Les objets connectés : attention danger !

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Par Jean-François Beuze Modifié le 29 novembre 2022 à 10h09

Le monde d'aujourd'hui connaît manifestement de grandes mutations dans le domaine des TIC. Ce secteur d'activité numérique vit une révolution permanente : Cloud, Big Data, objets connectés, mobilité, cybercriminalité, etc. Et cette tendance est loin de ralentir.

Google a créé toutes sortes d'objets connectés, comme les Google Glass, la Google Car, ou encore les lentilles de contact permettant de mesurer le taux de diabète. Sa prochaine invention sera probablement de nouvelles lentilles de contact nous permettant d'enregistrer et de sauvegarder notre vie au quotidien. Ce cannibale avale les entreprises innovantes en les rachetant à tours de bras : Nest Labs, fabriquant d'objets connectés spécialisé dans les
thermostats, plus récemment Boston Dynamics intégré en décembre dernier, sans oublier les six entreprises précédemment acquises dans le domaine de la robotique. Après l'Internet des humains voici celui des objets : 81 % des Français ont déjà entendu parler des « objets connectés ». Des start-up et grandes entreprises inventent et réinventent les objets de notre quotidien et imaginent de nouveaux services. D'ici 2020, plus de 30 milliards de produits
seront ainsi connectés à Internet. Mais avec quels risques ?

La dangerosité de l'utilisation de ces appareils tient principalement dans la quantité et la variété des informations personnelles qu'ils permettent de recueillir, ainsi que la géolocalisation des personnes et des objets mêmes. En effet, l'ensemble des données qu'ils sont à même de fournir permet de connaître à peu près tout de notre vie. Une grande majorité des consommateurs a une fâcheuse tendance à fermer les yeux sur ce fait. L'actualité est pourtant là pour nous rappeler que les évolutions technologiques ont toujours leur côté obscur.

Nous n'en sommes qu'au début, car rien n'arrêtera les fabricants. En Juin 2010, Martin Pollock, Directeur du pôle Metering Services de Siemens, déclarait déjà : « Nous, Siemens, possédons la technologie pour enregistrer [la consommation d'énergie d'une habitation] chaque minute, seconde, microseconde, et ce plus ou moins directement. Nous pouvons ainsi en déduire combien de personnes sont dans la maison, s'ils sont en haut ou en bas, ce qu'ils font, et quand ils prennent une douche : des données personnelles disponibles en grandes quantités ». Un grand nombre d'entreprises en savent déjà beaucoup aujourd'hui sur nous et nos habitudes, grâce à nos moyens de paiement par exemple, mais surtout grâce à nos smartphones et nos modes de navigation sur Internet. Nous sommes loin d'imaginer les informations qui seront bientôt collectées. Ces objets sont pour les constructeurs l'opportunité d'en apprendre davantage sur leurs clients et la manière dont ils consomment.

Le pouvoir potentiel des objets dits « intelligents » sur notre vie quotidienne peut s'apparenter à une forme d'espionnage domestique. Si un tel appareil est connecté à Internet, il est possible de le trouver et de le surveiller grâce à des moteurs de recherche du type ShodanHQ. Les détourner de leur fonction première, et donc les pirater, devient alors très simple. De plus, ils auront bientôt la faculté d'apprendre à se gérer de manière autonome, et en fonction de notre comportement, ils pourront alors développer des fonctionnalités différentes de celles initialement prévues. Cela donne à réfléchir. Imaginons ce que tout cela représente pour des cybercriminels, ou même des agences gouvernementales mal intentionnées. Avec un accès sans limites aux objets connectés, ils auraient la possibilité de contrôler la fermeture et l'ouverture de vos portes, la ventilation, le chauffage, la sécurité de votre domicile, et pourraient même vous surveiller directement en accédant à la webcam de votre téléviseur.

Comment garder le contrôle ? Il s'agit là d'un enjeu primordial qui pose des problématiques de sécurité et de confidentialité des données. Force est de constater que nous n'avons plus la maîtrise de nos informations personnelles, et que rien ni personne ne pourra interrompre l'évolution programmée des objets connectés, amenant plus de progrès mais également plus de risques. Malgré l'affaire Snowden qui a révélé l'existence d'un espionnage industrialisé et globalisé, personne n'a fondamentalement modifié son comportement vis-à-vis de l'utilisation des outils numériques. Nous avons le droit de nous poser des questions sur l'état de la sécurité de ces objets : sont-ils suffisamment sécurisés ou trop faiblement protégés ? Quels sont les moyens à notre disposition pour vérifier cette sécurité ? Il existe des embryons de réponse à ces problèmes. Notamment avec le projet Ion de BlackBerry permettant de connecter des objets sur une plateforme sécurisée. Cependant, une nouvelle solution engendre toujours de nouveaux risques. Il devient aujourd'hui indispensable d'établir un équilibre entre le partage des données et la sensibilisation des utilisateurs.

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Jean-François Beuze est Fondateur et Président de SIFARIS.

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