Nous traversons évidemment une crise économique à la profondeur sans précédent dans l’histoire économique de notre monde.
Même la crise de 1929 n’avait pas vu la population mondiale confinée et l’ensemble des commerces fermés.
Même si l’activité était moindre et les consommateurs peu nombreux, les magasins étaient ouverts et les usines tournaient.
Nous sommes donc confrontés à une crise encore plus profonde, plus violente que celle de 1929.
J’avais écris, il y a 1 mois, qu’il fallait sauver les entreprises quoi qu’il en coûte non pas pour faire plaisir, non pas pour socialiser les pertes et privatiser les gains, mais parce qu’il fallait et qu’il faut plus que jamais, à tout prix, sauver nos entreprises pour sauver notre capacité de reprise.
Il faut sauver en prenant garde de ne pas enrichir
Bruno le Maire envisage clairement de nationaliser Renault ou encore Air-France si nécessaire et ce sera sans doute nécessaire. C’est une bonne chose. Il n’y a pas le choix et il faut le faire. Il ne faudra pas privilégier les actionnaires. Ils ont joué. Ils ont perdu. Nous ne devons pas privatiser les gains et nationaliser les pertes, afin d’éviter tout aléas moral d’une part mais aussi parce que notre population, nos concitoyens doivent tous pouvoir comprendre qu’il n’y a là aucun cadeau effectué avec leur argent présent et leurs impôts futurs.
Faut-il aller encore plus loin et payer le loyer des petits commerces en difficulté ?
Ma réponse est sans aucune ambiguïté.
C’est un oui.
Il ne faut pas hésiter.
Pourquoi ?
Parce que les loyers payés par les petits commerçants sont généralement perçus par des petits propriétaires, qui comptent dessus soit parce qu’ils sont d’anciens commerçants sans presque de retraite (la retraite des indépendants est une pitié dans ce pays) et que ceux qui se sont bien préparés avaient acheté les murs de leur commerce et c’est ce loyer qu’ils perçoivent qui constitue leur retraite en réalité.
Sinon, vous avez en face, un petit propriétaire endetté sur 15 ou 20 ans et qui a besoin de ce loyer pour rembourser… un crédit !
Si les impayés de remboursement de crédits explosent à la hausse, que va-t-il se passer ?
Les banques seront en faillite et il faudra sauver les banques, ce qui coûtera en réalité beaucoup plus cher que de payer quelques mois de loyers…
Il faudra même payer les impayés de loyers dans le parc de logement privé.
Pour les logements privés, la logique est la même.
Soit les petits propriétaires doivent rembourser un crédit, soit ils ont besoin du loyer pour vivre car c’est leur complément de revenu.
Dans les 2 cas, si 80 % des loyers ne sont plus versés ce sera une catastrophe économique dans la catastrophe économique.
« Les loyers par exemple de commerces, de restaurants qui n’arrivent plus à payer, on pourrait les prendre en charge dans le cadre de fonds de solidarité pour un certain nombre d’entreprises particulièrement menacées », a-t-il déclaré sur France 2. Ce fonds de solidarité mis en place par l’État prévoit 1 500 euros maximum d’indemnisation pour les petites entreprises ayant subi au moins 50 % de baisse de chiffre d’affaires par rapport à mars et avril 2019, plus une aide de 2 000 euros accordée au cas par cas pour celles menacées de faillite.
Pour ces dernières, « nous pourrions augmenter ce plafond à 5 000 euros justement pour pouvoir intégrer le montant des loyers », a expliqué Bruno Le Maire. « Deuxième modification sur laquelle nous travaillons : prendre en charge (…) ceux qui sont au bord de la vraie difficulté, qui sont en situation de redressement judiciaire, qui aujourd’hui ont vraiment du mal à faire face », a-t-il poursuivi. « On travaille à cette amélioration que nous présenterons la semaine prochaine avec Gérald Darmanin », le ministre des Comptes publics, a-t-il ajouté.
Tous les dispositifs d’aide d’urgence doivent être soutenus et accueillis positivement car, oui il faut sauver non pas le système mais les mécanismes d’équilibres qui régissent en partie ce système et qui sont non pas des mécanismes d’équilibre visant à assurer les profits des plus riches et des entreprises cotées en bourse, mais nos petites entreprises, l’économie réelle, celle qui est la colonne vertébrale de notre système mais aussi qui assure la vie quotidienne, les services, le lien social sans oublier l’aménagement de nos territoires.
Sauver nos commerçants, nos restaurateurs, nos hôteliers, nos petits boutiquiers, qui peuplent nos centres-villes pour en faire des lieux de vie, n’est pas une option, c’est une obligation.
Enfin Bruno Le Maire a, par ailleurs, indiqué qu’il faudrait « envisager des annulations » des charges fiscales et sociales pour les entreprises menacées de faillite, et non un simple report. Là aussi c’est une évidence. Le retard de charges à rattraper sera tel, qu’en réalité il sera impossible de rembourser les sommes dues en maintenant une exploitation saine et un revenu digne aux petits patrons bien souvent sacrifiés, trop souvent sacrifiés. Cela pose également la question du niveau ahurissant des charges dans notre pays qui n’est même pas capable de donner quelques masques à ces citoyens… Le décalage entre les taxes perçues par l’Etat et les capacités de l’Etat pose une question essentielle et c’est un débat qu’il faudra ouvrir dès cette crise sanitaire achevée.
« J’ai parfaitement conscience qu’il peut y avoir un hôtel, un café, un restaurant, un fleuriste qui ne pourra pas rembourser. Si la menace en cas de non-remboursement c’est la disparition de l’entreprise, dans ce cas là on annulera le report de charges sociales et fiscales », a souligné le ministre. Il a raison.
De façon générale, ce qui sera le plus efficace économiquement, c’est que l’Etat paye, quoi qu’il en coûte ce qu’il faut payer.
Après se posera la question de comment financer tout cela. Qui paiera ? La réponse devra être la banque centrale. Européenne, ou nationale, car à ce stade, rien ne dit que l’Union Européenne et la zone euro pourront survivre aux tensions déjà très vives qui opposent les pays de la zone sur ces aspects financiers.
Si la BCE ne paye pas, si la BCE ne monétise pas, il faudra en tirer toutes les conséquences et reprendre notre souveraineté monétaire. Nous aurions pu le faire et du le faire par petit temps. C’est sans doute le gros temps et la tempête qui nous obligeront à la faire.
Nous mettrons dans un tel cas 10 ans à nous remettre aussi bien de la crise sanitaire que de la crise économique qui va en découler. Mais, les erreurs, la facilité, la lâcheté ont toujours eu un prix, et plus nous allons loin dans les abandons, plus cela coûte cher à notre pays. Ainsi en va-t-il de l’histoire de ce vieux pays, qui est la France et qui est le nôtre.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous et désormais protégez-vous !