Les rumeurs circulent activement depuis plusieurs jours: la mobilisation contre la loi Travail pourrait être largement suivie aujourd’hui. Certains syndicalistes évoquent même une participation supérieure à 1 million de participants.
Des mobilisations tous azimuts
Beaucoup ont été surpris par l’ampleur des nouvelles qui leur sont parvenues. Partout, des sections syndicales ont réservé des cars ou des bus pour aller manifester. Dans certains endroits, ce sont plusieurs centaines de salariés qui devraient descendre dans la rue.
Le phénomène était suffisamment significatif pour que les responsables syndicaux en parlent et témoignent à la fois de leur étonnement et de leur contentement. De leur point de vue, une telle réaction collective dans les entreprises ne s’était pas produite depuis très longtemps. Ces premières informations laissent donc penser que le mouvement de contestation pourrait marquer un point important qui mettrait le gouvernement en difficulté.
Le phénomène touche autant les entreprises privées que le service public. Là aussi, cette convergence de mouvement constitue une innovation qui ne manquera pas d’inquiéter Manuel Valls.
La loi Travail fragilisée?
Si cette mobilisation devait se confirmer, c’est la loi dans sa totalité qui pourrait être en souffrance. Le gouvernement serait en tout cas obligé d’écouter la voix de la rue et d’accepter d’importants amendements favorables aux frondeurs. Le repli serait d’autant plus inéluctable qu’une forte participation affaiblirait considérablement la CFDT, sur laquelle le gouvernement s’est beaucoup appuyé.
Pour Laurent Berger, lui-même, il s’agirait d’un revers. Berger a en effet pris sur lui de soutenir Manuel Valls et d’imposer des réécritures jugées plus équilibrées. Une réussite de la mobilisation pourrait remettre en cause sa légitimité « d’accompagnant » de la loi.
La CGPME à la manoeuvre
Pour les organisations patronales, une réussite de la mobilisation constituerait aussi un revers important. La CGPME, par exemple, commence à gagner une certain nombre de positions et d’amendements qui pourraient être remis en cause dans les jours à venir. Selon toute vraisemblance, le rapporteur de la loi devrait en effet intégrer plusieurs amendements sur le licenciement économique qui diminueraient la période d’estimation de la baisse d’activités pour les entreprises de moins de 300 salariés, et qui modèrerait les critères un peu stricts annoncés sur la valorisation des baisses de chiffre d’affaires.
Une modification de l’équilibre politique existant n’aiderait vraiment pas la CGPME.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog