Electricité, gaz, eau : qu’attendre des compteurs intelligents ?

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Par Christine Le Bihan Graf Publié le 10 décembre 2013 à 4h11

Linky, Gazpar : ces dénominations encore inconnues il y a peu du grand public commencent à assoir leur notoriété, sans que chacun sache toujours à quoi ils servent vraiment et pour qui ils sont faits.

Derrière ces projets industriels de comptage, auxquels il faut rattacher les compteurs d’eau télérelevés, se déploient progressivement les smarts grids, ces réseaux intelligents dont on attend tout à la fois des effets sur la maîtrise de l’énergie et sur le développement de la concurrence au profit d’une tarification plus adaptée aux usages de chacun.

Terminé donc le compteur qui ne fait que compter. Mais que fait-il d’autre exactement et en quoi consiste son intelligence ?

Cette intelligence consiste à communiquer. Derrière ces nouveaux compteurs, il y a en effet un système d’information capable de stocker les données résultant de la mesure des consommations et de les transmettre en temps quasi réel au gestionnaire du réseau.

L’une des premières fonctions du compteur désormais communicant est de permettre la relève des consommations à distance et donc leur facturation à intervalle beaucoup plus rapproché. Finies les longues demi-journées à attendre la relève de son compteur. Terminées aussi les factures semestrielles de gaz et les facturations intermédiaires estimatives d’électricité donnant lieu à des rectifications annuelles peu compréhensibles. Le consommateur reçoit des factures mensuelles fondées sur des données réelles et non plus estimées. Cette meilleure connaissance de sa consommation ne sera pas sans effet sur sa manière de consommer. L’incitation à consommer moins et à changer son comportement est donc l’un des avantages centraux des compteurs communiquants.

Cette connaissance en temps réel des habitudes de consommation devrait par ailleurs favoriser le développement de services d’efficacité énergétique vecteurs d’économies pour le client : diagnostic des logements, propositions de travaux d’isolation ou de changement de mode de chauffage, installation de système de pilotage au sein de la maison pour réguler la consommation en déclenchant les appareils domestiques au moment où l’électricité est la moins chère ou en les effaçant quand il y a une pointe de consommation sur le réseau.

La connaissance des données de consommation permettra également la mise en place d’une facturation plus adaptées au profil de consommation des clients par les fournisseurs d’électricité. Sur la base de ces données, ils pourront faire des offres tarifaires mieux adaptées et incitatives à la maitrise de la consommation (différenciation tarifaire en fonction des périodes de la journée ou de l’année par exemple), valoriser l’effacement de consommation, envoyer des signaux d’alerte au client s’il dépasse sa consommation habituelle.

Pour le gestionnaire du réseau, à l’avantage du télérelevé qui évite de déranger le client s’ajoute la possibilité de réaliser une opération à distance à la demande de ce dernier (changement de puissance souscrite ou des plages horaires heure pleine/heure creuse), mais aussi la capacité à déceler à distance des pannes ou des coupures et donc à les réparer beaucoup plus rapidement. Le gestionnaire de réseau attend incontestablement du compteur communiquant une amélioration de son efficacité et de la qualité de service rendue au client.

Véritables capteurs de données installés sur les réseaux, les compteurs communiquants sont bien la première pierre des réseaux intelligents (smart grids). Ils transmettront au gestionnaire de réseau les informations nécessaires à une adaptation en temps réel de l’offre et de la demande. Cette adaptation est indispensable au développement des nouveaux usages qui augmentent la demande d’électricité, tel le véhicule électrique, et à celui des énergies renouvelables qui obligent à piloter le réseau de manière beaucoup plus réactive en raison de leur caractère intermittent.

La gestion optimisée des réseaux au profit de la transition énergétique : tel n’est pas le moindre des avantages espéré de ces compteurs qui, s’ils communiquent en silence, font aujourd’hui beaucoup parler.

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Ancienne élève de l’ENA (promotion Valmy), Christine Le Bihan-Graf est agrégée de philosophie (1984). Elle a débuté sa carrière en tant qu’enseignante en classes préparatoires et à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (1985-1996) avant d’exercer les fonctions suivantes au sein de l’Administration : Maître des requêtes au Conseil d’Etat (1998-2003), Adjointe au Directeur général de la fonction publique et de la réforme de l’Etat auprès du Premier ministre (2003-2006), Secrétaire générale du Ministère de la Culture et de la Communication (2006-2008), Directeur général de la Commission de Régulation de l’Energie (2008-2011).   Elle a rejoint le cabinet De Pardieu Brocas Maffei en qualité d’associée en avril 2012, où elle a créé un département dédié à la Régulation industrielle et au Droit public économique.   Christine Le Bihan-Graf est Chevalier de la Légion d’honneur et Chevalier de l’ordre national du mérite.

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