La croissance économique en Asie du Sud-Est est excessivement tributaire des ressources naturelles comme le pétrole, le gaz, les minéraux et le bois, ce qui n'est pas viable à long terme et provoque des atteintes à l'environnement qui nuiront à la prospérité si rien n'est fait pour les endiguer, selon un nouveau rapport de l'OCDE.
Intitulé « Towards Green Growth in Southeast Asia », ce rapport constate que les ressources naturelles représentent plus de 20 % de la richesse de cette région du globe, contre 2 % en moyenne dans les pays de l'OCDE, et que leur appauvrissement s'accélère, surtout à Brunei, en Indonésie, en Thaïlande et au Vietnam.
La dépendance à l'égard des énergies fossiles entraîne en outre une augmentation de la pollution qui pourrait bien pousser à la hausse les coûts sanitaires et annuler les progrès de l'espérance de vie. La vulnérabilité de la région aux conséquences du changement climatique est un autre facteur qui devrait inciter à mener des réformes structurelles pour bâtir un modèle de croissance plus respectueux de l'environnement.
« Le modèle de croissance actuel en Asie du Sud-Est n'est pas viable, mais la région se voit offrir une occasion idéale, alors qu'elle se modernise et développe ses infrastructures, de s'engager sur la voie d'une croissance verte », a déclaré le Secrétaire général adjoint de l'OCDE, M. Rintaro Tamaki, lors de la présentation du rapport au Forum sur les stratégies de développement à faibles émissions en Asie, organisé à Yogyakarta (Indonésie). « Des politiques claires et prévisibles permettraient d'attirer des fonds publics et privés vers des projets d'infrastructures vertes capables de favoriser la croissance à long terme tout en préservant l'environnement. »
Les modélisations réalisées par l'OCDE montrent que le changement climatique pourrait faire perdre plus de 5 % de PIB à la région d'ici à 2060, notamment en provoquant une baisse des rendements agricoles et une élévation du niveau de la mer. Les inondations côtières qui touchent les villes d'Asie du Sud-Est provoquent des pertes économiques qui se chiffrent déjà en centaines de millions USD par an, et ce préjudice pourrait atteindre 6 milliards USD par an à l'horizon 2050.
L'Asie du Sud-Est a connu une croissance rapide, mais au prix d'une pollution accrue de l'air et de l'eau, d'un appauvrissement des forêts et des terres arables et de la disparition de mangroves qui protégeaient les zones côtières contre les inondations. Dans beaucoup de villes de la région, la pollution atmosphérique dépasse aujourd'hui largement les valeurs guides de l'Organisation mondiale de la Santé.
Si les énergies vertes tardent à être mises à profit en Asie du Sud-Est, c'est notamment en raison des politiques énergétiques et des subventions qui favorisent les combustibles fossiles par rapport aux renouvelables, constate le rapport. Un verdissement des investissements dans les secteurs agricole et forestier, l'industrie minière et les transports urbains ferait baisser la consommation d'énergie et préserverait les ressources naturelles.