Eurostoxx/indice des pays émergents, projets de loi de finances initiaux, France, Italie, solde d'exécution espagnol, Portugal, guerre commerciale Etats-Unis/Chine : voici le point sur les finances publiques.
Point de marché : qu’est ce qui fait peur au marché actions européen ?
Si la performance de l’Eurostoxx a été quasiment nulle sur le troisième trimestre, l’indice a perdu 5,6% depuis son pic de mai. Risque politique italien ? Risque pays émergents ? Guerre commerciale ? Le graphique ci-dessous montre que l’Eurostoxx a eu tendance à bouger de plus en plus de manière synchronisée avec l’indice des pays émergents. C’est particulièrement vrai depuis début juin même si l’indice émergent a eu des variations plus importantes.
Une analyse de la corrélation entre les deux indices confirme ce que nous voyons sur le graphique : ils sont de plus en plus liés. La corrélation sur les 3 derniers mois est forte à 62%.
En revanche la corrélation de la bourse européenne avec le risque italien est faible. Si on utilise les spreads de taux italiens à 10-ans, on trouve une corrélation de seulement 22% sur les 3 derniers mois. La bourse européenne a donc beaucoup plus été influencée par les craintes globales (peur sur la croissance, aversion au risque en augmentation, guerre commerciale) que par le risque spécifique italien.
Budgets des Etats, au fait on en est où en 2018 ?
Septembre, l’automne malade, les feuilles mortes qu’on ramasse à la pelle, … et la présentation des budgets publics. Soyons précis : la présentation des « Projets de Loi de Finances Initiaux ».
Dans l’attente impatiente de lire et d’analyser les détails, regardons l’état des finances publiques des principaux pays. Les pays de la zone euro publient de manière mensuelle l’état des budgets, ce qui donne une tendance pour la fin de l’année. Il faut toutefois souligner, d’une part, que ces chiffres sont en « comptabilité de caisse » et qu’il y a donc de subtiles différences comptables avec la « comptabilité Maastricht ». D’autre part, et plus important, ils ne concernent que l’Etat central alors que les déficits au sens de Maastricht incluent toutes les administrations publiques.
Où en est-on ?
En France le budget réalisé jusqu’à juin est très proche de celui de l’année dernière. Certes les comptes sociaux se sont améliorés, mais le déficit de 2,6% l’année dernière ne devrait donc pas se réduire de beaucoup cette année.
Même conclusion pour l’Italie, le déficit en juillet est quasiment identique à celui de l’année dernière. Le déficit total était de 2,3% en 2017.
Le solde d’exécution espagnol, lui, semble plus encouragent, avec un déficit en juin 3 milliards plus bas que l’année dernière ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une baisse significative, de 3,1% l’année dernière à environ 2,7% cette année.
Le Portugal fait lui-aussi figure de bon élève, avec une nette amélioration en juillet. Le déficit total était de 3,0% en 2017 et pourrait donc être significativement réduit cette année.
Conclusions de tous ces chiffres :
- La période de consolidation budgétaire agressive que nous avons connue après la crise est bien finie. La restauration des finances publiques ne pèse plus sur la croissance. C’est une bonne nouvelle.
- La réduction du déficit, malgré une croissance correcte en Zone Euro, se fait à un rythme abominablement lent. Les états, qui doivent reconstituer des marges de manouvre lorsque le cycle est favorable, ne le font pas vraiment. C’est inquiétant pour la gestion de la prochaine crise.
Notation de l’Italie, changement des « perspectives »
L’agence de notation Fitch a publier une opinion vendredi sur l’Italie, elle a changé ses perspectives, passant de « neutre » à « négatif » en citant le risque de retour en arrière sur les réformes structurelles ainsi que l’incertitude dans le domaine fiscal. C’est la première agence de notation à bouger depuis la constitution de l’actuel gouvernement.
A suivre dans le futur :
- Le 7 septembre l’opinion de Moody’s doit être actualisée
- Le 6 octobre l’opinion de S&P doit être actualisée
Etats-Unis – Chine : guerre commerciale
Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis pourraient taxer 200 milliards d’importations chinoises de plus. Même s’il est très peu probable que cela soit fait en une étape et rapidement, l’annonce montre que la tension entre les deux pays est loin d’être retombée. Plus surprenant, alors que la rhétorique présidentielle semblait épargner le Mexique et l’Europe pour se concentrer sur la Chine, Donald Trump a fait de nouveau monter la pression sur l’Europe. Bref, la guerre commerciale bat son plein et les marchés n’aiment pas.
Pendant ce temps la Chine met en place une politique économique pour stimuler sa demande domestique. Le seuil à partir duquel les ménages seront imposables a l’IRPP été relevé, ce qui suit un certain nombre d’assouplissements monétaires. Il faut aussi noter que les chiffres de PIB sur la première moitié de l’année montraient un investissement public particulièrement poussif et qui donc pourrait se normaliser et supporter la croissance.
Bref la Chine a des marges de manoeuvres et les utilise, la croissance devrait tenir. Mais c’est aussi un signe que Pékin s’attend à une situation durablement négative sur la guerre commerciale.