Lettre de Lagarde à Sarkozy : Christine, je t’aime

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Par Charles Sannat Modifié le 18 juin 2013 à 13h07

Oui mes chères amis, aujourd'hui, dans ce monde financier de brutes, j'avais envie de faire une déclaration d'amour (pas à ma femme mais elle ne m'en voudra pas pour cette fois).

Une déclaration d'amour à Christine Lagarde. Je t'aime Christine, toi qui inspires tant d'éditos et qui me viens en aide grâce à ton humour impayable les jours où l'inspiration me manque.

Christine et le vélo !
Un jour, tu as eu cette phrase remarquable à propos de ton petit peuple qui hurlait devant tes fenêtres de Bercy que l'essence était trop cher (essence et gasoil bien sûr). Tu leur as donc dit avec ta sagesse coutumière, ton humour tranchant et ton sens tout personnel du ridicule que « si l'essence est trop cher qu'ils prennent leur vélo ».

Ce jour-là, moi, qui fais partie du petit peuple et qui accompagne mes mioches à l'école en vélo (comme quoi je t'écoute Christine), j'ai beaucoup rigolé. Tu sais Christine, rien ne vaut le confort d'une belle limousine avec chauffeur (pas de problème de points en moins), climatisation plusieurs zones (frais en été et chaud en hiver) et gyrophare pour ne pas se faire stupidement arrêter par de vils bouchons de la circulation qui, je dois le reconnaître, doivent rester l'apanage du petit peuple.

Le problème du vélo, c'est que lorsqu'il pleut, on se mouille et longtemps car on arrive pas vite, que lorsqu'il fait froid, on a froid longtemps et que lorsque l'on a plusieurs gosses à transporter et 40 bornes à faire tous les jours sans pistes cyclables, il faut bien reconnaître que le vélo c'est super... mais pour les autres hein ma chère Christine...

Christine et la « crise est finie »
Là aussi avec ton histoire de la crise est finie, elle est derrière nous que tu nous as ressorti tous les trimestres en nous disant que la crôassance allait revenir le semestre prochain, on s'est bien marré, c'était un très bon sketch. Y a pas à dire, tu étais en forme à chaque fois.

On voit bien qu'à défaut de vélo, tu étais une ancienne championne de natation. Synchronisée la natation... un peu comme tes conneries avec les meilleurs moments de la crise.

À chaque fois que tu nous disais que le pire était derrière nous, pouf, il resurgissait devant nous... Franchement, depuis que tu n'es plus ministre, je m'ennuie de toi.


Christine et la « rilance »
Ça Christine, je dois te le confesser, jusqu'à aujourd'hui, c'était mon spectacle préféré de toi. Oui, tu sais ton truc sur la rilance. Quelle poilade... !

Pendant des heures, tu nous a fait vibrer avec ton histoire sur la conduite d'une voiture en accélérant d'un pied, en freinant de l'autre, sans tenir le volant avec les mains et en se fermant les yeux. Tu nous expliquais que tout se passerait bien et que l'on pourrait faire de la rigueur en faisant de la relance, que ça marcherait et tu avais si brillamment appelé cela « la rilance ». C'était du grand art.

Et puis arrive ton dernier one-girl-show (je ne sais pas comment on dit one-man-show pour une fille mais comme je ne veux pas être embastillé tout de suite par les Femen, je suis obligé de faire preuve de créativité sémantique politiquement correcte).

La lettre d'allégeance de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy
Un truc génialissime, moi qui ne savais pas quoi raconter ce soir-là, je dois dire encore une fois tu m'as sauvé des eaux !

C'est Le Monde qui a sorti cette perle. Comment expliquer autrement que par un sens aigu de l'humour de nos pandores enquêteurs que cette lettre à Nicolas Sarkozy se retrouve ainsi étalée dans la presse, à la vue de tous. Il faut dire, de toi à moi, qu'un tel script ne pouvait pas rester comme ça dans un tiroir. C'est un chef-d'œuvre. Il fallait le publier.

Pour vous mes chers contrariens qui n'auriez pas encore lu cette déclaration extraordinaire de Dame Christine à Talonneto (Nicolas Sarkozy), la voici :

« Cher Nicolas, très brièvement et respectueusement », écrit la patronne du FMI.

