Marchés actions : une situation deux fois plus grave qu’en 2008

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Par Bill Bonner Publié le 15 septembre 2015 à 5h00
Bourse Marche Crise Situation
@shutter - © Economie Matin
12 500 milliards $12 500 milliards de dollars ont été supprimés sur les marchés actions.

Nous vous avions promis hier plus d’explications sur les zombies… mais les choses commencent à redevenir intéressantes sur les marchés ; la Guerre zombie va donc devoir attendre.

La volatilité fait son grand retour. Si ce n’est que de la volatilité, comme le maintiennent les sherpas de Wall Street, ça passera probablement très vite. Tout ira bien. Retour à l’imbécilité routinière avant la fin du mois.

Mais si ces mouvements en dents de scie annoncent un vrai marché baissier, les prix des actions pourraient être divisés par deux… ou plus… et ne pas se remettre avant 10 ou 20 ans.

De quoi s’agit-il ? Personne ne le sait. Mais le danger le plus apparent se situe à la baisse. Du moins en ce moment. En fait, il nous semble que toute la structure est sur le point de s’effondrer. Pour l’instant, 12 500 milliards de dollars ont été supprimés sur les marchés actions du monde entier. Or il y a peu de raisons pour que les actions remontent… et beaucoup de raisons pour qu’elles continuent à baisser.

La crise de 2008-2009 s’était concentrée sur la dette immobilière. Il y en avait une trop grande quantité qui ne pouvait être remboursée. Aujourd’hui, les consommateurs ont à peu près la même quantité de dette — mais les excès se situent dorénavant dans les prêts automobiles et étudiants. Donnez-leur un peu de temps ; les deux catégories tourneront probablement extrêmement mal.

Bientôt la fin pour la dette des entreprises ? ?

Aujourd’hui, cependant, nous allons nous pencher sur la dette des entreprises. Si les ménages ne sont guère plus endettés qu’en 2007, ce n’est pas le cas des entreprises. Grâce au capitalisme de copinage, les compères ont pu tirer parti des taux bas pour emprunter de l’argent, acheter leurs propres titres et se verser des primes parce que le cours de leur action grimpe.

Cette escroquerie est sur le point de prendre fin.

Le Financial Times : "Avec une montagne de dette de 4 000 milliards de dollars arrivant à maturité sur les cinq prochaines années, la dépendance des entreprises américaines à l’argent facile est sur le point d’être mise à l’épreuve. Les trésoriers des entreprises US se sont précipités pour verrouiller des coûts d’emprunt bon marché en anticipation d’une hausse des taux attendue, refinançant plus de 1 000 milliards de dollars tous les ans entre 2012 et 2014, selon l’agence Standard & Poor’s.

Des conditions d’emprunt plus strictes marqueront un tournant dans cette récente fièvre de dette. Les entreprises ont eu facilement accès aux liquidités, ce qui leur permet de signer des chèques pour des rachats d’entreprises à plusieurs milliards de dollars, de financer des rachats d’actions et des stratégies de dividendes — autant de mesures accueillies à bras ouverts par les investisseurs, les prix des actions remontant par rapport à leurs plus bas de 2009.

Mais tandis que les taux augmentent, les investisseurs pourraient voir le revers de la médaille du financement bon marché. Les analystes avertissent que les entreprises commenceront à faire défaut en nombres croissants, particulièrement dans le secteur de l’énergie, qui se trouve dans la ligne de mire alors que les prix des matières premières se traînent".

Vous entendrez les commentateurs affirmer que les entreprises américaines n’ont jamais été en meilleure forme. Les marges frôlent des sommets record. Les ratios cash/valeur boursière n’ont jamais été si bon depuis… eh bien… depuis 2007 !

Voici ce qui s’est passé. Les entreprises stockent leur propre cash. Ensuite, avec cette trésorerie et les cours élevés des actions en guise de nantissement, elles peuvent emprunter à des taux si bas qu’il faut se mettre à genoux pour les trouver. Cet argent emprunté est utilisé pour faire grimper le cours de leur propre titre, comme mentionné plus haut. Abracadabra, le tour est accompli sous nos yeux — avec la hausse des cours, le ratio dette/fonds propres n’a forcément "jamais été si favorable".

Mais attendez…?

Revoici le Financial Times :

"Selon Moody’s et S&P, les défauts augmenteront probablement dans les années qui viennent à mesure que les taux d’intérêt grimpent — une inquiétude dont des fonds comme PIMCO se sont fait écho. Les analystes de l’agence S&P s’attendent à ce que les défauts, parmi les entreprises américaines classées comme junk bonds, atteignent les 2,9% d’ici juin 2016, près de deux fois leur taux de 2013. La liste d’entreprises notées B3 par Moody’s, avec des perspectives négatives ou pires — c’est-à-dire la moins bonne notation dans le secteur ‘spéculatif’ — est devenue plus longue qu’en 2000 en juillet dernier, pour la première fois depuis 2010.

‘La qualité du crédit se détériore dans l’ensemble depuis trois ans’, déclare Bill Wolfe, analyste chez Moody’s. ‘Les entreprises de la catégorie spéculative ont tiré parti des conditions de marché très favorables ces dernières années. Le nombre d’entreprises mal notées parmi celles que nous observons est bien plus élevé qu’autrefois’."

Et voici Eugen von Bohm-Bawerk avec un avertissement. Les entreprises américaines sont confrontées à un gigantesque appel de marge :

"La dette nette, c’est-à-dire la dette contractée sur les marchés moins le cash, n’a en fait jamais été plus élevée [...] Désormais à plus de 6 600 milliards de dollars, la dette nette non-financière dépasse même le sommet de 2008".

Les entreprises ont emprunté… elles ont gonflé le prix de leurs actions… de sorte qu’elles ont ensuite pu emprunter plus. Mais qu’arrive-t-il quand le cycle s’inverse… quand les prix des actions chutent, et que, soudain, le nantissement n’a pas autant de valeur que le pensaient les prêteurs ?

Nous savons exactement ce qui se passe, parce que ça a déjà eu lieu à deux reprises au cours de ce siècle. En 2000, puis à nouveau en 2008… les valeurs se sont effondrées, le crédit s’est affaissé… et les choses sont revenues à une situation plus normale, jusqu’à ce que les autorités s’en mêlent à nouveau. Dans les deux cas, les cours des actions ont grimpé avant le renversement. A mesure qu’ils grimpaient, le ratio dette/fonds propres baissait. L’écart entre les deux — la capitalisation boursière et le ratio dette/fonds propres — s’est élargi… jusqu’à ce que les marchés entament un plongeon. Et aujourd’hui, cet écart est près de deux fois plus large qu’en 2008.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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