« Les catastrophes sont des moyens pour la nature de stopper la croissance »

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Par Terraeco.net Modifié le 30 mai 2012 à 16h13

Dennis Meadows, l’un des principaux auteurs du livre « Les limites de la croissance »*, lit dans la crise actuelle les premiers signes d'un effondrement du système. Pour lire la première partie de son interview, cliquez ici.

Les hommes politiques continuent à dire que la croissance va résoudre la crise. Vous pensez qu’ils ne croient pas en ce qu’ils disent ?

(…) Je crois que les politiciens ne pensent pas vraiment que cette chose appelée croissance va résoudre le problème mais ils croient que le reste des gens le pensent. Les Japonais ont un dicton qui dit : « Si votre seul outil est un marteau, tout ressemble à un clou. » Si vous allez voir un chirurgien avec un problème, il va vous répondre « chirurgie », un psychiatre « psychanalyse », un économiste « croissance ». Ce sont les seuls outils dont ils disposent. Les gens veulent être utiles, ils ont un outil, ils imaginent donc que leur outil est utile.

Mais qu’est-ce qui résoudra le problème alors ?

Rien. La plupart des problèmes, nous ne les résolvons pas. Nous n’avons pas résolu le problème des guerres, nous n’avons pas résolu le problème de la démographie. En revanche, le problème se résoudra de lui-même parce que vous ne pouvez pas avoir une croissance physique infinie sur une planète finie. Donc la croissance va s’arrêter. Les crises et les catastrophes sont des moyens pour la nature de stopper la croissance (…) : le changement climatique, la rareté des ressources, la pénurie de nourriture… Ça marchera.

Alors il n’y aurait aucune place pour l’action ? La nature va-t-elle corriger les choses de toute façon ?

En 1972, nous étions en dessous de la capacité maximum de la Terre à supporter nos activités, à 85 % environ. Aujourd’hui, nous sommes à 150 %. (…) Difficile de revenir en arrière… Donc oui, la nature va corriger les choses. Malgré tout, à chaque moment, vous pouvez rendre les choses meilleures qu’elles n’auraient été autrement. Nous n’avons plus la possibilité d’éviter le changement climatique mais nous pouvons l’atténuer en réduisant les émissions de CO2, l’utilisation d’énergie fossile dans le secteur agricole, en créant des voitures plus efficientes... Cela ne résoudra pas le problème mais il y a de gros et de petits effondrements. Je préfère les petits. (…)

Nous entrons aujourd’hui, selon vous, dans une période très périlleuse…

Je pense que nous allons voir plus de changement dans les vingt ans à venir que dans les cent dernières années. Il y aura des changements sociaux, économiques et politiques. Soyons clairs, la démocratie en Europe est menacée. Le chaos de la zone euro a le potentiel de mettre au pouvoir des régimes autoritaires. Car l’humanité obéit à une loi fondamentale : si les gens doivent choisir entre l’ordre et la liberté, ils choisissent l’ordre. C’est un fait qui n’arrête pas de se répéter dans l’histoire. (…) Si on ne fait pas attention, si on prend la liberté pour acquise, on la perd.

* "Les limites de la croissance (dans un monde fini)", Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers, ed. Rue de l’échiquier, 425 pages, 25 euros.

Propos recueillis par Karine Le Loët pour Terra Eco

Pour lire l’interview complète sur Terraeco.net, cliquez ici.

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