en long terme.
C'est sa force et sa faiblesse, car cela la rend très vulnérable à des chocs sur la confiance de l'institution : si tout le monde retire son argent en même temps, elle explose puisqu'elle ne peut plus honorer ses engagements auprès des déposants. C'est pour cela que l'État garantit les dépôts. La mauvaise santé des banques peut du coup affecter doublement les contribuables : l'État risque de devoir renflouer les banques, et l'économie ralentit, car les banques hésitent à prêter.
Qu'entendez-vous par « financement de l'économie » ?
Tous les jours, beaucoup de projets sont lancés, prolongés ou abandonnés dans l'économie. Typiquement, un projet suppose un gros investissement au départ (achat de machines par exemple), qui ne rapporte des bénéfices qu'à long terme.
Le marché du crédit, c'est-à-dire la possibilité d'emprunter pour financer l'investissement, joue donc un rôle crucial : beaucoup de gens ont des projets, mais la difficulté, c'est d'évaluer si ces projets sont valables ou non. Pour une grande partie de l'économie, c'est le banquier qui décide de la viabilité économique de ces derniers en choisissant s'il accepte de prêter, et à quel taux. Le taux d'intérêt, c'est le « prix » sur le marché du crédit.
Extraits du livre d'entretiens « B.A. BA d'économie », co-édité aux éditions Le Pommier/Cité des Sciences et de l'Industrie.
Entretien avec Augustin Landier, mené par Igor Martinache.
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