Dans le domaine de la politique économique, les solutions à la crise de la dette en Europe font débat. Chacun, un peu comme la composition de l’équipe de France de football a un avis sur la question. Pourtant, le discours sur la rigueur au niveau des dirigeants européens a été plutôt monocorde et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’imagination de nos citoyens, des cafés politiques, des réunions de Think-Tank, des cafés du commerce (dans le bon sens du terme), a été plus grande que celle de nos dirigeants européens.
Mais nous sommes aujourd’hui dans une situation ou les cures d’austérité dans un contexte de croissance très faible ont-elles même creusé le fossé entre le Nord et le Sud et assombri les perspectives de croissance économique de la zone euro. C’est de ce constat qu’a émergé, à l’image de ce que disent les économistes depuis un moment maintenant (surtout d’ailleurs ceux du PS qui n’ont jamais été écoutés…), l’idée de relance de la croissance économique. Lancée publiquement par Mario Draghi, cette idée reste pourtant bien disparate et divergente tant elle englobe un nombre important de concepts et de directions politiques.
Une chose est certaine et on l’oublie : croissance ou pas, moyens ou finalités, les politiques économiques en zone euro restent soumises et encadrées par des ratios d’endettement et de déficit budgétaire. Avec la croissance, on pourra certes améliorer les objectifs de déficit budgétaire. Ici, il est important de s’arrêter deux minutes.
La croissance est déjà présente dans les plans d’austérité ! Mais à l’envers. On dit souvent que les pactes d’austérité contribuent à créer de la récession, mais la récession est bien de la croissance à l’envers. Donc, syllogisme simple, pour éviter que les pactes d’austérité ne détériorent la faible croissance existante, il faut retoucher la structure même des pactes d’austérité !
La composition "coupe dans les dépenses et hausse des impôts" ne suffit pas, il faut également y intégrer des critères non quantitatifs mais qualitatifs pour économiser plus et dépenser mieux. La croissance doit aussi venir d’ailleurs: par exemple les investissements privés, la R&D orientée et contrôlée, l’amélioration de la productivité du travail. Mais la vigueur de la croissance dépend aussi du diagnostic économique réalisé. Certaines économies ont une tradition « offre et compétitivité des entreprises » ou « demande ». Cela a un impact fort sur les solutions à mettre en place.
Essayons de rester imaginatifs : que dire de la mise en place d’une instance onusienne en charge de dicter les règles mondiales des échanges financiers internationaux construite sur la base d’un parlement de « grands électeurs » ? De la mise en place d’une instance politique européenne dotée de pouvoirs de politique économique pour gérer l’Euro, et gérant les investissements futurs industriels en Europe? Cette instance, au delà du pilotage de la dimension économique, serait en charge de la collecte d’impôts pour rembourser les dettes contractées pour pallier à l’endettement excessif de certains pays et superviserait la mise en place d’une fiscalité équitable ? Que dire de tout cela ?
Pascal de Lima et Jean-Paul Gomez