Alors que le transport de voyageurs par bus a entamé sa transformation digitale pour améliorer le confort passager et contrôler le trafic, les technologies embarquées restent à la porte des bus scolaires. Un paradoxe alors que l’Ecole ne jure plus que par sa révolution numérique…
Un big bang technologique indispensable
Concentré, à l’occasion de la réforme des rythmes scolaires, sur la fréquence et la disponibilité de la desserte, le débat sur le transport scolaire tourne en boucle depuis des années sur le coût, et la question de la gratuité ou de la prise en charge par les familles. Si l’on considère que l’école est gratuite, laïque et obligatoire jusqu’à 16 ans dans notre République, s’y rendre ne devrait pas être payant. Question de Principes, nous dit-on d’un côté… Mais, rétorquent les gestionnaires, alors que le coût global des transports scolaires, hors Île-de-France, dépasse 3 milliards d'euros, un élève qui prend le bus pour aller à l'école coûte 840 euros par an en moyenne. Ce coût s’accroît tendanciellement, les compagnies de transport alourdissent leurs factures et les collectivités territoriales en arrivent toutes à se poser la question de la participation financière des familles.
De surcroit, faire payer, c’est donner une valeur au service. Car, il n’est pas rare que les parents inscrivent leurs enfants en début d’année, et qu’ils n’utilisent pas autant que prévu le service de transport scolaire. D’où des cars scolaires peu remplis certains jours, des parcours inutiles, et des surcoûts à la charge de la collectivité. Sans compter, le bilan énergétique d’un tel gâchis. Or, les technologies embarquées pourraient permettre de débloquer la situation en apportant plus de sécurité et d’efficacité dans le service de transport scolaire, donc en réduisant le coût pour la collectivité…. Tous les acteurs prennent part à la réflexion : élus & responsables techniques des différentes collectivités, exploitants, acteurs de la prévention et de la sécurité routière, chefs d’établissement & CPE, académie, parents d'élèves, élèves, ont des idées pour faire bouger le transport scolaire.
Des technologies pour inventer le transport scolaire de demain
La billettique dans le transport de passagers a changé en 20 ans, elle est devenue polymorphe. Si elle est encore majoritairement associée aux technologies de supports de titres - billet thermique vendu à bord par le chauffeur, carte à puce sans contact validée par dispositif RFID, billet jetable sans contact ou contremarque dotée de QR-Code -, d’autres options sans support physique dédié ont vu le jour. On parle de paiement via le téléphone portable ou la carte bancaire.
Les réseaux de transport en commun en bus s’équipent de systèmes de billettique complets, interopérables et évolutifs. Mais la transposition au transport scolaire piétine car les technologies sont trop compliquées, trop chères à déployer - contraintes sécuritaires entourant la connexion et le paiement – et tout bonnement inappropriées au contexte.
La billettique dans les bus scolaires, une révolution en marche
Avec les scolaires, par exemple, vérifier la montée à bord ne relève pas d’un enjeu financier immédiat, mais plutôt un enjeu de sécurité. Le cœur du débat porte plutôt sur l’alternative entre une carte de transport scolaire dédiée ou une carte multiservices (cantine, cinéma, etc). Les réflexions ne peuvent pas s’abstraire de la diversité des habitudes sur les territoires où l’on a quelquefois affaire à des parcs de véhicules dédiés aux scolaires mais aussi à des véhicules mixtes…
L’enjeu premier ? Identifier les élèves, contrôler leur montée à bord comme leur descente. C’est autant une question de sécurité individuelle que d’aménagement du territoire, et de bon usage des finances publiques. Il s’agit de vérifier que les jeunes sont bien en chemin vers leur établissement, et de rassurer les parents en leur envoyant le cas échant une notification temps réel quand leur progéniture monte et descend du car.
Il s’agit aussi de s’assurer, du point de vue de l’exploitant délégataire de services comme de la collectivité qui le mandate, que le trajet répond aux besoins réels : les familles ont-elles bien l’usage du service mis à leur disposition ? L’horaire et la desserte correspondent-ils aux besoins ? Les horaires de ramassage et de dépose sont-ils adaptés ?
Il s’agit enfin de contrôler que les élèves sont bien porteurs de la carte de transport correspondante. Et, le contrôle de présence et de cartes de transport, doit se faire sans distraire le chauffeur de l’essentiel de sa mission : la conduite. Car la sécurité, c’est d’abord sa concentration au volant.
Tout est à inventer, avec des combinaisons technologiques ouvertes. Il y a de la place pour l’innovation, intelligente, adaptée à la réalité, c'est-à-dire aux gestes métiers. Expérimentons à petite échelle, et étudions sur le terrain les comportements des publics, conducteurs comme passagers ! La réflexion est d’autant plus intéressante pour les acteurs qu’elle pourrait s’intégrer dans les plans de mobilité des entreprises, un domaine en plein devenir.