Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, la trêve hivernale n’est pas prolongée au-delà du 1er avril 2022.
« Entre 10 000 et 15 000 expulsions sur l'année »
« Il n'y a pas de circonstances qui obligeraient à prolonger la trêve hivernale. (...) La consigne reste quand même d'une application avec beaucoup de discernement, notamment concernant des familles ou des gens de bonne foi », explique-t-on au ministère du Logement. En 2020, ainsi qu’en 2021, la fin de la trêve hivernale a été repoussée, avec respectivement une fin juillet 2020 et l'autre en mai 2021. Si la trêve hivernale a été prolongée lors de ces deux années, c’est à cause des circonstances sanitaires.
« Nous estimons que le nombre de situations conduisant à des expulsions va en se réduisant grâce à une politique active de prévention », explique Emmanuelle Wargon, la ministre du Logement. Pour la Fondation Abbé Pierre, la fin de la trêve hivernale est une mauvaise nouvelle. « Notre crainte, c'est qu'en 2022, où il y a une sorte de retour à la normale dans les politiques et dans l'attitude générale, on reprenne le rythme habituel de 18 000 expulsions, plus tous ceux qui étaient en sursis », a déclaré Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre. Du côté du ministère du Logement, on s’attend à « entre 10.000 et 15.000 expulsions sur l'année », pour Emmanuelle Wargon.
Énergie : « Service minimum »
Avec la fin de la trêve hivernale, les fournisseurs d’énergie peuvent couper les vannes en cas de non-paiement des factures. Alors que les prix de l’énergie ne cessent d’augmenter sur fond de guerre entre la Russie et l’Ukraine, de plus en plus de familles précaires ont du mal à payer les factures d’électricité et de gaz. EDF a annoncé qu’en cas de non-paiement des factures, le fournisseur ne procèdera pas à une coupure mais à une réduction de puissance pour assurer un « service minimum ». Ses concurrents, en revanche, n’ont rien annoncé dans ce sens.
Pour les associations, la fin de la trêve hivernale est une grosse source d’inquiétude. Elles s’inquiètent notamment de la réduction des places dans les logements d’urgence qui évitent aux personnes expulsées de se retrouver à la rue. Pour la première fois, les places créées pour l’hiver ne sont pas supprimées mais en revanche, le nombre de places doit passer d’environ 200.000 à 190.000 d’ici la fin 2022.