Périodiquement, les médias jettent en pâture à l’opinion publique des listes d’évadés fiscaux, obtenues par des moyens illégaux…
Et, à chaque fois, notre classe politique s’indigne du comportement de ces « traîtres à la patrie » qui, loin d’être des criminels, ne sont pas autre chose que des « migrants fiscaux », persécutés par une administration qui, depuis toujours, gaspille sans compter l’argent public, au point d’afficher, en 2015, une dette de 2 100 milliards (près de 100 % du PIB)…
Au stade d’imposition où nous en sommes, en France, l’évasion fiscale s’apparente plus exactement à une forme de « légitime défense économique »… A-t-on seulement fait le calcul de ce que ces grandes familles d’entrepreneurs, d’artistes ou de créateurs ont généré, en termes d’emplois, de cotisations sociales, d’impôts et de taxes en tous genres, durant des décennies ?...
Si un certain nombre de français n’aiment pas « les riches », c’est simplement parce que le socialo-communisme continue de véhiculer cette idée surannée selon laquelle ce serait l’État qui créerait la croissance et l’emploi, au lieu et place des entreprises… Ainsi, à force de pousser les grandes fortunes à l’exil et, du même coup, d’adresser des messages négatifs aux investisseurs étrangers, la France n’en finit pas de « fabriquer » toujours plus de pauvres, en transférant la charge de l’impôt sur les classes moyennes et les PME/PMI, les seules qui n’aient pas les moyens de « s’évader »…
Le scandale « Panama Papers » ne réside pas là où les médias et la classe politique voudraient nous entraîner : « Quand le sage montre la lune avec son doigt, l’imbécile regarde le doigt… », dit un proverbe chinois… Le véritable scandale se situe au niveau de cette « économie parallèle », totalement opaque, qui alimente et soutient l’économie réelle : celle-ci passe, à la fois, par le blanchiment de l’ensemble des activités criminelles de la planète (trafic d’armes, de stupéfiants, d’êtres humains, kidnapping, racket, corruption,…) et par une spéculation financière effrénée, toutes totalement « hors-contrôle » et particulièrement lucratives.
Selon le FMI, le blanchiment d’argent sale représenterait de 2 à 5% du PIB mondial, soit une fourchette comprise entre 1 600 et 4 000 milliards de dollars : un chiffre vraisemblablement très en dessous de la réalité… C’est que le temps des « lessiveuses » est bel et bien révolu… Si les mafias ont, de longue date, investi dans l’immobilier, on les retrouve aujourd’hui dans tous les secteurs de l’économie : transport, recyclage des déchets, distribution d’eau, énergies renouvelables, sport, activités de main d’œuvre, etc, etc…
Un autre scandale tient au fait que notre classe dirigeante, qui se « gargarise » à tout bout de champ de compétitivité et d’intelligence économique, continue superbement d’ignorer que la fiscalité et le « social » font partie de la panoplie des armes de destruction massive de la guerre économique… N’est-il pas surréaliste de constater avec quelle « tendresse », non dénuée d’une certaine nostalgie post « soixante-huitarde », une gauche ringarde et « hors-sol » couve, encore aujourd’hui, les opposants à la « Loi Travail » et les rêveurs éveillés de « Nuit debout » ?...
Nul doute que, pour ceux-là, une « Loi Paresse » aurait recueilli tous les suffrages… Qu’on en juge : « En l’espace de 40 ans, le volume d’heures travaillées, en France, a baissé de 20 % alors qu’il demeurait stable dans la plupart des autres pays. Lorsqu’un Français travaille 100 heures, un allemand travaille 110 heures, un britannique 131 heures et un canadien 139 heures… ». (Jean-Olivier Hairault et Pierre-Antoine Delhommais dans Le Point du 05.3.2015) Comment, dans ces conditions, peut-on espérer produire autant de richesses que nos concurrents, résorber le chômage et la dette sociale, tout en augmentant, mécaniquement, les recettes fiscales ?...
