La mondialisation : échec et…mat ?

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Par Jacques Martineau Publié le 16 août 2018 à 5h00
Mondialisation Economie Etats Unis
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33 milliards ?Le déficit du commerce extérieur de la France atteignait 33 milliards

La mondialisation n’est pas un rêve, c’est un fait. Partisans ou opposants de ce type de commerce mondial sont dépassés. Les lobbies des grands groupes internationaux et des milieux financiers gèrent cet ensemble. De l’intention à l’action, les États-Unis ont décidé de bouleverser l’« échiquier »…

Les États-Unis mettent un frein à un système « libertaire »…

La politique actuelle des Etats-Unis, « America first », n’en finit pas de perturber le « jeu » en remettant en cause ce commerce mondial « libertaire » avec un sévère vent de protectionnisme inattendu. A l’Est comme à l’Ouest et au Moyen Orient, l’Union européenne, la Chine, l’Iran et la Turquie au premier chef, sont concernés par les menaces des taxes et des sanctions américaines, sans parler de la Russie pénalisée et avec laquelle il faudra néanmoins composer. Sans oublier outre-Atlantique, le Canada et le Mexique…

Ce sont au départ de véritables conflits commerciaux psychologiques qui sont suivis d’embargos sur le « terrain » et d’actions économiques et financières concrètes. Quels sont les véritables enjeux politiques masqués des États-Unis, « maîtres du monde », devant tous ces bouleversements ? La mondialisation deviendrait-elle « liberticide » avec la situation de l’Iran face aux intentions américaines qui ne seront pas sans conséquences pour l’Union européenne et en particulier pour la France ?

Les pays européens étaient déjà plutôt mal préparés à une évolution grandissante, inattendue et rapide des marchés économiques. De son côté, l’Union européenne ne l’était pas du tout, bien qu’elle soit politiquement complice de cette atrophie qui s’est développée dans la plus grande confusion et injustice fiscale et sociale.

A l’inverse, dans le « monde du numérique », un simple exemple illustre la prédominance des « géants » américains avec la domination mondiale des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Avec le développement de l’Intelligence Artificielle (IA), leur domination sera totale. Rappelons que la société Apple est capitalisée aujourd’hui à hauteur de plus d’un milliard de dollars ! Ce montant est déjà supérieur au PIB de nombreux pays de l’Union européenne ! Dans ce même domaine, la Chine, très attentive, toujours à l’affût et anticipatrice s’est fortement mobilisée. Elle souhaite très vite pouvoir jouer son rôle et concurrencer à terme les « géants » américains du numérique. Un défi qui ne laisse pas indifférent…

L’Union européenne continue à favoriser un « surplace » préjudiciable !

Depuis des années, il est clair que les plans de rigueur et d’austérité, alambiqués et plus ou moins sophistiqués se sont développés en référence aux consignes de Bruxelles avec la complicité de l’Allemagne qui soutient cette politique. La France continue à voir son déficit du commerce extérieur s’accroître à hauteur de 33 milliards d’euros fin juin. Avec la plupart des pays de l’Union européenne, elle est toujours « hors-jeu » des importants marchés innovants quoiqu’on puisse espérer. L’Allemagne affiche un excédent sur la même période de 19 milliards d’euros, malgré la hausse de la facture énergétique. A noter qu’elle réalise l’essentiel de son marché dans la zone euro. On est loin de mesurer encore aujourd’hui les conséquences de ce déséquilibre. Il suffit pour cela de constater les forts taux de chômage dans l’Union européenne, non encore résorbés dans la majorité des pays, pour s’en rendre compte.

Sous les yeux de la Commission et du Conseil européen, cette période a néanmoins été très favorable aux lobbies industriels, aux milieux bancaires, aux spéculateurs, à l’évasion fiscale tous azimuts, au développement des pays émergents et à un libre-échange sans souci, derrière un euro protecteur fort avec la garantie d’une inflation maîtrisée. Ce ne sont pas les pays profiteurs qui ont jugé qu’il soit utile de s’en préoccuper jusqu’à présent. Cet espace « libertaire », avec la complicité de l’OMC qui devrait revoir ses règles, a aussi accentué les différences entre pays riches et pays pauvres. Partout, l’actuel problème des migrants ne fait que confirmer cette instabilité permanente et non prête d’être maîtrisée...

La recherche de la croissance : à chacun son style ?

Le retour de la croissance, après une période de récession en référence aux prévisions de l’OCDE, devrait relancer l’économie et les ressources fiscales correspondantes. Les États-Unis ont fait leur choix : United States « great-again ». Le repli sur soi au service de ses propres intérêts est la réponse proposée face au « monde ». Un taux de croissance supérieur à 4%, un taux de chômage de l’ordre de 3,5% confortent cette politique devant un déficit du commerce extérieur en hausse. Face à un dollar d’autant plus ajustable, la politique d’un euro fort a eu et continuera à avoir de lourdes conséquences au nom d’une inflation contenue, grâce à une BCE muselée, et ce, indépendamment du problème de régulation des marchés et d’une politique monétaire au plan mondial. L’inflation de retour et l’augmentation conséquente des taux seront là pour compliquer la « donne ».

Un commerce européen essentiellement replié sur lui-même…

Dans l’Union européenne et en particulier dans la zone euro, l’essentiel du commerce extérieur se fait entre partenaires. Seuls les pays producteurs à balance commerciale positive s’en sortent et principalement sur le marché européen qui est leur premier client. Une très faible partie du commerce européen se fait hors de l’Union. La Chine, comme certains pays émergents, sont en quête de savoir-faire et de transfert de technologies. Ils ont un libre accès au marché européen. Le protectionniste ciblé, en cas d’absence d’accord de réciprocité d’accès à leur marché, reste une incantation sans suite. L’Allemagne y est opposée. Les sanctions économiques contre la Russie sont en pleine contradiction avec l’esprit d’ouverture et les tendances actuelles.

La disparité économique et fiscale, du niveau de vie et des règles sociales, dans l’ensemble de l’Union et de la zone euro s’ajoute à cette brillante « cacophonie ». Cette disparité a entraîné de nombreux dysfonctionnements et continue à favoriser un grand nombre de délocalisations qui se multiplient vers les pays émergents, avec ou sans retour pour ces derniers. Si les politiques parlent occasionnellement de la mondialisation et de ses limites, ils se gardent bien de la critiquer. Ils craignent les conséquences électorales ou partisanes de leurs propos. Quoiqu’il en soit, nul n’est en mesure d’appréhender la suite.

En conclusion : échec et… mat ?

Avec leurs résultats au plan intérieur, le repli sur soi économique des États-Unis, qui s’est concrétisé par une violente guerre des taxes, handicape le commerce mondial. Les « maîtres du monde » ne seraient-ils pas en train de réaliser un « échec et… mat » sans retour dans la forme contre la mondialisation « libertaire » ? Bien entendu, les échanges et le commerce international existeront toujours mais la « donne » ne sera plus jamais la même…

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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