Le mieux dans le sillage du bien ?

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Par Hervé Goulletquer Publié le 7 janvier 2020 à 13h28
Aramco Bourse Petrole 1
@shutter - © Economie Matin
10%L'Iran détient 10% des réserves de pétrole mondiales.

Le marché veut voir les choses de façon plus constructive. Bagdad janvier 2020 ne sera pas Sarajevo juin 1914 et les perspectives de l’économie mondiale continuent de s’améliorer. Il n’empêche qu’une impression de fragilité demeure. Un peu à l’image de la situation en Espagne : la formation d’un nouveau gouvernement permettra-t-elle de réduire l’incertitude politique et de contribuer à un environnement plus favorable à la croissance ?

Au vu des mouvements de prix d’actifs les plus récents, le marché paraît partager notre analyse d’hier selon laquelle « le pire n’est pas toujours certain ». Le cours du pétrole brut arrête de monter et les taux longs, de baisser. Dans ces conditions, les bourses se sont reprises hier aux Etats-Unis et ce matin en Asie. A aujourd’hui les investisseurs paraissent donner crédit aux dirigeants américains et iraniens quand ils déclarent ne pas vouloir déclencher une guerre ouverte. Bagdad janvier 2020 ne sera pas Sarajevo juin 1914. Comment ne pas le souhaiter ; même si le déroulé des faits parfois échappe à ceux qui sont à la manœuvre.

Des nouvelles plus favorables sur l’activité économique mondiale peuvent aussi expliquer ce regain de confiance sur les marchés. Le PMI composite monde a progressé de 51,4 à 51,7 en décembre. Les services ont progressé, tandis que le secteur manufacturier se repliait un peu. C’est donc de ce côté-ci qu’il faut regarder pour mesurer l’ampleur de l’amélioration à attendre à l’horizon des prochains mois et trimestres. Un double constat s’impose. D’abord, on peut avoir légitimement le sentiment que la production réalisée, si elle a arrêté de se dégrader, a du mal à s’améliorer. Ensuite, et à l’opposé, les perspectives sont plus favorables, qu’il s’agisse de l’activité ou des commandes, principalement celles à l’exportation.

Il y a ici de quoi confirmer que le changement de phase du mini-cycle de l’économie mondiale est bien engagé. Le message est d’importance pour le marché. Le profil de la bourse mondiale (indice MSCI Monde) lors du mini-cycle précédent envoie, bien sûr toutes choses égales par ailleurs, un signal positif sur le déroulé à éventuellement attendre au cours des trimestres à venir. Tout dépendra de la vigueur du « mieux » observé. Attention à ne pas trop attendre, au risque alors d’être déçu.

Je reviens un instant sur la réaction du swap inflation à la tension intervenue sur les cours du pétrole au cours des derniers jours. Aux Etats-Unis, le swap 5 ans dans 5 ans n’a pas régi en proportion de la hausse observée du prix du « brut ». Les évènements à l’origine du renchérissement de l’« or noir » ont sans doute davantage été lus comme annonciateur d’une risque de moindre croissance que porteur d’une perspective d’une dynamique haussière des prix plus marquée.

C’est aujourd’hui que le nouveau gouvernement espagnol devrait être installé. Il suffit à l’équipe formée des socialistes du PSOE et d’une partie de l’extrême gauche (Unidad Podemos) d’une majorité simple aux Cortes pour se voir confier la mission de diriger la politique du pays. Le Premier ministre Sanchez, qui restera en place, a obtenu qu’un ensemble assez hétéroclite de partis le plus souvent régionalistes (dont l’ERC, Gauche Républicaine de Catalogne) le soutienne ou s’abstienne. Il n’empêche que le futur Cabinet sera minoritaire au Parlement. Gouverner va être compliqué. Si l’incertitude politique reste élevée, la dynamique économique en sera négativement affectée.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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