Les armées françaises se préparent à de sévères restrictions budgétaires #BESTOF

Jean Baptiste Le Roux
Par Jean-Baptiste Le Roux Modifié le 12 juillet 2013 à 15h12

C'est un sujet qui fait couler beaucoup d'encre depuis quelques mois dans le milieu de la Défense.

En attendant la publication du futur Livre blanc sur la Défense, retardée encore et encore, notamment depuis l'intervention militaire française au Mali et le retrait progressif des troupes du sol afghan, la préoccupation actuelle du ministère de la Défense semble être les conditions budgétaires de la future loi de programmation militaire.

Alors que ce fameux Livre blanc définit les orientations stratégiques, opérationnelles de nos armes, la loi de programmation militaire, elle, en donne le cadre budgétaire. Cette loi, qui sera discutée pendant l'été prochain est vivement attendue, et crainte, par les responsables militaires français. Pourquoi ? Car ils risquent de devoir sévèrement se serrer le ceinturon si les rumeurs qui courent actuellement se confirment. Par exemple, la vente du porte-avion Charles de Gaulle, la suppression de 30 régiments sur les 53 actuels, l'arrêt des chaînes du Rafale, le chasseur que l'on essaie de vendre avec tant de difficulté, et l'abandon du projet de gros-porteur A400M.

Avec une croissance quasiment nulle, la situation économique française que l'on connaît, les pouvoirs publics ont estimé que poursuivre l'effort de Défense actuel, soit 1,56 % de notre PIB, ne pouvait être maintenu. Sous-entendu, "l'effort de guerre" est pour tout le monde, donc également pour nos armées. Mais voilà, il existe en France des domaines sacralisées, et la Défense nationale en fait partie.

Depuis la publication du dernier Livre blanc et sa loi de programmation militaire, en 2007, la donne géostratégique n'a pas changé. On pourrait même dire qu'elle a empiré. Dès lors, comment assurer les missions de projection de nos armées sur des terrains extérieurs ? Aujourd'hui, une des hypothèses futures, paradoxale, serait pour la défense de continuer à assurer le type de missions qu'elle accomplit actuellement, mais avec moins de moyens, de personnels. On lui enlèverait 30 000 emplois, 15 000 dans l'industrie de la défense. Quel pari risqué pour l'avenir !

La construction d'un outil de Défense met 20 ans à se faire. Le Français ne doit pas croire que notre armée est toujours celle de l'époque du Pacte de Varsovie, toujours forte de 350 000 hommes. Si l'on supprime, comme cela est envisagé, 30 régiments sur les 53 qui composent notre armée de terre, il ne faut même pas envisager de futurs déploiements en opérations extérieures. Un régiment c'est 800 soldats. Faites le calcul...

Et je ne vous parle même pas du déploiement sur le sol national, une des prérogatives régaliennes de nos forces armées. Dernier exemple en date, l'épisode neigeux de ces deux derniers jours qui a énervé tellement de Français. Je n'ai entendu qu'un seul journaliste se risquer à évoquer une intervention militaire. Rassurez-vous, elle a bien eu lieu ! Les 27 hommes appartenant à un régiment du génie d'Angers sont intervenus. Merci. Fermez le ban.

Le 19 mars prochain, lors d'un conseil de Défense réunissant rassemblant le président de la République, le Premier ministre, le ministre de la Défense, de l'Intérieur, de l'Economie, du Budget et des Affaires étrangères ainsi que le chef d'état-major des armées, François Hollande devrait annoncer ses choix financiers pour la Défense. Quels choix seront faits ?

L'hypothèse évoquée précédemment, qui ampute considérablement nos forces, ou bien celle envisagée par Bercy qui veut tailler dans les effectifs à raison de 50 000 suppressions de postes dans la Défense, et autant dans l'industrie de l'armement ? Le président de la République est pris entre deux feux. Son ministre de la Défense aussi.

La première hypothèse est inacceptable pour Jean-Yves Le Drian, la seconde est apocalyptique. D'autant plus que le ministre de la Défense sait qu'il peut perdre ses galons dans cette affaire. N'oublions pas que les militaires n'ont jamais noté leurs ministres qu'à la capacité de défendre un budget qui se réduit aujourd'hui comme peau de chagrin…

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Article initialement publié le 15/03/2013

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Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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