Sur ces dernières années, l’Opéra de Paris parvient à nettement améliorer son taux de ressources propres. Une exemple à suivre.
Comme toute grande entreprise, mais malheureusement très peu d’institutions culturelles, L’Opéra de Paris vient de sortir son rapport annuel 2014. Très détaillé, il décrit toutes les activités de l’institution qui regroupe le Palais Garnier et l’Opéra Bastille, pour une programmation d’opéras et de ballets qui a réunit 872.000 spectateurs pour un taux de remplissage moyen de 96% (il faut aussi compter 730.000 visiteurs pour Garnier).
On pourra noter avec satisfaction que l’Opéra de Paris améliore sa situation financière, sans rien renier de la qualité artistique de ses productions, bien au contraire (nous avons parlé ici de la saison à venir). Ainsi, la subvention publique diminue entre 2009 et 2014, passant de 104,6 à 96,7 millions d’euros, mais les recettes propres font plus que compenser cette baisse en progressant de 76,8 à 110,0 millions d’euros (page 95). Par recettes propres, il faut entendre la billetterie, les recettes commerciales (visites de Garnier, location d’espaces, boutiques), le mécénat.
Le taux de recettes propres passe ainsi de 42,3 % en 2009 à 53,2% en 2014, une progression notable, et un exemple à suivre. Les acteurs culturels ont un peu trop l’habitude de se plaindre de la moindre baisse de leurs subventions, alors qu’il existe des moyens pour augmenter ses revenus sans remettre en cause la qualité de sa programmation.
Il se trouve que le ministère de la culture se soucie de cet indicateur puisqu’il vient de publier un rapport sur le développement des ressources propres des établissements publics culturels de l’Etat. Une initiative bienvenue. Le tableau en page 7 montre les considérables écarts existants entre la trentaine d’institutions étudiées, entre le Musée Rodin (96% de ressources propres) ou le Domaine de Chambord (80%), et le Musée d’archéologie de Saint-Germain-en-Laye (1,4% !) ou le Théâtre National de Strasbourg (11%). Même s’il faut se garder de comparer des établissements de nature différente, il apparaît clairement qu’il existe, pour nombre d’entre eux, de considérables marges de progression.
Le rapport indique plusieurs voies pour augmenter ces ressources propres, mais il signale aussi, avec beaucoup de circonvolutions, ce qui bloque, à savoir la rigidité du statut des personnels travaillant dans ces établissements et qui empêche, par exemple, de pouvoir étendre les horaires d’ouverture des musées (page 28). Même s’il existe des dérogations (la possibilité, sous condition, d’embaucher du personnel contractuel), notre trop fameux "modèle social" représente, ici aussi, un sacré frein. Une plus grande souplesse permettrait d’améliorer l’offre culturelle tout en consommant moins nettement d’argent public, mais ne rêvons pas !