Q1 : Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à une augmentation du point d’indice, qui sert au calcul des rémunérations des fonctionnaires ?
• Sous total « favorable » : 61 %
• Sous total « opposé » : 38 %
• NSP : 1 %
61% des Français interrogés soutiennent l’augmentation du point d’indice qui sert au calcul des rémunérations des fonctionnaires.
Voici une nouvelle qui tombe à pic et sur laquelle le gouvernement serait inspiré de capitaliser en terme de communication. En effet, convertir le soutien que l’opinion publique apporte à cette mesure en une forme de soutien plus franche sur d’autres sujets d’actualité… comme la réforme du Code du Travail, par exemple, contre laquelle les organisations professionnelles de fonctionnaires se sont également mobilisées permettrait de donner un peu d’air à un exécutif en difficultés ces dernières semaines.
A première vue, il s’agit d’une bonne nouvelle pour le gouvernement qui en est sevré. Pour que cette bonne nouvelle puisse être transformée en un bénéfice d’ordre politique, il convient d’apporter une précision au résultat obtenu et de lever deux obstacles de communication :
Si l’on prend le temps de regarder en détail les résultats du sondage, il apparaît que le soutien massif des salariés de la fonction publique à cette mesure (et on le comprend aisément !) fait pencher la balance en faveur du soutien par rapport aux scores des salariés du privé ou des indépendants qui sont inférieurs ou égaux à 50%. Il n’en demeure pas moins que le soutien des Français doit être considéré comme un soulagement tant l’ensemble des annonces et décisions récentes émises par l’exécutif ont été souvent critiquées ou désapprouvées dans les sondages OpinionWay pour Tilder et LCI ces derniers mois.
Une fois cette précision apportée, deux obstacles de communication demeurent et risquent de limiter l’impact positif de la mesure s’ils ne sont pas levés.
D’abord, la question de l’agenda se pose. Si l’annonce de l’augmentation du point d’indice de 1,2 points, initialement prévue début février, a été reportée à aujourd’hui pour cause de remaniement ministériel, il sera néanmoins délicat pour le gouvernement de convaincre l’opinion publique que cette annonce, qui arrive un jour de manifestation contre la réforme du Code du Travail, est purement fortuite et n’a pas de visée politique a fortiori lorsque cette augmentation est annoncée en deux temps, le second temps étant prévu en février 2017 soit deux mois avant l’élection présidentielle. Il est difficile de ne pas y voir une manœuvre de nature politique dont l’objectif vise à limiter le soutien des salariés de la fonction publique contre la réforme du Code du Travail… Nous verrons dans les heures qui suivent comment réagissent les organisations représentatives de la Fonction publique.
Ensuite, la question du coût de la mesure peut rapidement rendre ce dispositif impopulaire. En effet, l’augmentation de 1,2% du point d’indice servant de calcul à la rémunération des fonctionnaires est estimée à 2,4 milliards d’euros supplémentaires par an pour les 5,6 millions de fonctionnaires que compte la France… Un coût particulièrement important avec un budget déjà serré et des capacités de financements supplémentaires directement corrélées à une augmentation de la croissance qui se fait encore attendre.
En conclusion, il s’agit d’une bonne nouvelle immédiate pour le gouvernement qui devra se livrer à un exercice intensif de pédagogie pour que cette annonce reçoive durablement le soutien des français.
Q2 : Selon vous, la nouvelle version de la loi travail est… ?
• … un recul du gouvernement face à la contestation du texte initial : 73 %
• … Le résultat d’un dialogue avec les syndicats : 26 %
• NSP : 1 %
73% des Français interrogés considèrent que la nouvelle version de la loi Travail est un recul du gouvernement face à la contestation du texte, plutôt que le résultat d’un dialogue avec les syndicats.
Les Français interrogés donnent une prime à la contestation dans la rue et donc aux organisations syndicales, associations de lycéens ou d’étudiants les moins réformatrices plutôt qu’à la capacité de dialogue du gouvernement.
Ce résultat a deux conséquences en communication :
Il s’agit d’abord d’une remise en cause de la méthode érigée en modèle par le président de la République lors de son arrivée à l’Elysée, qui avait fait du dialogue et de la négociation un élément majeur de son programme en matière sociale.
Ensuite, il s’agit de la confirmation que les Français interrogés considèrent que le gouvernement paye une erreur majeure de communication sur cette réforme du Code du Travail. Tactiquement, ne pas avoir communiqué entre la remise des rapports, qui ont servi de socle à la réforme et la fuite dans la presse du texte initial en février avant même que les organisations syndicales n’aient une connaissance complète du projet est une erreur que le gouvernement paye aujourd’hui.
Il sera compliqué désormais pour l’exécutif de capitaliser sur une réforme du Code du Travail même si celle-ci était votée sans heurts ou recours à l’article 49-3 de la Constitution au Parlement.
L’histoire retiendra que c’est une erreur de communication qui aura freiné la mise en oeuvre de cette réforme. Par ailleurs, cette erreur montre que la communication est devenue indispensable à la pleine réussite d’un projet politique.