Pour rattraper son retard de compétitivité sur ses voisins européens, la filière logistique française s’est dotée d’une nouvelle plateforme d’échange associant pouvoirs publics et entreprises. Parmi ses atouts : de nouveaux venus sur le secteur qui bousculent les codes établis et réinventent ses métiers.
La France a encore du chemin à parcourir pour devenir un champion européen de la logistique. Alors que le secteur représente 10% du PIB et 1,8 millions d’emplois dans toute la France selon le rapport gouvernemental France Logistique 2025, la filière française peine à rester compétitive à l’échelle européenne et mondiale. Ainsi, la France n’occupait en 2018 que la 16e place dans le classement de la Banque mondiale du Logistics Performance Index (LPI), loin derrière l’Allemagne, la Suède et la Belgique, qui trustent le peloton de tête. Le LPI, qui mesure entre autres l’efficacité du processus de dédouanement, la qualité des infrastructures ou encore celle des services logistiques présents dans le pays, met aussi en lumière les faiblesses structurelles du secteur en France : le coût élevé de l’immobilier logistique, les coûts du transport routier, l’atomisation du secteur et le contexte social difficile récent, marqué par la crise des « Gilets jaunes » et celles des grèves contre la réforme des retraites.
C’est pour répondre à ces enjeux que le précédent gouvernement a mis en place en 2016 la stratégie nationale France Logistique 2025. Une première étape complétée depuis par la remise du rapport sur la compétitivité de la chaîne logistique par Éric Hémar et Patrick Daher en septembre dernier et par la création de l’association France Logistique début janvier 2020. Celle-ci, confiée à l’ancienne secrétaire d’Etat aux Transports Anne-Marie Idrac, constitue une nouvelle plateforme d’échange associant l’Etat et les entreprises pour rendre la filière hexagonale plus performante. Avec, pour objectif, l’obtention de mesures concrètes pour améliorer la compétitivité du secteur.
Un secteur en pleine mutation technologique et organisationnelle
Le secteur privé n’est quant à lui pas en reste en matière d’innovation pour répondre aux faiblesses structurelles de la filière logistique en France. Au cours des dernières années, de nouveaux acteurs se sont imposés comme de nouvelles références en proposant des modèles alternatifs. Parmi eux, HOPPS Group, l’une des success stories les plus fulgurantes du secteur, a su casser les codes du secteur en proposant une offre adaptée aux besoins des e-commerçants du premier jusqu’au dernier kilomètre. Le groupe dirigé par Frédéric Pons et Eric Paumier, qui s’est massivement développé en trois ans avec notamment les acquisitions des anciens numéros 2 et 3 du secteur, à savoir ADS et Dispeo, compte également dans ses filiales Colis Privé et Adrexo, le leader de la distribution de prospectus publicitaires. En mutualisant leurs réseaux de distribution respectifs, ce groupe né dans la nouvelle ère industrielle logistique dispose d’une proposition de valeur intégrée inédite et d’une capacité de livraison qui s’étend à l’ensemble du territoire français grâce aux synergies de ses différentes filiales.
HOPPS Group semble ainsi tirer profit de la forte croissance du e-commerce et, corrélativement, du nombre de colis expédiés, en proposant des solutions spécialement adaptées aux besoins des e-commerçants. Il est ainsi devenu un partenaire logistique de premier plan, et l’un des partenaires privilégiés des e-commerçants dont Amazon, le n°1 mondial, par ailleurs actionnaire de la filiale de HOPPS Group, Colis Privé. Afin de poursuivre son développement et parvenir à court terme à l’équilibre financier, HOPPS Group s’apprête à conclure une levée de fonds pour se refinancer à hauteur de 30 à 50 millions d’euros, après une première opération conclue en septembre dernier. Le groupe poursuit la transformation de ses métiers pour pérenniser son avenir. HOPPS Group a notamment mis sur pied le premier réseau postal privé, hoppStore, grâce à un partenariat avec l’organisation professionnelle des marchands de journaux, Culture Presse. Une première depuis l’ouverture à la concurrence progressive du marché de la distribution de courriers entre 1999 et 2011, qui illustre la nécessité pour les acteurs du secteur de s’adapter et de se diversifier, mais aussi leur besoin d’être soutenu dans cette étape cruciale de leur évolution.
Hisser la France dans le Top 10 mondial
En faisant converger les initiatives du privé avec la capacité d’action et de soutien des pouvoirs publics, la filière logistique ambitionne ainsi de regagner le Top 10 mondial en termes de compétitivité. Pour parvenir à cet objectif, celle-ci peut s’appuyer sur ses champions tricolores et sur ses entreprises innovantes, en phase avec l’évolution des besoins de l’économie française et la survenue de nouvelles tendances dans le secteur.
Afin de mesurer l’avancement des travaux, France Logistique compte se doter d’indicateurs de performances qui seront présentés pour la première fois à l’année 2020, puis une à deux fois par an sous la forme d’un baromètre. Nul doute que celui-ci constituera bientôt un rendez-vous incontournable pour tous les acteurs de la filière.