Budget 2013 : le cynisme du gouvernement à la manoeuvre

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Par Alain Mathieu Modifié le 4 octobre 2012 à 6h45

Dans son intervention télévisée du 27 septembre, Jean-Marc Ayrault a affirmé que la courbe ascendante du chômage serait inversée "d’ici un an".

Il a ajouté : "on fera tout pour réussir". En particulier il faudra "relever le défi de la compétitivité". Faire dépendre celle-ci du coût du travail, a-t-il dit, est "une facilité". Il privilégie donc les facteurs de compétitivité hors du coût du travail : recherche, formation, etc.… Ces propos prouvent son ignorance volontaire des réalités économiques vécues par les entreprises.

Comme tous ses ministres, sauf Jérôme Cahuzac, qui possède une clinique, Jean-Marc Ayrault n’a jamais dirigé une entreprise. Certes, cela ne le disqualifie pas pour être Premier ministre, mais devrait l’inciter à écouter ce que disent les chefs d’entreprise sur les mesures à prendre pour qu’ils redeviennent compétitifs. Il devrait lire les témoignages des chefs d’entreprises auditionnés en 2011 par la mission d’information consacrée par l’Assemblée nationale à la compétitivité.

Tous ont dit que, si la France avait perdu depuis 10 ans sa compétitivité à l’égard de l’Allemagne, c’était en raison de la hausse du coût du travail, du fait notamment des charges sociales patronales. Et les statistiques, à ce titre, corroborent ces déclarations. En effet les cotisations patronales pèsent en France 4,5 points de PIB de plus qu’en Allemagne. C’est ainsi 90 milliards d’euros de plus par an que supportent les entreprises françaises, une véritable entrave et leur taux de marge (c’est-à-dire leur rentabilité) est le plus mauvais de toute l’Europe, à 28,6 % contre 34,4 % en Allemagne, d’après les récentes données Eurostat.

En ignorant ces réalités, Jean-Marc Ayrault choisit la démagogie et la facilité : elles lui évitent d’avoir à trouver une réduction des charges sociales patronales par une baisse des dépenses publiques. À ce sujet, l’affichage en trompe l’œil d’économies budgétaires est un tour de passe-passe comptable.

Les 10 milliards annoncés sont en fait dus en partie à la baisse des intérêts de la dette en raison de la baisse des taux (- 1,9 Milliards d'euros). Ils ne tiennent pas compte des versements supplémentaires à l’Europe entraînés par la crise de l’euro (8,1 Milliards d'euros). S’il ne fait rien pour alléger la charge de l’État sur les entreprises, Jean-Marc Ayrault se garde bien de réduire la rémunération des fonctionnaires.

Nulle trace en effet, dans le projet de loi de finance, des réformes nécessaires : gel des salaires, diminution des effectifs, remise en question des 35 heures, réduction des avantages des retraites publiques (pourtant annoncée par François Hollande)… Jean-Marc Ayrault surprotège les fonctionnaires et pressure les entreprises. Il ne pourra pas dire dans un an qu’il a tout fait pour réussir à vaincre le chômage.

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Alain Mathieu est président de l’association Contribuables Associés (200 000 membres). Polytechnicien et docteur ès sciences économiques, il s’intéresse depuis plus de 10 ans au fonctionnement de la société française et a publié deux ouvrages : « Le modèle anti-social français », en 2008, et « Ces mythes qui ruinent la France », en 2011.

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