Nous revenons aux fondamentaux du monétarisme pour mieux comprendre les causes et conséquences des politiques actuelles.
Investir l’épargne accumulée au fil des années dans des valeurs mobilières est le meilleur moyen pour maximiser ce capital, mais il est nécessaire pour cela d’avoir un minimum de connaissances en matière économique, financière et monétaire.
Or la plus grande confusion règne souvent dans ce domaine chez beaucoup d’épargnants- investisseurs qui sont victimes des mauvaises informations véhiculées par les médias…
La monnaie est le point de départ du monétarisme, évidemment.
Là se trouve le premier problème : qu’est-ce qu’une monnaie ?
La réponse est simple et claire, mais elle est loin d’être partagée par tout le monde et même par tous les économistes. Les plus grandes erreurs continuent à être propagées sur ce thème par les médias, et elles ont des conséquences négatives de plus en plus importantes.
Autre problème de base : qu’est-ce que le crédit ? Comment ça marche ?
Beaucoup d’erreurs continuent à être colportées à ce sujet mais les réponses sont quand même plus précises et elles sont maintenant moins contestées.
Enfin, se posent encore d’autres problèmes fondamentaux, en particulier ceux portant sur la création monétaire, ce qui a été pourtant bien résolu : l’argent sain est le premier pilier pour les Reaganomics, dixit Arthur Laffer.
Ces concepts ont été bien analysés, bien compris et ils sont bien appliqués aux Etats-Unis, mais ils ne sont absolument pas admis en Europe – en particulier dans la Zone euro, y compris par les dirigeants de la banque centrale, ce qui a des conséquences catastrophiques.
La culture monétariste est étonnamment absente dans la vieille Europe continentale car les économistes dominants n’ont jamais accepté cette théorie venue du Nouveau Monde.
Nous aborderons donc ces trois points de façon à pouvoir enfin partir sur de bonnes bases de façon à investir judicieusement…
Monnaie : les fondamentaux
Pour comprendre ce qu’est une monnaie, la meilleure solution est de partir de l’exemple du paysan de Böhm-Bawerk…
Böhm-Bawerk était un économiste autrichien qui vivait dans la première moitié du XIXème siècle.
Pour faire comprendre au plus grand nombre de personnes ses idées sur l’économie, il prenait l’exemple d’un paysan qui s’est établi en montagne. Situons-le dans les Alpes suisses.
Ce paysan produit des fromages. Il descend chaque semaine pour les vendre sur le marché du village proche et, avec l’argent ainsi gagné, il achète puis il remonte ce dont il a besoin pour sa famille et pour son exploitation. C’est simple. Tout le monde comprend.
L’argent circule ainsi rapidement : il part des mains des villageois pour aller dans celles du paysan, puis dans celles du boulanger, etc.
En fin de journée, le boulanger dépose sa recette à la banque et son interlocuteur inscrit cette somme sur son compte, au crédit.
A la fin du mois, pour payer ses fournisseurs et ses salariés, le boulanger demande à sa banque de verser les sommes qu’il leur doit en débitant son compte, etc.
Là aussi, c’est simple. Tout le monde comprend – sauf qu’en réalité, la plupart des gens, y compris beaucoup d’économistes et autres financiers patentés, ne comprennent pas l’interprétation de ces mouvements d’argent…
Une pure convention
Cet argent qui circule sous la forme de pièces, de billets et d’écritures comptables à la banque n’est qu’un instrument pratique qui permet et facilite les échanges en évaluant les biens et les services produits par les uns et les autres.
La contrepartie de cette monnaie est donc constituée des biens et des services produits au sein de cette communauté villageoise.
Cette monnaie est une pure convention admise par tout le monde. Elle ne se réfère pas à l’or.
Elle circule naturellement et librement selon des règles précises basées sur le principe de la comptabilité en partie double qui a été imaginé et transmis par d’illustres inconnus depuis… des millénaires.
620 monnaies étaient ainsi en circulation en Suisse avant 1848 ! Il s’agissait souvent de monnaies à usage purement local car les échanges étaient généralement limités aux alentours immédiats du centre des activités économiques (une vallée, une ville, etc.).
Ces microsystèmes monétaires ont très bien fonctionné pendant des décennies, voire des siècles.
Par la suite, avec la multiplication des échanges sur des distances plus longues, de tels systèmes ne pouvaient plus fonctionner et les Suisses ont été obligés d’adopter en 1848 une seule monnaie au niveau national, en transposant ce type de système monétaire qui était local à l’origine.
Tout est simple, en réalité…
Il en est toujours de même à notre époque mais les systèmes monétaires étant plus complexes, les banques centrales doivent intervenir pour maintenir cet argent sain, c’est-à-dire sans dysfonctionnements de façon à ce qu’il n’y ait pas de création monétaire.
C’est simple. Tout est simple disait Milton Friedman qui ne comprenait pas pourquoi tant de gens ne comprennent pas ces problèmes monétaires élémentaires !
Cependant, un dysfonctionnement (qui est devenu fréquent) peut se produire dans un système monétaire local : quand le paysan de Böhm-Bawerk n’a plus confiance en l’avenir, il est amené à ne pas dépenser tout l’argent qu’il vient de gagner, c’est-à-dire qu’il limite ses dépenses au strict minimum nécessaire.
Il remonte donc chez lui une partie de l’argent gagné sous la forme de billets pour les cacher évidemment sous son matelas. Cet argent ne circule plus. Les chiffres d’affaires des commerçants du village baissent si les autres paysans font comme lui. Ils passeront moins de commandes à leurs fournisseurs, ils n’embaucheront plus de personnel supplémentaire, etc.
C’est le début d’une récession.
L’inverse est également vrai. Lorsque la masse monétaire M3* augmente trop, c’est-à-dire davantage que la croissance du PIB, cette croissance diminue au point de dégénérer en récession : c’est exactement ce qu’il se passe de nos jours en Europe ou au Japon.
Tout est simple. Rien n’a changé fondamentalement depuis le début du XIXe siècle.
Nous verrons la suite dans le prochain article…
* La masse monétaire M3 d’une nation est le total de l’argent émis et libellé dans sa monnaie.
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