Le monde change, le chef d'entreprise doit s'avoir s'adapter. C'est la thèse de Jeanne Bordeau dans son dernier livre "Manisfeste, le langage des dirigeants, une métamorphose". Sa recette ? Un savant mélange de mise en avant de soi et de prise de recul.
Arborer une posture de déni? Non.
Etre inventif !
Saisir ce temps nouveau de !'expression. Ne dites pas, et même ne pensez pas : « Je n' ai pas le temps ». Non !
Vous devez à présent muscler votre langage, par des preuves et de la clarté. Dans un monde de services, dans un monde « dématérialisé », vous devez être prêts à tout instant a un travail de langage constant. Après les mots : contenus et messages, la dernière expression à la mode n' est-elle pas « éléments de langage » ? Expression qui révèle que l' on travaille le langage de façon décousue...
Sans doute, faut-il songer à vous accorder du temps à contretemps ; il faut décider de vous arrêter, de vous poser pour cueillir, recueillir, ressentir tout ce que d'autres ne perçoivent plus dans l'urgence et hiérarchiser ce à quoi vous devez repondre. - Pas le temps d'être subtil ? Loin de libérer du temps, les progrès techniques compressent le temps et installent un état d'urgence. Vous travaillez en dimensions multiples, vos activités sont fragmentées.
La notion d'identité même a changé. Dans cette course contre la montre, il est important de vous connaître vous-même, pour que votre identité reste cohérente face aux situations plurielles que vous devrez dans une même journée aborder. Votre identité, si elle est distincte, dite et ecrite de façon aiguë, vous sortira du faux débat sur la différenciation.
Vous ne devez pas être différent. Vous devez être unique.
Réinventer un lien avec le temps
Comme l'écrit Gilles Finchelstein* dans la Dictature de l'urgence : « le temps de fabrication d'un objet ne permet même plus de calculer la valeur d'un bien, tout a changé, la numérisation et la vitesse de transmission des données est de l'ordre du jamais vu ». Pour lui, la crise du sens est pour une large partie une crise du temps. Il vous faut sans doute, Mesdames, Messieurs les Dirigeants, réinventer un lien avec le temps.
Et vous-même aidez vos entreprises et vos responsables à percevoir ce qui est prioritaire. Car il est urgent de ne pas se presser en termes d' énonciation et de messages transmis.
Ecrire représente une occasion pour vous de maîtriser le temps. Peut-être pourriez-vous réinstaller votre parole d'autorité sur un blog qui prendrait !'allure d'un journal de bord et d'un éditorial, voire d'une lettre ouverte. De plus, selon Alain Péron**, il y a trop d'information et l'on ne reussit plus à convaincre. Rendre votre parole précieuse, la placer là ou elle doit être, mérite un réel jugement et du recul.
*Gilles Finchelstein, la Dictature de l'urgence, Fayard, janvier 2011.
** Alain Péron est le directeur général associé du Cabinet Giacometti Péron & Associés.
Extrait du Manifeste de Jeanne Bordeau : "Le langage des dirigeants, une métamorphose", aux Editions de l'Institut de la qualité de l'expression.