Le grand complot contre notre argent

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Par Simone Wapler Publié le 15 décembre 2016 à 5h00
France Guerre Cash Politiques Banques
@shutter - © Economie Matin
1 000 eurosLa France a limité les paiements en cash à 1 000 euros maximum.

C’est désormais affiché : pour prolonger la manipulation des taux d’intérêt à la baisse, il faut supprimer le cash. La survie du système monétaire et financier est à ce prix et exige la suppression de la rémunération de l’épargne.

Cher Lecteur, mon dévouement pour vous est tel que, tous les matins, j’inflige à ma famille de se réveiller avec BFM de 6h15 à 7h30. Ce matin, à 7h20, comme tous les matins, l’animateur Christophe Soumier faisait débattre Nicolas Doze et Jean-Marc Daniel d’un sujet d’actualité. Aujourd’hui, le plat du jour était les frais bancaire, en sérieuse augmentation. C’est un sujet que nous évoquons régulièrement. Pas de scoop là-dedans.

Au passage, rectification de ce que dit à un moment Nicolas Doze : une augmentation de zéro à quelque chose cela ne fait pas 100% mais l’infini car quelque chose divisé par zéro donne l’infini (x/0 -> ∞). Certains frais bancaires ont donc eu une augmentation infinie ! Deux minutes plus tard, le débat (en réalité plutôt deux monologues animés par le présentateur) prenait un tour très intéressant.

Vous trouverez l’enregistrement audiovisuel de cet échange ici.

Après avoir évoqué le métier de la banque et les difficultés que posent les taux bas, Nicolas Doze, qui parle en se mettant dans la peau d’un dirigeant de banque, indique (à 2 minutes et 9 secondes de cet enregistrement) :

« Ce que je ne trouve plus dans mon métier, je le prends dans les poches de mes clients […] Et mon rêve, mon rêve serait de facturer les dépôts. Vous déposez 100 et je vous crédite de 98,50. Génial ! Le problème c’est qu’alors à ce moment-là les gens ne vont plus aller à la banque mettre leur argent. Donc si on veut facturer les dépôts, avant, il faut discrètement supprimer l’argent liquide. Et ça va être compliqué. »

Là vous entendez quelques ricanements condescendants… « Mais c’est ça le fil de l’histoire ! », proteste Nicolas Doze A cet instant, Soumier se met à réfléchir tout haut…

« Pour ne pas aller à la banque, on met l’argent sous le matelas. Pour qu’il n’y ait plus d’argent sous le matelas, il ne faut plus qu’il n’y ait d’argent… »

Ce que je vous raconte depuis des années pénètre maintenant dans les studios d’une radio de grande écoute. La suppression du cash est organisée, voulue et n’a rien à voir avec la traque de méchants terroristes ou de vilains trafiquants qui ne veulent payer aucun impôts. Elle est indispensable pour tenter de sauver le « système », ce système selon lequel les banques créent de l’argent qui ne leur coûte rien (ce qu’explique Jean-Marc Daniel dans la suite).

Cet argent finance la Parasitocratie (politiciens soutenant l’accumulation de déficits mais ne levant pas par lâcheté les impôts correspondants, grosses entreprises parapubliques, multinationales ayant une bonne note de crédit, industries subventionnées par nos impôts…). Ce système qui punit notre épargne et alourdit nos impôts.

Pour tenter de vous opposer à ce complot à ciel ouvert, c’est simple, signez la pétition.

Cette ponction des dépôts et ce vol légalisé deviendront indispensables au fur et à mesure que les taux bas s’éternisent. Demain la Banque centrale européenne va communiquer sur sa politique monétaire. La diminution des rachats obligataires au rythme de 80 milliards d’euros par mois ferait monter les taux d’intérêt à long terme des dettes émises par les pays de la Zone euro. Les finances publiques de ces pays ne peuvent les supporter.

Prolonger le système implique de continuer à forcer les taux à la baisse…?ce qui asphyxie les banques… ?ce qui rend indispensable l’instauration de taux négatifs sur les dépôts…?ce qui nécessite la disparition du cash… Que va faire la Banque centrale européenne ?

« Higher political uncertainty may lead to more domestically focused, growth-hindering policy agendas[…] This, in turn, could delay much needed fiscal and structural reforms and could in a worst-case scenario reignite pressures on more vulnerable sovereigns […] concerns about debt sustainability might re-emerge despite relatively benign financial market conditions »

En substance : les doutes sur la soutenabilité de la dette vont recommencer à émerger. Pour rendre une dette « soutenable » selon nos chères autorités monétaires, il faut tout simplement que les intérêts de cette dette soient nuls … A ce moment pas de problème, la dette peut tendre vers l’infini car 0% d’intérêt sur l’infini… Ha tiens, non, en mathématiques 0 x ∞ est une forme indéterminée. On ne sait pas ce que ça donne. Et dans notre cas, je dirai que ça donne une crise financière et monétaire comme on n’en a jamais vue.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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