Le bitcoin est-il vraiment une arnaque ?

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Par Ferghane Azihari Publié le 27 septembre 2017 à 5h00
Bitcoin Peur Banque Jp Morgan
@shutter - © Economie Matin
2008La naissance du bitcoin remonte à 2008.

Jamie Dimon, patron de la JP Morgan, a récemment fait une sortie remarquée dans la presse en qualifiant le bitcoin d’escroquerie.

Jamie Dimon, patron de la JP Morgan, a récemment fait une sortie remarquée dans la presse en qualifiant le bitcoin d’escroquerie et en lançant, au passage, un avertissement à ses employés. Il a en effet affirmé qu’il licencierait à la seconde tout salarié qui s’aventurerait à trader des bitcoins. « C’est contre nos règles et c’est stupide. Or ces deux choses sont dangereuses ». Il affirme que « on ne peut pas avoir un business où quelques personnes créent une monnaie à partir de rien et penser que ceux qui l’achètent sont intelligents ».

Argument étrange quand on sait que cette description est valable pour la monnaie officielle des Etats-Unis qu’est le dollar. Qu’est-ce que la Réserve fédérale, sinon une institution chargée de créer des dollars d’un coup de baguette magique, c’est-à-dire « à partir de rien » ? Depuis l’abandon de l’étalon-or, les monnaies officielles ne sont plus ancrées à une marchandise rare comme les métaux précieux. Deux poids, deux mesures ? Comment expliquer cette prise de position ? Notons que monsieur Dimon n’en est pas à sa première sortie, comme l’illustre ce petit graphique qui, pour l’instant, nous conduit à être sceptique quant aux capacités prévisionnelles du patron de la JP Morgan à l’égard des cryptomonnaies.

Première hypothèse : le patron de la JP Morgan ne comprend pas ce qui fait la valeur d’un actif (hypothèse inquiétante pour un banquier de sa trempe). Il est vrai que le bitcoin est créé « à partir de rien ». Mais cet aspect de la cryptomonnaie ne préjuge pas de sa valeur.

Rareté et utilité forgent la valeur de marché de tout actif

Comme tout actif, le bitcoin tire sa valeur du marché en fonction de sa rareté et de l’utilité qu’en tirent ses adeptes. La rareté est garantie par le code source inscrit dans le protocole bitcoin. Chacun sait que la quantité maximale de bitcoins ne pourra dépasser 21 millions d’unités. La règle est publique. Les investisseurs savent qu’ils ne seront jamais dupés par des dérives inflationnistes.

Quant à l’utilité, elle est évidemment subjective. Mais l’existence d’une communauté bitcoin atteste que de nombreux individus estiment que la détention de cet actif est profitable. Les détenteurs du bitcoin accordent généralement une attention particulière à son aspect décentralisé, le caractère infalsifiable du registre qui sert à valider les transactions (blockchain) et la taille du réseau qui ne cesse de grandir. Aussi longtemps que cet actif sera soutenu par une large communauté, il continuera à jouir d’un certain degré de liquidité et constituera un moyen d’échange tout à fait respectable.

Bien sûr, le bitcoin n’est pas parfait et sa capacité à s’imposer à une très grande échelle est régulièrement débattue. Mais les arguments soulevés par Dimon pour discréditer le bitcoin n’apportent strictement rien d’intelligent au débat.

Les rentiers du système monétaire actuel ont peur pour leur privilège

Il existe cependant une deuxième hypothèse plus probable pour expliquer les propos de Jamie Dimon. Le patron de JP Morgan redoute sans doute les cryptomonnaies dans la mesure où elles concurrencent un système monétaire dont il est le rentier. Comme de nombreuses cryptomonnaies, le bitcoin constitue un avertissement pour les gouvernements et les banques centrales. Les banques privées qui profitent des largesses des Etats et des autorités monétaires ont donc intérêt à adopter une posture défensive vis-à-vis de la main qui les nourrit.

JP Morgan, comme de nombreuses banques, profite régulièrement de l’interventionnisme budgétaire et monétaire de l’Etat fédéral américain. Les banques sont généralement attachées au rôle de prêteur en dernier ressort accordé aux autorités car il leur permet de s’affranchir de la discipline de marché. Chacun sait que ce rôle de prêteur en dernier ressort s’appuie en partie sur la confiance accordée au monopole monétaire des Etats. Or c’est précisément ce monopole que les cryptomonnaies remettent en cause. Leur succès est proportionnel à la défiance envers les émetteurs traditionnels. Il est donc normal que les rentiers du système monétaire montent au créneau pour défendre leurs privilèges. Les déclarations agressives contre la concurrence des cryptomonnaies sont dans ces conditions tout à fait rationnelles. Pour les partisans des cryptomonnaies, le mieux à faire est de les ignorer.

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Étudiant en droit et en science politique à l’université de Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Ferghane Azihari est coordinateur local pour Students for Liberty, un réseau international destiné à promouvoir l’économie de marché. Il est également chargé de mission pour l’École de la Liberté, une plateforme de recherche et d’éducation destinée à faire connaître la tradition libérale à travers le prisme de toutes les sciences humaines. Il publie régulièrement pour le magazine Contrepoints en France, l’Institut Ludwig von Mises aux États-Unis. Il est également rédacteur chez Young Voices. Ses centres d’intérêt se portent plus particulièrement sur les politiques européennes, les relations internationales, la fiscalité et plus généralement les rapports entre le droit positif et la concurrence.

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