Arnaud Montebourg sera content. Sa publicité pour le "Made in France" en une du Parisien magazine, outre le fait d'avoir fait des émules parmi les amateurs de marinières, aura sans doute convaincu les Français de l'importance du "produire français". Le sondage Tilder-LCI-OpinionWay en date de ce jeudi 25 octobre constate cette tendance chauvine puisque selon l'étude, 78 % des Français sont favorables à la création de rayons ne contenant que des produits exclusivement "made in France" dans les supermarchés. Un sondage qui fait un écho parfait à celui réalisé par Toluna pour Economiematin.fr et publié ce matin, qui révélait que 76,5% des Français sont disposés à payer plus pour acheter Français pour leurs cadeaux de Noël !
Un effet marinière ? À la fois oui et non. Oui, notamment car cette thématique du patriotisme économique est vraiment un axe central du discours du gouvernement et singulièrement du ministre du redressement productif : il n’est donc pas illogique que le martèlement de cette idée finisse pas se sentir dans l’opinion. Elle est de dimension symbolique et émotionnelle et bénéficie donc d’une adhésion spontanée en période de crise.
Non, car l’idée n’est pas nouvelle : dans les années 70, le PCF parlait déjà du "fabriquer français", puis le concept du patriotisme économique fut utilisé par Dominique de Villepin avant de faire entre autres les beaux jours de la campagne présidentielle de François Bayrou et de Marine Le Pen. Ce n’est donc pas une proposition clivante et il n’y a pas de bénéfice électoral ou partisan à en tirer. En revanche, la pierre est maintenant dans le jardin de la grande distribution mais aussi de l’Europe qui pour l’instant bloque ce fléchage sur l’origine géographique des produits.
L'autre question du sondage portait sur la baisse du coût du travail pour aider les entreprises françaises à lutter contre la concurrence internationale. Et là, les Français sont partagés. 50 % d'entre eux estiment l'idée pertinente. C’est en effet l’autre volet de la question sur les rayons "made in France".
Pour les rendre efficaces, il faudrait soit que les Français acceptent de payer plus cher des produits fabriqués en France, soit que ces produits soient un peu plus compétitifs qu’ils ne le sont aujourd’hui. Et pour qu’ils soient compétitifs, il faudrait que les entreprises françaises elle-même le soient. Et là, visiblement, les Français sont perdus : ils ne sont pas capables de se faire un avis sur la façon d’y arriver.
Ce résultat est le signe d’un grand manque de pédagogie et peut-être d’un rendez-vous manqué. L’exploitation du prochain rapport Gallois qui offrait une occasion formidable de faire cette pédagogie a entraîné tout le contraire : un brouhaha inédit depuis 10 jours qui a fini de brouiller tous les repères. C’est un message au gouvernement mais aussi aux partenaires sociaux et notamment au MEDEF : quelle que soit la décision prise sur le coût du travail, il y a aura donc au moins 50 % de mécontents.
Fiche Technique :
Etude réalisée auprès d’un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour Tilder et LCI. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview). Dates de terrain : les interviews ont été réalisées du 25 au 25 octobre 2012.
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