Qui sont les fonds qui veulent investir dans la Ligue 1 ?

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By Rédacteur Last modified on 14 février 2022 16h25
Mediapro Foot Francais
@shutter - © Economie Matin
2,7 MILLIARDS €CVC a investi 2,7 milliards d'euros dans la Liga en 2021.

Au bord de la faillite, le football français a plus que jamais besoin d’argent frais et fait appel aux investisseurs privés pour éviter le pire et redevenir compétitif au niveau européen. Quatre fonds d’investissement sont encore en lice pour prendre jusqu’à 20 % de la nouvelle société commerciale créée pour l’occasion. Si tous ou presque justifient d’une incursion dans le domaine du sport, chacun a des atouts entre lesquels les dirigeants du foot français vont devoir arbitrer.

Au bord du gouffre. Après deux ans d’une crise sanitaire vidant les stades et le fiasco de l’affaire Mediapro, ce diffuseur dont la défaillance a laissé au football français une ardoise de 500 millions d’euros annuels jusqu’en 2024, la Ligue de football professionnelle (LFP) a désespérément besoin d’argent frais. Face à l’urgence, les instances tricolores du ballon rond se sont résolues, au cours de l’année dernière, à la création d’une société commerciale dont la mission sera de gérer et valoriser les droits TV des championnats.

Objectif revendiqué par Vincent Labrune, le président de la LFP : attirer un « partenaire minoritaire » à même de sauver l’économie française du football et de dégager, à moyen terme, des horizons moins incertains — notamment au niveau européen.

Ces partenaires potentiels n’ont pas tardé à se manifester : une dizaine d’investisseurs s’est ainsi montrée intéressée. Un premier tour à l’issue duquel quatre offres de fonds privés ont été, à la fin du mois de décembre dernier, retenues par la LFP. Non sans une évolution, de taille, par rapport au texte de loi adopté précédemment par les parlementaires en vue de la création de cette nouvelle structure commerciale : si députés et sénateurs avaient ouvert la voie à une entrée au capital pouvant atteindre 20 % des parts, la LFP a rejeté un tel ordre de grandeur. « L’idée n’est absolument pas de céder 20 % », tranchait alors Vincent Labrune, selon qui « on est plus sur une dizaine de pour cent ». Des conditions qui ont, quasi-automatiquement, écarté l’arrivée des plus grands fonds mondiaux — à l’image d’Advent, d’EQT ou d’Apollo — et laissé le champ libre à des candidats plus modestes, mais, sans doute, moins menaçants pour le monde du football hexagonal.

Oaktree, un des plus grands fonds de dette

Le premier d’entre eux, sans doute le plus prestigieux, est le fonds Oaktree. Fondé en 1995, Oaktree Capital Management gérait, fin septembre dernier, quelque 158 milliards de dollars pour le compte de ses clients. Une clientèle qui inclut 67 des cent plus gros fonds de pension américains, une quarantaine de fonds de retraite aux États-Unis, plus de 400 fonds d’entreprises et plus de 300 universités, ONG et autres fondations de par le monde. Basé à Los Angeles, Oaktree est réputé pour l’expertise de ses collaborateurs, sa capacité à produire, en interne, ses propres analyses du marché, ainsi que sa propension à désavouer un marché perçu comme irrationnel — tout en évitant de faire courir des risques démesurés à ses clients.

Fidèle reflet de cette prudence de Sioux, le portefeuille d’Oaktree se ventile sur plusieurs catégories d’actifs : la dette distressed, celle des entreprises, les actions, les titres convertibles, l’immobilier et le Private Equity. Le fonds a notamment investi dans la compagnie de jets privés Sky Holding, dans les groupes de médias MediaWorks New Zealand, Tribune Company et Nine Entertainment Co., ou encore dans l’application de visioconférence Zoom. Autant de paris réussis, mais assez éloignés du sport, domaine dans lequel l’investissement de la firme américaine, s’il n’est pas nul, demeure relativement récent et limité.

CVC, le sport comme raison d’être

Un retard sur le sport sur lequel pourrait bien miser le grand challenger d’Oaktree, CVC Capital. Créé en 1981, présent via une vingtaine de bureaux en Europe, en Asie et aux États-Unis, CVC se classe, aujourd’hui, parmi les dix plus grands fonds de capital-investissement au monde. À la tête d’actifs estimés, en 2019, à 75 milliards de dollars, l’entreprise s’illustre, à la différence d’Oaktree, par son expérience de longue date dans le secteur du sport. Football, bien sûr, mais aussi rugby, sport automobile, volleyball et même cricket indien... : dans les gradins et vestiaires du monde entier, le nom de CVC est loin d’être inconnu.

En août dernier, l’entreprise a ainsi injecté quelque 2,7 milliards d’euros dans la Liga, l’élite du football espagnol, en acquérant une dizaine de pour cent. En 2005, CVC a également investi 1,7 milliard de dollars dans la Formule 1. Très portée sur le ballon ovale, la société a aussi placé des billes dans le Premiership Rugby (2018, 294 millions de dollars), dans le Pro Rugby (2020, 149 millions) et dans le Six Nations Rugby (510 millions). South Africain Rugby, World Rugby, One Tennis ou encore la ligue italienne auraient été ou seraient aussi dans la ligne de mire du fonds d’investissement. Une expérience réussie dans le sport et dans les ligues qui, si elle n’augure en rien du choix final de LFP, entrera à n’en pas douter en ligne de compte.

Silver Lake et Hellman & Friedman, les outsiders

À moins que les gros bonnets du football français n’orientent leur réflexion vers les deux autres fonds composant le quatuor final. En lice également, le fond américain Silver Lake peut se prévaloir d’investissements réussis dans les nouvelles technologies (Airbnb, Motorola, Skype, Twitter, Alibaba, etc.) — rien d’étonnant pour un fonds qui a son siège au coeur de la Silicon Valley — et d’une première participation, de 10 %, dans le club de Manchester City et de Troyes au côté de l’Émirat d’Abu Dhabi. Hellman & Friedman, fondé en 1984 par les associés éponymes, est quant à lui spécialisé dans les médias, les services financiers et les services d’information. Le fonds a des parts dans Getty Images, Nielsen ou encore Texas Genco, et a lui aussi tenté une incursion dans le sport en misant sur la F1. Autant d’arguments entre lesquels vont bientôt devoir trancher les hautes instances de la LFP, qui ont fixé la date butoir de réception des offres fermes à la fin du mois de février 2022.

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