À partir de 2020, la SNCF devra ouvrir ses lignes TGV qui représentent 10 % du trafic en France, à la concurrence (« open access »). C'est le « quatrième paquet ferroviaire » européen qui encadre cette ouverture. Adopté fin 2016 à une courte majorité au Parlement européen après plusieurs mois d'âpres négociations, ce paquet prévoit la libéralisation totale des transports de voyageurs par rail en Europe.
Certains TGV ne seront plus opérés par la SNCF
En somme, certains TGV ne seront plus opérés par la SNCF ! Il s’agit là d’un dossier épineux pour le gouvernement, qui doit décider bientôt comment cette ouverture à la concurrence va se faire.
Le gouvernement a deux options : soit, permettre à des opérateurs alternatifs, probablement étrangers, de proposer des trains à grande vitesse sur toutes les lignes. Dans ce cas de figure, le plus probable, toute la difficulté consistera à leur trouver des créneaux horaires. A la SNCF, on n’a évidemment pas envie de faire de la place aux concurrents, en supprimant des trains, mais à certaines heures, il sera pourtant difficile de glisser des trains en plus entre deux TGV. Pour l’instant, c’est cette option qui tient pourtant la corde, et c’est ce que recommande Bruxelles.
Laisser à la concurrence les lignes les moins rentables ?
Mais il existe une autre option, beaucoup plus radicale, portée par plusieurs parlementaires qui vont d’ailleurs déposer une proposition de loi pour la défendre. Elle consiste à découper le territoire national en secteurs, en fonction des lignes et des gares, et à attribuer chaque secteur à un opérateur ferroviaire différent, après un appel d’offres. Ceux qui remporteront ces appels d’offres, auxquels la SNCF pourra bien-sûr participer, seront en situation de monopole pour une dizaine d’années. Ce schéma n’a rien d’utopique puisqu’il est déjà en service dans un pays européen, encore pour quelques mois : la Grande Bretagne.
Certes cela risquerait de semer une pagaille énorme, mais paradoxalement, cela pourrait ôter une épine du pied à la SNCF : il se trouve que les deux-tiers des lignes TGV ne sont pas rentables, notamment à cause des arrêts intermédiaires dans les petites gares qui lui sont imposés. Si la SNCF parvenait à conserver les lignes les plus rentables, laissant à la concurrence les autres, elle ne ferait pas une si mauvaise affaire, d’autant qu’elle pourrait sûrement louer ses trains à ses concurrents.
Et ce n’est pas tout : d'ici 2023, la SNCF devra également ouvrir ses lignes sous contrat de service public (TER , Intercités) !