Q1 : Selon vous, le projet de loi travail permettra-t-il de faire baisser le chômage en France ?
- Sous total « oui » : 21 %
- Sous total « non » : 78 %
- NSP : 1 %
78% des Français interrogés considèrent que la loi travail ne fera pas baisser le chômage.
Les Etats membres de l’Union Européenne, qui connaissent aujourd’hui une baisse significative du chômage, ont tous un point commun : ils ont réformé le droit du travail dans leur pays : L’Italie de Renzi, l’Espagne de Rajoy, le Portugal du Premier ministre Passos Coehlo en 2012, et l’Allemagne de Schröder en 2005 (dont le parti politique ne s’est d’ailleurs jamais remis de cette réforme), aucun Etat ne fait exception… excepté la France.
En ce qui concerne la loi Travail, dont la discussion parlementaire est désormais soumise à une motion de censure déposée par l’opposition, en application de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, il est possible de parler de crash en communication pour le gouvernement.
Aujourd’hui, quelque puisse être l’issue du vote de la loi au Parlement, le texte ne fera que des mécontents. Le gouvernement en ressortira politiquement affaibli. Le président de la République qui voulait retisser le lien avec sa gauche dans l’optique de 2017, voit sa majorité parlementaire exploser sous les coups des frondeurs. Hors du champ politique, le patronat qui soutenait le texte initial, n’est désormais plus du tout en phase avec le projet remanié ; les organisations syndicales n’ont de toute façon jamais été en phase avec aucun texte de réforme du code du travail ; leur mécontentement global est ici plus structurel que conjoncturel.
Pour finir, une opposition inédite est en train de se construire dans la durée en occupant la nuit les places des grandes villes.
Pourquoi une telle situation ? Pour une erreur de communication politique.
En ne faisant pas la pédagogie de la réforme du Code du travail et de sa nécessité (espérer faire baisser le chômage durablement en France), aujourd’hui, le gouvernement se trouve dans une situation particulièrement compromise. En effet, la réforme a été annoncée l’été dernier, puis au moment des voeux aux Français le 31 décembre, puis quasiment plus rien jusqu’à la révélation du texte en février.
L’opinion publique, qui aurait pu jouer un rôle de contrefeu, si les bénéfices espérés de la réforme avaient été insufflés à temps dans le débat public, n’a finalement pas pu jouer ce rôle.
Q2 : Diriez-vous que l’appartenance de la France à l’union européenne a … ?
- Plus d’avantages économiques que d’inconvénients : 26 %
- Plus d’inconvénients économiques que d’avantages : 38 %
- Autant d’avantages économiques que d’inconvénients : 35 %
- NSP : 1 %
38% des Français interrogés voient plus d’inconvénients que d’avantages dans l’appartenance de la France à l’Union européenne.
Lundi 9 mai dernier était la journée de l’Europe. Il s’agit d’une date symbolique connue. A quelques jours du référendum en Grande-Bretagne sur son maintien ou non dans l’Union européenne, il paraissait également pertinent de recueillir l’avis des Français.
Les résultats du sondage de ce jour montrent clairement un désintérêt des Français et même une forme de défiance à l’endroit de l’Union européenne. En effet, 38% des Français interrogés considèrent que l’appartenance de la France à l’Union européenne présente plus d’inconvénients que d’avantages.
En communication, ce résultat en communication amène deux commentaires :
D’abord, ce ne sont pas les affirmations qui font la qualité des messages, mais les preuves apportées en illustration aux affirmations en question. Sur la question de l’Union européenne et de ses bienfaits économiques, cela fait bien longtemps que les gouvernements en France n’ont pas mis l’accent dans leur communication officielle sur les avantages de l’Union européenne. Ce manque de communication positive raisonne dans les résultats du sondage du jour. D’ailleurs, les gouvernements successifs ne sont pas les seuls à faire face aux critiques quant à leur manque de communication, les dirigeants et représentants de l’Union européenne ne sont pas non plus considérés comme des modèles en matière de communication ouverte et positive. Il est d’ailleurs patent, qu’à de rares exceptions, il ait été fait mention de la fête de l’Europe lundi dernier, le bruit de fond médiatique ayant été saturé par les turpitudes réelles ou supposées d’un désormais ancien Vice-président de l’Assemblée nationale.
Ensuite, ces résultats doivent être considérés comme un signal d’alerte que les hommes et femmes politiques doivent prendre en compte. En effet, les conséquences du champ laissé aux deux extrêmes de l’échiquier politique, qui ont fait de la critique perpétuelle de l’Union européenne une spécialité, se mesurent aujourd’hui. A un an des élections présidentielles, les partis dits de gouvernement et leurs (encore nombreux) candidats à la fonction suprême doivent prendre ce sondage pour ce qu’il est : la preuve que les Français considèrent que « ça ne va décidément pas mieux », ni en France, ni en Europe.