Le plein échange économique par ses contre-exemples

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Par Dominique Michaut Publié le 22 décembre 2016 à 5h00
Plein Echange Economique Theorie
Le plein échange économique par ses contre-exemples - © Economie Matin

Je ne sais pas quand il se révélera possible d’articuler une définition du plein échange économique qui soit claire comme le jour dans tous les cas de figure. Pour l’heure, l’institutionnalisation de procédés massivement léonins ne fait aucun doute. Une conclusion de fond est à en tirer.

Peu importent vos expériences du salariat d’une part, de l’actionnariat à titre individuel d’autre part, vous allez au moins entrevoir qu’il existe des infractions au plein échange. C’est plus gênant si vous croyez dur comme fer au cadeau que constitue un deuxième article à moitié prix, ou encore si vous trouvez de bon aloi le taux de remise dont la base cent a été gonflée pour rendre l’appât plus séduisant.

L’infraction au plein échange salarial par les cotisations patronales

Considérons les cotisations collectées par l’URSSAF. Par la réglementation en vigueur, elles sont réputées être à la charge en partie de l’employeur et en partie du salarié. L’employeur règle ces deux parties par un seul paiement. En définitive, qui paie ? Est-ce vraiment pour partie les employeurs et pour partie les employés ? Comment se pourrait-il que le principe et les taux de cette répartition ne soient pas économiquement arbitraires ?

L’échange économique entre l’employé et l’employeur a pour termes d’une part les services fournis par l’employé, d’autre part tous les éléments du coût direct de ces services. Les charges salariales sont de fait entièrement patronales, comme la comptabilité générale d’un employeur ne peut pas éviter de le constater. Le salaire entier comprend les charges réputées n’être que patronales. La fiction que constitue cette réputation perpétue une infraction au plein échange salarial, quel que soit l’employeur.

L’infraction au plein échange actionnarial par l’autofinancement d’abord

Le placeur en parts de capital d’une entreprise, même quand cette dernière est une mutuelle ou une coopérative, est lui aussi en rapport d’échange économique avec l’entreprise. Il fournit une fraction du financement permanent de cette dernière, en contrepartie de la rémunération de cette prestation de service par une fraction du bénéfice périodique quand il y en a. Mais là aussi le démon de l’échange truqué sévit.

Beaucoup de présidents et directeurs de sociétés estiment qu’en règle générale la plus grosse part des bénéfices doit être affectée à l’autofinancement, quitte à servir peu ou pas du tout de dividendes. Cette position de principe est, en soi, une infraction au plein échange actionnarial. Il y a généralement une autre option. Mais pour l’heure, les débats récurrents sur la répartition des profits n’en tiennent pas compte.

L’infraction au plein échange final par les prétendus cadeaux

Nous utilisons l’argent pour en échanger contre des services et des biens achetés à des entreprises. La panoplie actuelle des trucages à grande échelle de ces échanges est remarquablement riche. Elle comporte, entre autres stratagèmes, l’usage abusif du mot « cadeau ». C’est à se demander si le législateur ferait bien d’édicter qu’à partir d’une date relativement peu éloignée tout cadeau à des fins commerciales est interdit.

Tout un courant d’analyse économique, récompensée à plusieurs reprises par le prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, fait grand cas des asymétries d’information qui seraient comme le carburant des marchés de dupes. Une fois vendue, une voiture neuve a-t-elle un prix objectif tout compris, dont contributions normales aux bénéfices finaux du constructeur et du distributeur ? La réponse officielle est : non. La justice commutative est-elle dans la pente normale de l’économie de marché ? La réponse officielle est la même, en arguant que l’économique et l’éthique sont des ordres intrinsèquement étrangers l’un à l’autre. C’est pour beaucoup sur ces négations que prospèrent les infractions au plein échange final.

Rouvrir la théorie de la fixation des prix à l’objectivité et l’honnêteté

Les fondations de la théorie des prix qui tient le haut du pavé depuis maintenant plus d’un siècle sont subjectivistes (les plus lucides des économistes qui accréditent cette théorisation se font un devoir de le reconnaître). Plus le temps passe et plus cette option se révèle scientifiquement et socialement calamiteuse. Elle refoule l’objectivité et l’honnêteté, et avec elles leurs vertus systémiques, au point que s’en trouve barré l’accès à l'avenue du plein échange.

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Dominique Michaut a été directeur des études du Centre consulaire de formation de Metz puis conseiller de gestion, principalement auprès d’entreprises. Depuis 2014, il administre le site L’économie demain, dédié à la publication d’un précis d’économie objective (préface de Jacques Bichot).

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