Les résultats de l'étude inédite* commanditée à l'IFOP par Chambrealouer.com, sur le thème "Les propriétaires français et le logement chez l'habitant", sont sans appel. Un tiers des Français possèdent une chambre à coucher libre au sein de leur résidence principale : 1,9 million de chambres sont ainsi prêtes à être mises en location. Un réel potentiel face à la crise du logement. Mais avec des incitations fiscales peu motivantes, seuls 6 % des propriétaires s'ouvrent à ce type d'hébergement. La solution : réviser les plafonds fiscaux et donner une plus grande flexibilité au dispositif.
Hébergement chez l'habitant : un potentiel inexploité de 1,9 million de chambres
Les récentes mesures sur le logement annoncées par le gouvernement portent principalement sur la relance de la construction et l'accession à la propriété. La pénurie de logements reste cependant réelle : peu de propositions vont concrètement, et à court terme, pouvoir aider les Français en demande de location.
L'hébergement chez l'habitant reste une solution peu sollicitée en France. Pourtant, ce mode de consommation collaborative semble séduire de plus en plus d'utilisateurs, comme le suggère l'augmentation du trafic du site Chambrealouer.com, qui a quadruplé au cours des quatre dernières années. Une tendance confirmée par l'étude "Les propriétaires français et le logement chez l'habitant", réalisée par l'IFOP à la demande du site Internet de mise en relation de futurs locataires et de propriétaires proposant des solutions de logement chez l'habitant.
L'étude révèle un certain nombre de données intéressantes :
● sur 55 % des foyers français propriétaires de leur logement, plus d'un tiers déclare posséder au moins une chambre libre, soit un potentiel global de 9,7 millions de chambres ;
● 22 % des propriétaires n'ayant jamais loué de chambre envisagent de le faire : 1,9 million sont ainsi prêtes à être mises en location, y compris pour une moyenne (15 %) ou longue durée (27 %) ;
● 6 % des propriétaires proposent une ou plusieurs de leurs chambres à la location ;
● les propriétaires se déclarent prêts à accueillir principalement des jeunes dans leurs chambres vacantes, parmi lesquels des étudiants (72 %) et des stagiaires (43 %).
Etudiants : seulement 8 chambres en résidence disponibles pour 100 étudiants sur le territoire français
Les étudiants sont donc le profil le plus recherché par les propriétaires, qui leur proposent une solution avantageuse dans un contexte de pénurie de logements étudiants, avec seulement 8 chambres en résidence disponibles sur le territoire français pour 100 étudiants.
Financièrement également, la location chez l'habitant est idéale. Un studio à Paris coûte en effet 633,60 € en moyenne** (sans compter les frais d'agence), alors qu'une chambre chez l'habitant revient, par exemple, à 470 € dans le quartier de La Fourche à Paris. Des économies conséquentes pour l'étudiant, qui dispose par ailleurs d'un espace plus grand et a le sentiment d'être "comme à la maison". Et le gain ne se limite pas au montant du loyer, mais également au frais annexes, comme les frais d'agence ou encore les charges.
Côté avantages à recourir à ce type de location, les propriétaires ne sont pas non plus en reste. En effet, en 2014, les propriétaires louant une chambre de leur résidence principale, à des locataires qui en font leur résidence principale, sont exonérés d'impôts si le plafond du loyer annuel ne dépasse pas 183 € par m² pour les locations réalisées en Ile-de-France, et 134 € par m² dans les autres régions.
Malheureusement, la tendance est freinée par un problème non négligeable. Le bail de location d'une chambre meublée chez l'habitant reste fixé à neuf mois minimum pour un étudiant. Ce qui laisse en marge les stagiaires, les étudiants Erasmus, ou encore les étudiants en cycles d'études courts qui recherchent un logement pour une durée de six mois en moyenne. Un contrat qui n'encourage pas non plus la mobilité des jeunes actifs en période d'essai hors de leur région d'origine, ni celle des saisonniers qui constituent pourtant une clientèle cible idéale.
Incitations fiscales : un besoin de révision urgent pour inciter les propriétaires à la location
Le gouvernement, qui cherche des solutions face à la crise du logement, aurait donc tout intérêt à considérer la mise en place d'une législation plus flexible, tant en termes de durée du bail que de fiscalité, pour donner davantage de marge de manoeuvre à ce secteur immobilier au bord de l'asphyxie et lutter contre le phénomène de locations au revenus non déclarées.
On constate en effet que 74 % des propriétaires louent pour arrondir leurs fins de mois, mais pas seulement. Les propriétaires potentiellement loueurs sont pour 69 % des seniors de 50 ans et plus, retraités (43 %) et issus de la catégorie CSP - (31 %). Au-delà de l'aspect financier, ces propriétaires pourraient s'engager à louer leur chambre pour des raisons humaines : aider son prochain (19 % des interrogés) et avoir de la compagnie (14%). Par opposition, si l'on observe les propriétaires réticents à louer une de leurs chambres, les principaux freins sont le refus d'héberger et de vivre avec un inconnu (57 %), le besoin de conserver une chambre d'ami (38 %) et la complexité de gérer la location (22 %).
Ces mesures concrètes, rapides à mettre en place, permettraient de répondre aux besoins des Français en matière de location. Et ainsi de généraliser le modèle économique de la consommation collaborative, basé sur le partage de biens, de services, de temps et de connaissances entre particuliers. L'économie du partage ne doit pas seulement révolutionner le secteur locatif en période de vacances : il s'agit de changer la donne à tous points de vue, en misant sur la création de lien social et en incitant chacun à mettre à profit les ressources disponibles pour le bien de l'ensemble de la communauté. En ces temps économiques difficiles, la solution pourrait donc se résumer en quatre mots : partager plutôt que posséder.
*Méthodologie de l'étude : enquête réalisée online sur un système CAWI (Computer Assisted Web Interview), du 4 au 22 juillet 2014, sur un échantillon de 2904 personnes représentatif de la population française, pour obtenir 1000 propriétaires ayant une chambre libre (ou transformée). Cet échantillon est issu du panel SSI.
**Selon l'indicateur FAGE du coût de la rentrée étudiante 2014.