Les banques centrales n’ont jamais été créées pour votre bien

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Par Ferghane Azihari Publié le 17 octobre 2016 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
1803Le monopole d'émission de billets de la Banque de France a eu lieu en 1803.

La stabilité financière et donc la sécurité de notre épargne, la lutte contre l’inflation ou le chômage ne sont pas les vrais objectifs des banques centrales. Ce sont d’abord des institutions corporatistes créées pour protéger le cartel bancaire et capter les richesses.

Les titulaires du monopole légal du faux-monnayage qui portent le nom de banquiers centraux sont devenus les gourous de l’économie moderne. Nous nous tournons obséquieusement vers eux comme vers des rois thaumaturges, pour leur demander de faire des miracles : relancer la croissance, éradiquer le chômage et la pauvreté… Comme si la création monétaire pouvait magiquement remplacer ce qui fait la prospérité des civilisations : des institutions respectueuses de la liberté d’entreprendre, le progrès technique, l’accumulation de capital, la productivité, etc.

Notre confiance aveugle vis-à-vis des banques centrales puise sa source dans le mythe qui voudrait que ces institutions aient été créées pour garantir la stabilité du système économique et financier, la sécurité de notre épargne… Un tel mythe ne résiste pourtant pas à l’analyse historique. Les banques centrales ont bien sûr été créées pour remplir un tas de missions, mais certainement pas pour ces nobles objectifs décrits plus haut. En fait, elles ont toujours eu une finalité politique et corporatiste incompatible avec le bon fonctionnement des marchés financiers.

Des objectifs politiques : s’accaparer subtilement les ressources des citoyens

Les banques centrales sont apparues quand les souverains ont découvert au fil du temps et de l’expérience que le monopole de la création monétaire était un moyen beaucoup plus subtil que la fiscalité pour s’accaparer les ressources de leurs sujets.

Voyez-vous, la fiscalité présente des inconvénients politiques. Il faut envoyer des percepteurs chez les gens afin de confisquer leurs biens. Évidemment, ces mêmes gens ne sont pas contents. Ils crient à l’extorsion. Ils se rebellent, se révoltent, coupent des têtes et vont parfois même jusqu’à faire sécession en créant un nouvel État ! Rendez-vous compte ! Mettez-vous à la place du souverain. De telles situations sont évidemment inconfortables…

Alors qu’il suffit d’imposer le cours forcé d’une monnaie de singe et d’accroître la masse monétaire à volonté pour opérer une discrète redistribution des richesses des sujets gouvernés vers les gouvernants. Ainsi, loin d’être nées pour réguler la finance, la plupart des banques centrales en Europe sont nées en raison de difficultés éprouvées par les souverains à financer leurs dépenses. L’épisode de la naissance de la Banque de France est à cet égard emblématique. La Banque de France était à l’origine une banque privée notamment détenue par Napoléon Bonaparte et ses proches.

Inutile de préciser que l’octroi en 1803 du monopole d’émission des billets s’est révélé lucratif pour les actionnaires de cette banque. L’inflation pouvait dès lors s’utiliser pour financer les dépenses de guerre de l’État français tout en permettant à ceux qui contrôlaient le monopole de la création monétaire de s’enrichir sur le dos des populations.

Des objectifs corporatistes : couvrir les cartels bancaires

Outre les objectifs politiques, les banques centrales se sont vu assigner la mission de protéger des intérêts corporatistes. Elles agissent comme des prêteurs en dernier ressort en vue d’abreuver de liquidités les banques en difficultés. Elles sont ainsi à l’origine d’un aléa moral qui pervertit les incitations des banques. Ces dernières sont désormais dans la capacité d’émettre excessivement du crédit sans être soumises à une quelconque discipline de marché. C’est pourquoi la création de la Réserve fédérale américaine en 1913 a vivement été encouragée par les élites financières de l’époque.

Le mécanisme est simple. Normalement, la privatisation des profits et des pertes est un élément clef de la régulation du capitalisme. Ce sont les profits et les pertes qui permettent de guider les entrepreneurs vers une bonne affectation des capitaux tout en leur imposant une certaine discipline. Or les banques centrales ont été instituées précisément en vue de briser ce mécanisme régulateur. Elles conduisent à la privatisation des profits mais à la socialisation des pertes grâce à la création monétaire. Par conséquent, on peut affirmer sans hésitation qu’elles sont responsables du dérèglement des marchés financiers. Cette déresponsabilisation est d’autant plus encouragée que les normes prudentielles exigées par les régulateurs réduisent la concurrence et renforcent les cartels établis.

La distorsion du loyer de l’argent

Enfin, les banques centrales ont le pouvoir de forcer les taux d’intérêt de manière arbitraire. Cela fausse les signaux de prix guidant les préférences des épargnants et des emprunteurs. Il s’ensuit deux nuisances. Les taux d’intérêt artificiellement bas découragent l’épargne et donc réduisent les investissements nécessaires à l’accumulation de capital productif. En l’absence de véritables signaux de prix, le marché est dans l’incapacité d’allouer le capital de manière optimale, ce qui nuit à la production globale de richesses et à la croissance économique. Les banques centrales n’ont jamais été créées pour notre bien. Notre argent ainsi que nos économies se porteraient beaucoup mieux si elles n’existaient pas.

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Étudiant en droit et en science politique à l’université de Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Ferghane Azihari est coordinateur local pour Students for Liberty, un réseau international destiné à promouvoir l’économie de marché. Il est également chargé de mission pour l’École de la Liberté, une plateforme de recherche et d’éducation destinée à faire connaître la tradition libérale à travers le prisme de toutes les sciences humaines. Il publie régulièrement pour le magazine Contrepoints en France, l’Institut Ludwig von Mises aux États-Unis. Il est également rédacteur chez Young Voices. Ses centres d’intérêt se portent plus particulièrement sur les politiques européennes, les relations internationales, la fiscalité et plus généralement les rapports entre le droit positif et la concurrence.

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