Comment peut-on continuer de faire semblant de croire que l’immense majorité des Français, qui n’a fait ni Sciences PO ni l’ENA, n’est pas capable de comprendre cette évidence ? L’état de délabrement de notre économie est tel qu’aujourd’hui, que ceux qui nous gouvernent en sont réduits à en appeler à la délation pour faire rentrer quelques milliards dans les caisses de l’État, des milliards qui auraient été investis ou dépensés, en France, si on ne les avait pas « poussés dehors »…
Sous le régime de Vichy, l’administration dénonçait les juifs et tous ceux qui refusaient de se coucher à la botte de l’occupant allemand. Aujourd’hui, la même administration met une fois de plus « à contribution » les citoyens pour, cette fois, dénoncer ceux qui, à leurs yeux, gagneraient trop d’argent : un véritable crime, dans notre pays…
Le phénomène n’est pas nouveau, sauf que, jusqu’à présent, cette pratique était dévolue à quelques « chasseurs de têtes » professionnels, pudiquement dénommés « aviseurs » et rémunérés au pourcentage, pour chaque « scalp » de contribuable rapporté à Bercy. Manifestement, compte-tenu de l’ampleur de nos déficits, il fallait « changer de braquet » car, de leur côté, nos hommes politiques et nos « hauts-fonctionnaires » ont toujours bénéficié de la plus grande mansuétude au regard de leurs propres turpitudes : ni les électeurs (des « lanceurs d’alertes » en puissance…), ni la Cour des Comptes, ni aucun magistrat ne sont jamais parvenus à les ramener sur le chemin de la vertu…
Cette situation, ubuesque, fait bien évidemment le bonheur de nos concurrents, en Europe, aux Etats-Unis et dans le monde, eux qui savent mieux que personne tirer profit de nos faiblesses et user sans vergogne des circuits parallèles qui ouvrent la voie aux marchés et aux grands contrats : la seule règle qui vaille est celle du « pas vu, pas pris »… Comme par hasard, l’affaire « Panama Papers » a été construite et orchestrée par un mystérieux Consortium International de Journalistes d’Investigation (ICIG), une ONG financée, pour partie, par l’USAID (Agence américaine en charge du développement économique et de l’aide humanitaire) et par l’Open Society, une société du milliardaire américain George Soros passée maître dans l’art de la manipulation de l’opinion publique et, « accessoirement », des cours de bourses…
Ainsi, tandis que la France s’essouffle à courir en tous sens après les terroristes et les « évadés fiscaux », comme s’il s’agissait des mêmes criminels, les américains et « le reste du monde » courent, eux, après les profits, sans le moindre état d’âme… Pour mémoire, le Canal de Panama fut inauguré, officiellement, le 15 août 1914, à la suite d’un énorme scandale boursier qui éclaboussa plusieurs hommes politiques et industriels français et ruina des centaines de milliers d’épargnants. Ce scandale eut pour conséquence de voir confier l’achèvement des travaux et la concession de l’exploitation du Canal aux américains. Ironie du sort, c’est ce en avril 2016, au lendemain de l’affaire « Panama Papers », qu’a été inauguré, en présence de 70 chefs d’État et de gouvernement, le nouveau canal dont l’élargissement laisse augurer un doublement du trafic marchand.
Dans un tel contexte, qui peut encore raisonnablement croire que la lutte contre les paradis fiscaux n’est pas autre chose qu’un véritable bal de « faux-culs », duquel les Français ressortiront, une fois de plus, cocus ?... Et si on inscrivait enfin, pour une bonne fois pour toutes, dans la constitution, l’interdiction, pour l’État, de présenter des comptes déficitaires, assortie d’un impôt maximum, versé par tout contribuable, ne devant jamais dépasser 15 % du montant de ses revenus ?... (Jean-Philippe Delsol – « L’injustice fiscale ou l’abus de bien commun »). Une idée jugée trop simpliste pour ces « crânes d’œufs » qui, comme disait Coluche, « nous vendent de l’intelligence alors qu’ils n’en ont même pas un échantillon sur eux… ». C’est pourtant avec ce genre d’idées toutes bêtes que l’on mettrait définitivement fin à la fraude et à l’évasion fiscale, « le jeu n’en valant plus la chandelle… ».