« 1) Je suis à tes côtés pour te servir et servir tes projets pour la France.

2) J'ai fait de mon mieux et j'ai pu échouer périodiquement. Je t'en demande pardon.

3) Je n'ai pas d'ambitions politiques personnelles et je n'ai pas le désir de devenir une ambitieuse servile comme nombre de ceux qui t'entourent dont la loyauté est parfois récente et parfois peu durable.

4) Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.

5) Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible.

Avec mon immense admiration.

Christine L. »


Une leçon de « faux culisme » parfaite
J'ai compris ce soir avec cette histoire de « déclaration d'allégeance » plusieurs choses, d'ordre personnel tout d'abord, et puis d'ordre général ensuite.

En ce qui me concerne, je dois avouer que j'ai pris conscience que je serais à l'abri de toute « belle » carrière ne sachant pas être faux cul à ce niveau. Je crois que le pire c'est d'accepter de se rabaisser au niveau du « utilise-moi pendant le temps qui te convient ».

J'espère que les juges qui enquêtent sur l'affaire du Carlton de Lille de DSK ne vont pas tomber sur cet article du Monde car il pourrait mettre Talonneto (Nicolas Sarkozy) en examen pour proxénétisme aggravé... Déjà qu'il l'est pour abus de faiblesse sur petite vieille ultrariche... cela ferait mauvais effet !

Enfin, j'ai beaucoup aimé le passage du point numéro 5 (de Chanel ?) où Dame Christine désigne son chef comme guide suprême. Je ne dirai pas à quoi me fait penser le mot « guide » que j'ai en sainte horreur depuis qu'un petit moustachu allemand s'était mis en tête de « guider » l'Europe !

Ce qui va nous servir comme excellente transition vers les considérations d'ordre général liées à cette déclaration d'amour de Christine à Nico...

Toute sa lettre respire la déférence la plus abjecte et la plus basse. Or il est impératif, en tout cas dans une démocratie (théoriquement), qu'il y ait des contre-pouvoirs. Cela doit s'exprimer dans l'entourage du chef de l'État. Il faut qu'il y ait des gens capables de lui dire non, capables de lui dire qu'il fait fausse route, capables de lui faire entendre les rumeurs provenant d'un truc assez inutile selon eux (nos zélites) appelé « peuple » et qui ne sert qu'une fois tous les ans à se faire élire.

Un homme seul, fût-il un chef d'État, ne peut ni tout connaître ni tout savoir. Il doit pouvoir compter sur une équipe de collaborateurs certes dévoués mais avant tout compétents.

Or la compétence ne peut pas s'accommoder de l'allégeance.
Le savoir-faire, ce n'est pas se transformer en carpette.
Le caractère, ce n'est pas de se taire en attendant le « guide suprême ».
Il faut savoir dire oui, certes, mais surtout savoir dire non. Dire non demande de la force et de l'indépendance.

Bref, Madame Lagarde, ancienne grande avocate d'affaires, ancienne ministre de l'Économie et des Finances, actuelle directrice générale du FMI, a un palmarès de carrière assez impressionnant disons-le.

Pourtant, à la lecture de cette lettre, il émane de tout cela une bassesse intellectuelle, un manque d'intelligence flagrant, une absence de grandeur total, une insuffisance d'imagination impressionnante, un manque de courage visible, le tout mâtiné d'une fatuité saisissante.


Tout cela pourrait prêter à rire
Le problème c'est que le cas de Madame Lagarde n'est pas isolé. Le comportement de Madame est la norme.

Notre pays et notre monde sont dirigés par des crétins se croyant supérieurs au peuple pour lequel ils affichent un mépris profond.

Notre pays est dirigé par des imbéciles sans vision qui sont en grande partie LE problème de l'absence de solution.

C'était le cas pour l'équipe de Talonneto. Il en va de même dans l'entourage d'Hollande Normal 1er.

Des hommes faibles, au moins de caractère, ayant besoin d'une cour de courtisans jouant à qui sera le plus fayot pour se rassurer.

Tout cela est pathétique et consternant. Un grand merci onc à Dame Christine, qui vient de nous faire encore une superbe « lagourderie » et de nous montrer le véritable visage de la République.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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