Avec 2.38 milliards d’euros de décollecte, le livret A vient d’atteindre son record de l’année au mois de septembre. Depuis six mois, les retraits sont toujours plus nombreux que les dépôts sur le livret d’épargne populaire. Mais pourquoi donc les français ne font plus confiance au célèbre livret rouge ?
C’est un euphémisme de dire que le Livret A est boudé par les épargnants. Avec une décollecte record, annoncée à 2.38 milliards d’euros, le mois de septembre ne vient que confirmer la perte d’intérêt des français pour ce produit d’épargne, autrefois très apprécié. Pire, les chiffres de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) précise qu’il s’agit du sixième mois consécutif où les retraits ont été plus importants que les dépôts pour une décollecte nette de 6.21 milliards d’euros, soit plus que sur l’ensemble de l’année 2014.
Comment expliquer alors ce désamour, qui touche également le livret de développement durable (LDD) dont la décollecte a été de 870 millions d’euros en septembre ? La première explication est semble-t-il « automnale ». Traditionnellement les mois de septembre, d’octobre et de novembre sont compliqués pour le livret A. Les épargnants doivent, à la fois, acquitter le dernier tiers de l’impôt sur le revenu, faire face aux dépenses de la rentrée mais aussi aux achats de fin d’année. L’année dernière, le même phénomène s’était ainsi produit. Il va donc falloir s’attendre à de nouveaux chiffres record dans les prochains mois, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, misant sur une décollecte nette de 8 à 10 milliards d’euros en fin d’année.
Un taux d’intérêt proche du néant
Mais c’est surtout son taux d’intérêt qui pénalise le livret A. Depuis le 1er aout, il « atteint » difficilement 0.75 %, soit son plus bas niveau historique. Cela s’explique en raison de la faiblesse de l’inflation. Et encore, ce taux est plus important que ce qu’il devrait être en théorie. C’est en effet un taux de 0.25% qui, normalement, devrait être en cours. Malgré tout, la situation est pour le moment gérable pour la CDC qui utilise cette épargne pour financer le logement social et la politique de la Ville puisque seul 60 % des encours sont utilisés pour financer les prêts.
Mais la décollecte n’est pas la seule menace qui plane sur le livret A. Dans ses annonces concernant le secteur immobilier, François Hollande a annoncé la baisse de la commission perçue par les banques collectant les fonds d’épargne sur le livret A. Cette décision a provoqué la colère des banques qui, par le biais de la Fédération bancaire française (FBF), ont dénoncé « le mauvais coup » qui leur est porté.
Ainsi, le taux de commissionnement, qui détermine cette rémunération, devrait être abaissé de 0.10 points pour s’établir à 0.30 % dans l’optique de permettre aux organismes HLM d’économiser lors de leurs emprunts pour la construction de logements sociaux. Sauf que selon les banques, ce taux est « la rémunération légitime d’un service rendu par les banques » et la répercussion de sa baisse, contrairement au taux du livret A, n’est pas automatique. Il s’agit de la seconde baisse après celle intervenue en 2013 qui avait passé le taux de 0.50 % à 0.40 %. A cette époque, les banques avaient reçu 30 milliards d’euros issus des livrets d’épargne règlementée (livret A et LDD).
En conséquence, les épargnants se réfugient vers d’autres placements, ceux de l’assurance-vie principalement. Depuis le début de l’année, au contraire du livret A, la collecte nette s’est établie à 18.4 milliards d’euros en date du fin septembre, et ce même si les rendements des produits de placements baissent eux aussi d’années en années. Et ce ne sont pas les prochains mois qui vont contredire cette tendance.