Face à la flambée des prix de l'énergie et de l'inflation, les consommateurs arbitrent au moment de faire les courses, et les produits bio trinquent. Pour la première fois, les ventes ont reculé l'an dernier.
C'est un coup d'arrêt qui inquiète dans toute la filière. L'institut d'études IRI a calculé que les ventes de produits bio avaient reculé de 3,1% en valeur en 2021. Jusqu'à présent, ce marché n'avait enregistré que des hausses de ses ventes… Parmi les produits dont les ventes ont été les plus impactées, relevons la farine bio (-18%), le beurre (-12%), les fruits et légumes (-11%), le lait (-7%) ou encore les œufs (-6%). Pas de doute quant à la raison de cette désaffection pour des produits hier encore plébiscités : c'est le « frein prix », selon l'institut.
Problème de pouvoir d'achat
Les produits bio sont généralement 50% plus chers que les produits conventionnels, en raison de leur système de production plus exigeant. Mais il faut ajouter la hausse des matières premières, qui impacte les agriculteurs, et l'inflation qui pèse cette fois sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Résultat : ces derniers ont arbitré et ce sont les produits bio qui ont été sacrifiés. Et cela oblige des agriculteurs à revenir à la production conventionnelle, comme dans le secteur des œufs où la filière dénombre plus d'un million de poules bio en excédent, soit 14% des effectifs en poules bio.
18% de surfaces agricoles bio en 2027
Le taux de déconversions demeure toutefois stable d'une année sur l'autre. En 2021, le nombre d'agriculteurs qui repassaient leur production du bio en conventionnel était de 4% environ, soit 2.200 exploitants qui ont quitté les rangs des 53.000 bios, selon l'Agence bio, en charge de la promotion de cette production. Les ventes repartiront-elles si l'inflation parvient à se contracter ? C'est l'espoir de la filière et du gouvernement, qui a fixé un seuil de 18% de surfaces agricoles bio d'ici 2027.