Le deuxième tour des élections législatives françaises, qui s’est tenu le 19 juin 2022, n’aura ni fait de gagnant, ni réellement de perdant… essentiellement, c’est « un partout, balle au centre » pour l’ensemble des partis. Sans aucun parti majoritaire, c’est donc l’inconnu pour Emmanuel Macron qui va devoir composer avec plus d’opposition que d’alliés.
Le résultat du vote décevant pour Ensemble, la Nupes s’en sort, le RN explose
Les résultats définitifs du deuxième tour de l’élection législative 2022 renvoient la France à une situation qui, si elle n’est pas inédite, est compliquée. Ensemble, l’alliance du parti présidentielle, perd plus d’une cinquantaine de sièges… et perd surtout sa majorité absolue avec 245 députés seulement. Si c’est mieux que les premières projections, c’est insuffisant pour gouverner : la majorité, à l’Assemblée nationale, est atteinte à 289 sièges.
La Nupes, l’alliance formée autour de Jean-Luc Mélenchon, s’en sort bien mais fait moins qu’espéré par son leader : 131 sièges. Elle devient la première force d’opposition… mais pas le premier parti d’opposition. Ce statut, d’ailleurs, est perdu par Les Républicains qui font un score très décevant pour un ancien parti de gouvernement : 61 sièges.
Le Rassemblement National, de son côté, confirme sa percée : 89 députés siégeront à l’Assemblée nationale en France. Un résultat inédit depuis la fin de la deuxième guerre mondiale… et un problème pour Emmanuel Macron qui se retrouve avec un premier parti d’opposition aux idées fortement contraires aux siennes, notamment sur l’Europe, l’Écologie ou encore les sujets sociétaux.
L’inconnu : des alliances ou le blocage du pays
Sans majorité absolue au Palais Bourbon, Emmanuel Macron devra en premier lieu changer une nouvelle fois de gouvernement, notamment car certains de ses ministres ont été évincés et qu’il avait assuré que tous les ministres candidats aux législatives qui ne seraient pas élus devaient quitter leur poste. Après Élisabeth Borne, qui sera le nouveau Premier ministre français ?
La question est cruciale : la France entre dans une nouvelle ère de cohabitation ou, a minima, d’alliances. Pour réussir à gouverner, Emmanuel Macron va devoir se pencher à droite, vers les LR, ou à gauche, vers la Nupes. L’un ou l’autre lui permettraient d’obtenir la majorité nécessaire pour faire passer ses réformes, du moins en théorie. Car il y a une autre inconnue : la participation des députés.
La présence réelle des députés lors des votes va être la vraie inconnue
Si tisser une alliance ne devrait guère être compliqué, Emmanuel Macron n’est pas à l’abri de mauvaises surprises lors des prochains votes à l’Assemblée nationale. La raison ? L’absentéisme des députés risque de lui jouer des mauvais tours.
Dans la précédente législature qui vient donc de se terminer, selon le site de l’Assemblée nationale DataAN, sur 4417 votes, le taux de participation moyen est de… 18% ; soit moins de une fois sur cinq. Le record de votes est détenu par Emmanuelle Ménard qui a voté lors de 63% des séances : avec Cendra Motin, elles sont les seules députées à avoir voté plus d’une fois sur deux. Pour plus de 100 députés sur les 577 qui siègent, on ne compte que 10% de votation ou moins sur l’ensemble de la législature ; avec même 2% de votation pour deux d’entre eux.
Or, avec des oppositions fortement mobilisées contre sa politique, et tout particulièrement Nupes et RN, Emmanuel Macron risque de faire face à de véritables blocages. D’autant plus que le Président se retrouve toujours en position de faiblesse au Sénat où Les Républicains comptent le groupe le plus important, avec 146 sénateurs sur 348.