Au chapitre des contradictions inhérentes au corporatisme français, la question de la liberté syndicale des patrons français mérite une mention particulière. L’interview (ci-dessous) de Jean-Claude Volot, vice-président du MEDEF, qui nous a fait l’amitié de témoigner en toute liberté sur le sujet, le montre de façon limpide.
La liberté syndicale des patrons en question
Officiellement, la liberté syndicale existe, même pour les patrons. Elle autorise donc chaque dirigeant d’entreprise, qu’il soit employeur ou non, à rejoindre l’organisation syndicale de son choix, et à la financer. Tel est le côté face de la pièce de monnaie patronale.
Mais… il y a un côté pile: la loi du 6 mars 2014 a instauré une cotisation patronale pour le financement du paritarisme qui oblige tous les employeurs de France à financer le MEDEF et la CGPME et l’UPA, même s’ils n’y sont pas adhérents. Accessoirement, cette cotisation profite aussi à la CGT, à la CFDT, à la CFTC, à la CGC et à FO. En tout, ce sont 113 millions d’euros qui profitent à tout ce petit monde.
Ce système pose évidemment un problème politique simple et concret: pourquoi chaque employeur est-il obligé de financer une organisation patronale qu’il n’a pas choisie?
Le sujet de la GFPN
Pour gérer cette cotisation patronale, le gouvernement a encouragé la création de la GFPN, présidée par Jean-Claude Volot, patron libéral et sans langue de bois dont l’interview ci-dessous est éloquente. La GFPN est l’un des rouages immenses de cette constellation paritaire à laquelle ce blog va consacrer une série sur plusieurs jours.
Peu de Français, et singulièrement peu de salariés et d’employeurs mesurent le volume exacte de cette constellation qui prétend représenter leurs intérêts et assurer leur bien-être malgré eux. La visite vaut pourtant le détour: le paritarisme est un univers en expansion permanente, et les partenaires sociaux sont d’une imagination insatiable dès qu’il s’agit de monter des usines à gaz qui permettent de détenir des mandats, des présidences, des vice-présidences, tout accompagnées d’une carte de visite ronflante.
L’économie française se meurt, mais les généraux de l’armée mexicaine trouvent chaque jour une nouvelle épaulette ou une nouvelle médaille à s’accrocher sur le torse!
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog