Laurent Personne, de son pseudonyme, est l’auteur de l’ouvrage « un haut fonctionnaire ne devrait pas dire ça ». Sous couvert d’anonymat, par crainte de représailles, ce haut fonctionnaire a décidé de briser l’omerta pour dresser un panorama au vitriol de la situation française. Fin connaisseur des arcanes du pouvoir, il nous livre aussi une analyse qui transcende les querelles partisanes en démontrant que l’idéologie a tué le pragmatisme, pourtant indispensable pour présider à l’avenir collectif d’une nation.
Qui êtes vous, Monsieur Personne ?
Mon identité n’a aucune importance car si je ne suis personne, je suis en même temps tout le monde dans le sens où je ne fais qu’exprimer ce que pense la majorité silencieuse. Je suis en fait un citoyen exaspéré par tant d’idéologie au détriment du pragmatisme aboutissant à une société folle, en plein déclin. Nous sommes en effet dans un système où les décisions politiques sont fondées sur des raisonnements théoriques et dogmatiques avec un refus de voir la réalité telle qu’elle est.
Plutôt que citoyen exaspéré ne pourrait-on pas dire que vous êtes un haut fonctionnaire exaspéré ?
Je m’exprime non pas en tant que fonctionnaire mais d’abord en tant que citoyen. Certes mon expérience professionnelle m’a permis d’avoir une vision intéressante de l’état de notre société et de notre administration. Comme citoyen, j’appartiens à la classe moyenne qui constitue la colonne vertébrale de notre société. Ce sont des gens comme moi dont l’action quotidienne et le respect des règles permettent à notre modèle français de tenir encore debout. Pourtant nous sommes les grands oubliés de nos hommes politiques qu’ils soient de droite comme de gauche. On nous culpabilise de constituer une classe privilégiée, on nous tape dessus fiscalement, on annonce en permanence des mesures sociales dont nous sommes exclus, nous payons nos amendes pendant que des délinquants chevronnés ne sont pas inquiétés, etc. Le pire est que les mesures prises par nos politiques au nom du politiquement correct sont d’une inefficacité absolue. Qui aurait dit il y a 20 ans que l’armée patrouillerait dans les rues des grandes agglomérations pour assurer la sécurité, que des banlieues seraient devenues des no mans land, que la France serait au bord de la faillite, qu’un jeune sur 4 serait au chômage, etc. Pour autant, en écoutant la campagne électorale, j’ai l’impression que rien ne change. Le mur est proche et nous continuons d’accélérer en klaxonnant.
Déclinologue ?
Malheureusement non, juste réaliste. Vous savez, depuis 30 ans nos politiques veulent voir le monde non pas tel qu’il est mais tel qu’ils le souhaiteraient. Le réveil à la réalité est brutal. Cependant, j’ai l’impression que nos dirigeants, après l’émotion des tragédies sécuritaires et économiques que nous traversons, reprennent leurs vieux réflexes démagogiques pour séduire un électorat. Exaspéré par tant d’incurie voire de malhonnêteté intellectuelle, j’ai réfléchi au meilleur moyen de faire bouger les lignes à mon humble niveau. Je me suis dit qu’écrire en dehors de toute ligne partisane serait ma contribution pour essayer de corriger ce système défaillant.
Tout est foutu ?
Certainement pas. Je crois au bon sens populaire. Lorsque l’on regarde les sondages, il y a quasiment un consensus national sur de nombreux points. Cependant, nos élites politiques font fi de ces aspirations, à l’exception peut-être des questions sécuritaires où l’action politique rejoint les aspirations du peuple. Mais sur de nombreux autres sujets (méthode de résorption du chômage, fiscalité, droit du travail, etc.) le décalage est tel que cela pose une vraie question démocratique. Ces logiques sont à bout de souffle et attention au retour du bâton. Je crois au génie français. Regardez nos innovations dans les nouvelles technologies. Mais sur le plan politique, que va t-il se passer ? Je ne suis pas devin mais il est probable qu’à court terme nous assistions à de profondes modifications de notre environnement institutionnel et également de l’offre politique.
Pour commander « Un haut fonctionnaire ne devrait pas ça », VA Editions, Janvier 2017, 14€
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