Ce n'est pas un poisson d'avril. A partir du 1er avril, les expulsions locatives vont reprendre. Exit la trêve hivernale, au grand dam des locataires, mais pour le plus grand soulagement des propriétaires.
Cinq mois de statut quo
Pendant cinq mois, les locataires en difficulté étaient à l’abri de toute expulsion, ce qui signifie aussi, si on se place du côté des propriétaires, que pendant cinq mois, ils ne pouvaient récupérer leur bien immobilier et en chasser les occupants, malgré des loyers souvent impayés (dans 94% des cas ; le reste étant lorsque le propriétaire souhaite reprendre ou vendre le logement avant la fin du bail en cours ou bien quand le locataire n’use pas « paisiblement » les locaux (tapage, activités commerciales illicites...).
Comme chaque année, les associations venant en aide aux mal-logés et aux SDF (la Fondation Abbé Pierre, la Croix-Rouge et l’Armée du Salut) se mobilisent afin de réclamer la fin de cette suspension annuelle de la trêve. Elles dénoncent aussi, dans une lettre ouverte au Premier ministre, "la pénurie de logements pour les plus modestes".
8 millions de mal-logés en France
En 2012, 115 086 décisions d’expulsion ont été prononcées, mais dans les faits, "seules" 11 000 interventions des forces de l’ordre ont réellement eu lieu.
Selon les statistiques publiées en avril 2013, la fondation Abbé Pierre estimait à plus de 8 millions (12 % de la population française) les personnes en situation de mal-logement ou de fragilité dans leur logement. Pour remédier à ce problème, la solution prônée par la fondation est de construire 500.000 logements par an, un chiffre jamais atteint.
Pendant sa campagne François Hollande déclarait pourtant vouloir combattre la pénurie de logements en mettant sur le marché "1 million de logements nouveaux" lorsqu'il serait président. Une promesse évidemment impossible à tenir.