La majeure partie de la hausse boursière de ces derniers mois est due à cinq valeurs seulement : une fragilité que le coronavirus ne fait qu’exacerber.
Jamais tant de gens n’ont dû autant… à si peu.
Ce n’est pas Sir Winston Churchill et la bataille d’Angleterre que nous souhaitons évoquer aujourd’hui mais plutôt la Réserve fédérale et la Bourse.
Si l’on oublie un instant les derniers remous dus au coronavirus…
Le marché se porte comme un charme depuis que M. Powell et ses amis ont réouvert les robinets d’argent liquide en janvier dernier.
Pourtant, seules quelques rares entreprises justifient cette apparente bonne santé : les locomotives de ce marché, les chevaux de trait qui font avancer les traînards… à savoir Apple, Microsoft, Alphabet (l’entreprise-mère de Google), Amazon et Facebook.
Le gros du travail
Ces géants, à eux cinq, peuvent se vanter d’une capitalisation boursière de plus de 4 100 Mds$, soit plus de 10% de la valeur du marché boursier dans son ensemble, qui s’élève à 34 000 Mds$.
Quand ils progressent, tout le marché progresse avec eux – et il faut admettre qu’ils ont effectivement fait pas mal de chemin…
Apple a enregistré des retours sur investissement de près de 112% l’an dernier. Microsoft a progressé de plus de 75%, Alphabet de 20% environ, contre 25% pour Amazon. Facebook a de son côté enregistré une progression de 44%.
On parle souvent des 1% d’Américains les plus riches… voilà les 1% d’entreprises les plus riches.
La quasi-totalité de l’augmentation du S&P le trimestre dernier est due uniquement à ces cinq géants. Si on les met de côté… le S&P n’a pas progressé du tout.
Comme nous le dit Andrew Lapthorne, fin limier de la Société Générale :
« Si l’on met de côté les contributions de ces cinq colosses, le revenu net du S&P a en réalité diminué de 7,5%. »
Nous ne devrions donc pas être surpris que la vaste majorité des composants du S&P aient décidé de réduire la voilure… et la quantité de rachats d’actions.
Les riches s’enrichissent
M. Lapthorne révèle que les rachats, hors GAFA, ont subi une baisse de 32% le trimestre dernier.
Mais chez ces titans ?
Les rachats ont augmenté de 10,5% sur la même période. Ils tendent à faire enfler –artificiellement—le cours des actions.
Doit-on s’étonner, alors, que ces entreprises surperforment aujourd’hui plus que jamais le marché dans son ensemble, comme nous le dit Lapthorne ?
Cela n’a absolument rien d’étonnant.
Que se passerait-il cependant si ces locomotives devaient caler ?
Le marché met tous ses œufs dans cinq paniers
Selon CNBC :
« Ces méga-entreprises technologiques ont fait la course en tête dans un marché haussier d’une durée record, et les investisseurs parient sur une belle croissance et des parts de marché dominantes dans leurs secteurs respectifs.
Elles ont fourni la principale contribution aux gains historiques du marché l’an dernier et la tendance ne montre aucun signe d’essoufflement en 2020. De nombreux stratèges de Wall Street sonnent pourtant l’alarme au sujet de la domination croissante des Big Techs, et s’inquiètent d’un recul potentiel des cours à l’avenir. »
Prenez Apple, par exemple…
Le coronavirus a croqué un joli morceau de la firme à la pomme. Une bonne partie des gadgets qu’elle commercialise sort d’usines chinoises… qui tournent aujourd’hui très au ralenti.
Apple a même brièvement fermé les portes de l’ensemble de ses 42 magasins chinois. Aujourd’hui, plus de la moitié sont réouverts, et l’entreprise a tenu compte de ces fermetures dans son chiffre d’affaire prévisionnel pour le premier trimestre…
… Mais il est fort possible que les ennuis ne fassent que commencer.
Baisse des stocks
Bill Lu est directeur de la recherche sur les semiconducteurs en Asie chez UBS. Selon lui :
« Les conséquences s’accentuent de plus en plus, et ne feront que croître au cours des semaines qui viennent. Les stocks sont bas dans la chaîne de production des smartphones. »
Et si la menace du coronavirus devait perdurer au deuxième trimestre, au troisième… voire au quatrième ?
Nous nous gardons bien de faire des prédictions, bien entendu ; nous ne faisons qu’évoquer les possibilités. En attendant…
… La capitalisation totale du marché boursier aux Etats-Unis est aujourd’hui égale à 158% du PIB américain !
C’est un record stratosphérique – le marché n’avait encore jamais atteint de hauteurs si vertigineuses.
Mais si les investisseurs (ou les algorithmes) laissent tomber la pomme… la gravité devrait soudain reprendre le pouvoir sur les marchés – et ce serait alors la chute.
A suivre…
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