Monsieur le Président, libérez l’emploi et le commerce, maintenant

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 6 novembre 2013 à 12h04

Monsieur le Président,

L’objectif d’inverser la courbe du chômage d’ici à la fin de l’année 2013 ne sera pas tenu. Si la plupart des économistes n’en doutaient pas depuis déjà longtemps, vous pouviez légitimement espérer qu’un choc de confiance puisse relancer l’économie et donc l’emploi. Le choc n’est pas venu. Le pays n’a plus les moyens d’attendre.

Les comptes de l’Unedic, l’assurance chômage, sont dans le rouge depuis 2008. La France emprunte pour payer ses fonctionnaires, emprunte pour payer ses retraites, emprunte pour payer infirmières et médecins, emprunte pour indemniser ses chômeurs.

Alors que depuis des mois, dans les faits plutôt, depuis des années, les plans sociaux succèdent aux dépôts de bilan et aux faillites, avec leurs cortèges de nouveaux chômeurs, des entreprises interpellent les autorités leur demandant de pouvoir développer leur activité, persuadées qu’elles sont de pouvoir satisfaire plus de clients, et donc, créer plus d’emplois. Une étude de l’indépendant conseil d’analyse économique datant de 2007 évalue à 100 000 le nombre d’emplois qui seraient créés par la libéralisation du travail du dimanche.

Entendons nous bien : j’ai une famille, et pèse parfaitement bien ce qu’implique de devoir travailler le dimanche. Mais justement voilà : les journalistes, comme huit millions de français toutes les semaines, travaillent bien souvent le dimanche, et personne ne s’en étonne ni ne se révolte. Du boulanger, artisan indépendant, au chauffeur de bus, salarié d’une régie publique ou d’une entreprise privée, en passant par les métiers de la santé, de la sécurité, des loisirs, de l’alimentation, des transports donc, et de tant d’autres que l’on n’imagine pas ne pas voir –et bien souvent, que l’on ne voit pas de visu-travailler le dimanche, tous travaillent un jour férié en droit, sans s’en étonner ni s’en plaindre. Comme ceux qu’ils servent.

Plusieurs pays européens ont libéralisé le travail dominical sans heurts

Les pays occidentaux comme les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne qui ont légiféré ces dernières années pour libérer le travail le dimanche n’ont pas eu à la regretter. La création de richesse et d’emplois est patente. Les économies locales se sont adaptées. Les consommateurs n’ont pas choisi les uns aux détriments des autres, mais augmenté leur temps de « shopping » moyen (27 minutes de plus par semaine aux Pays-Bas).

Votre gouvernement, Arnaud Montebourg en tête, a accueilli à bras ouvert l’américain Amazon et sa nouvelle plateforme de distribution à Beaune en Bourgogne, en cela qu’elle créait 250 emplois. Votre ministre s’est également rendu fin octobre avec un autre ministre, Sylvia Pinel, au siège du site de vente en ligne VentePrivee.com pour saluer son lancement dans la distribution de produits alimentaires. Or, Amazon ou Vente-Privee.com sont bel et bien ouvert 7 jours sur 7. Et vous l’ignorez sans doute, mais des équipes y travaillent le dimanche pour préparer des commandes qui seront expédiées… le dimanche aussi, puisque la Poste… air connu.

Toute occasion de créer des emplois durables doit être saisie

Le seuil de l’alerte rouge est déjà largement dépassé pour l’emploi. Emplois d’avenir, emplois publics, tout ce que la puissance publique pouvait faire et financer pour endiguer le drame a été tenté. Il vous faut désormais tendre la perche au secteur privé, qui emploie encore en France 18,7 millions de personnes, et pourrait en employer au bas mot un million de plus si le contexte économique réglementaire et fiscal lui permettait de prendre des risques : celui de l’investissement, du développement, pour trouver la croissance.

Les 100 000 premiers emplois sont à portée de main. En libérant le code du travail de ce carcan d’un autre temps – la loi qui le régit date de 1906, à mille lieues des réalités de notre siècle - vous ne prenez qu’un risque : celui de réussir votre pari.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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