Mettons fin à la propagande anti-libérale

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Par Collectif La Main Invisible Modifié le 9 janvier 2013 à 11h34
OPINION

Peut-on réellement parler de propagande antilibérale en France tant sont répandues dans la population, avec l’actif soutien de tous les médias, partis politiques, institutions et évidemment de l’école, l’ignorance, la caricature et la condamnation du libéralisme ? Pourtant, il faut bien l’appeler ainsi car, même si la pensée libérale reste largement inconnue de ses ennemis (bénéficiaires directs ou indirects des mannes de l’État, à commencer par les journalistes), l’intuition qu’ont ces derniers à y sentir leur contradiction fondamentale les pousse à persévérer dans leurs attaques. Elles se développent en pratique selon trois axes, somme toute assez banals.

Le premier consiste à maintenir le silence au sujet de ce qu’est le libéralisme. Jamais un auteur libéral n’est cité. Les théoriciens du libéralisme restent ainsi totalement inconnus du grand public, en comparaison par exemple du panthéon marxiste. Pas d’auteurs, pas de citations, sinon la fameuse « main invisible » d’Adam Smith, toujours manipulée hors contexte – expression d’ailleurs malheureuse tant elle entretient l’idée de forces obscures et malfaisantes auxquelles la chape de plomb médiatique a tout intérêt à assimiler la pensée libérale. Pas de noms, donc pas d’hommes, ni de conflits entre les différents courants libéraux ; pas de repères historiques, pas davantage de nationalité – si ce n’est vaguement anglo-américaine, donc maléfique : tout vise à une inquiétante désincarnation (qui permettra ensuite le facile recours à l’expression « finance mondialisée ») prompte à entretenir l’ignorance, par l’incapacité à recourir aux textes, puis l’angoisse. L’État protecteur et ses sbires s’imposent alors pour, eux, bien incarner médiatiquement la résistance à cette « menace fantôme », spectre savamment entretenu. Cette première étape de la propagande antilibérale est nécessaire pour rendre possibles les suivantes.

La seconde partie du processus consiste à caricaturer le libéralisme en l’assimilant en pratique à ce qu’il n’est pas, et surtout, vous l’aurez compris à l’aide de l'ouvrage "Libres !", à son exact opposé. L’ignorance des grands noms, textes, et courants libéraux ayant été au préalable volontairement maintenue, cela passe comme une lettre à la poste. C’est même un soulagement pour l’inquiet citoyen de pouvoir enfin mettre un visage, ou du moins une fonction, une marque ou un logo, sur ce fameux mais insaisissable « libéralisme ». Concrètement, la propagande parlera à tort et à travers des « libéraux » ou du « libéralisme » à propos de n’importe quel sujet ou événement économiquement contestables, même et surtout s’ils sont la conséquence directe de l’étatisme et de ses réglementations échevelées. La propagande antilibérale a tout intérêt à assimiler le libéralisme aux forces oligarchiques afin de le décrédibiliser et de camoufler le fait que ce sont bien les étatistes les premiers partenaires de l’oligarchie. Ainsi, par un tour de passe-passe, dans une conception binaire et avantageuse pour les deux, sont présentés en porte-à-faux l’État et ses ennemis (de théâtre) oligarchiques, avec lesquels on aura rangé les libéraux – sans leur demander leur avis, c’est bien plus simple. « Oligarchie ou État : choisis ton camp camarade ! » : il n’y a donc pas de troisième voie et on est bien assuré de rester dans le statu quo.

Le troisième angle d’attaque consiste à laisser s’exprimer des libéraux. Il n’y a pas de contradiction avec le précédent point : il ne s’agit que de clowns caricaturaux, ou caricaturés sans possibilité de répliquer. Leur point commun est de se confondre avec un utilitarisme matérialiste privé de toute réflexion morale, éthique et théorique (toujours cette absence de référents). On veut bien les laisser parler de sujets mineurs, ils semblent même parfois avoir raison, mais leur impétuosité coupée de toute structure théorique globale, en trois minutes trente chrono, n’arrive à les faire passer au mieux que pour de doux illuminés. Et je ne parle pas du mitraillage de questions hargneuses et biaisées, qui ne laisse même pas le temps de dire la moindre chose sensée, ni des attaques basses et de la veulerie à peine déguisée des « débatteurs ». Tout cela ressemble aux jeux du cirque et est complètement contre-productif. On l’aura compris, l’accès aux médias « classiques » est une fausse bonne idée tant le travail didactique est vaste pour les libéraux et le territoire volontairement hostile. On ne joue pas à un jeu dont les règles et l’arbitrage sont fixés par l’adversaire. Et il vaut mieux ne rien dire que de dire mal – qui plus est sous les quolibets – surtout lorsqu’il faut reprendre à zéro la montagne de préjugés, en France, sur les bienfaits du maternage d’État, des « droits acquis » et autres enfumages délibérément entretenus par leurs bénéficiaires.

Voilà une esquisse des pièges tendus à tout libéral désireux de faire partager ses idées. Mais tout cela, à l’heure d’Internet et des dettes d’État, n’est plus qu’une ligne Maginot. Internet est, à l’évidence, l’arme des futures générations ainsi que des esprits libres et doit être investi massivement. L’espoir d’entendre un jour s’exprimer longuement un véritable libéral sur un des médias institutionnels est à abandonner sans le moindre scrupule et sans la moindre hésitation. Sur Internet, donc, il est nécessaire, dans un premier temps et pour reprendre les points évoqués, de « donner un visage » à la pensée libérale. Citer les auteurs, les dates et les ouvrages.

Faire preuve de didactisme assuré, par étapes simples. Donner à découvrir les blogs – et donc les blogueurs – libéraux, il y en a déjà quelques-uns d’excellents et qui manient fort bien, chose essentielle, l’humour : tout lecteur curieux sent d’entrée de jeu qu’il se trouve en territoire libre et comprend alors que ce sont bien les antilibéraux qui manipulent la peur et le dogmatisme en plus de l’ennui. L’humour et la liberté sont intimement liés. Ensuite, dévoiler systématiquement les rapports entre étatistes et oligarques en soulignant leurs indéfectibles intérêts communs. Expliquer sans relâche ce qui relève ou non du libéralisme, et critiquer ainsi le capitalisme de connivence afin de « doubler » ingénieusement le socialisme par sa gauche, l’acculant ainsi dans ses contradictions et compromissions. Il faudra enfin estomper les craintes légitimes, encourager l’entreprenariat, la collaboration libre et la responsabilité. L’ouvrage que vous lisez en ce moment même en est la meilleure illustration.

Charles Anderson

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