La mi-temps d’un mandat catastrophique pour les entreprises, c’est maintenant

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Par Sophie de Menthon Modifié le 11 novembre 2014 à 6h34

Mauvaise idée que ce point d'étape du Président de la République pour célébrer la mi-temps d'un mandat au bilan catastrophique pour les entreprises. Comment reprendre espoir pour la seconde partie de cette mandature lorsqu'on n'en finit pas de payer les pots cassés, au sens propre et au sens figuré, d'un échec politique, social et économique.

On ne dira jamais assez que les entreprises ne sont ni de Gauche, ni de Droite : preuve en est que contrairement aux opposants des clans multiples, les entrepreneurs ne rêvent que d'une chose : le succès des mesures que ce gouvernement pour les deux ans 1/2 à venir !

Que va-t-il dire, que peut-il dire, que doit-il dire ?
Le chef de l'Etat va-t-il enfin assumer officiellement son "tournant" économico-idéologique ? Car il existe du moins dans le discours.
Quant au traditionnel bilan : pitié, pas de faux semblants, oserait-il se satisfaire ? De la défiscalisation des heures supplémentaires ? De la croissance en berne ? Des déficits qui montent ? Du chômage qui grimpe ? Du budget de l'Etat qui stagne ? Des "économies" qui nous coûtent si cher ? Du socle de complexité abyssal croissant malgré les efforts d'un Ministre convaincu ? Des contrôles pesants ? De la suspicion croissante ? Du foisonnement des commissions inutiles ? De la mauvaise humeur contenue de Bruxelles ? De la révolte des espèces animales : pigeons, poussins, moineaux, sans oublier collectivement les dindons silencieux de la farce !

Le dialogue social est mort, l'image des hommes politiques agonisante... et nous, les Français, ne nous sentons pas très bien.
Alors il y a bien sûr quelques bouées de sauvetage auxquelles se raccrocher sans conviction.
La seule usine à gaz qui reste en France : le CICE ? Les entrepreneurs commencent certes à utiliser le crédit d'impôts ; méfiants mais faute de baisse de charges... On leur a tellement dit qu'on leur faisait des cadeaux qu'ils essaient d'y croire. Même si desserrer la corde qu'on vous a mise autour du cou en vous expliquant que l'oxygène dont vous bénéficiez est un "cadeau" laisse sceptique. Les sommes annoncées venant dont ne sait où, qui sont de fait étalées sur 3 ans, compensent à peine les taxes innombrables qui tous les matins guettent le patron et ses salariés.
"Dégager le côté positif de la chose" : un sketch d'un vieux comique célèbre, voilà ce qu'on nous demande de faire.
Certes, il y a consensus des gens compétents, une prise de conscience que les solutions, les propositions, les rapports, les commissions, les consultations et les préconisations de toutes part se rejoignent et sont les bonnes...
Mais personne n'en tient compte. Savoir ce qu'il faut faire constitue un pas en avant, mais ne pas en avoir le courage en le sachant, est un grand pas en arrière.

Que faudrait-il ? Il faudrait que le Président de la République se lâche ! Qu'il dise la vérité, la vraie vérité.
En l'occurrence : "Pendant ma campagne, j'ai laissé mon cœur parler et l'idéologie prendre le dessus, mais aujourd'hui la réalité s'impose et la Gauche ne peut plus vivre de mensonges et d'idées fausses. Nous ne pouvons plus ignorer ce que les autres pays ont compris. Nous ne pouvons plus laisser croire qu'il suffit de prendre l'argent "où il est" c'est-à-dire chez ceux qui en ont gagné à la sueur de leur front et en récoltant les fruits de leur talent et de leur prise de risques...". Nous ne pouvons plus taxer pour faire semblant de réduire la dette.
Il faut dire aux Français qu'à ce stade d'impopularité "moi Président de la République j'ai décidé de sacrifier une hypothétique pseudo-réélection en prenant les mesure indispensables pour réformer, même si elles sont contradictoires de ce qui structure un aveuglement socialiste qui divise mon propre camp".
Il faut qu'il explique qu'il ne s'agit pas de sacrifier la fonction publique ni de s'attaquer à des fonctionnaires respectables et mal dirigés, mais qu'il est temps que les salariés Français soient égaux entre eux, devant la maladie, les impôts, la retraite.
Il faut qu'il se comporte en Chef de l'Etat courageux capable de définir les missions régaliennes qui se verront assurées, celles-ci seulement par des Fonctionnaires, seuls bénéficiaires d'un régime spécial... au lieu de rendre ce sujet tabou puisque on sait qu'il s'agit de la seule réserve électorale de voix.
Il faut être magistral, pédagogue, il faut entrainer le pays, il faut surprendre, risquer le tout pour le tout devant les Français, faire la preuve en un minimum de temps que la France pendant les 2 ans et demi à venir aura à sa tête l'homme de la situation.
Lancer un appel aux hommes politiques de bonne volonté de tous bords pour qu'ils l'aident à mener à bien le changement fondamental d'un modèle économique et social qui n'en est plus un.

L'intérêt général pour une fois pourrait-il être au rendez-vous ? La France entière l'attend.
François Hollande peut décider d'être l'homme providentiel qui sans calcul d'arrière boutiques, sans état d'âme politicien, aidé par les quelques ministres qui partagent ses convictions, lance ce défi de réformer la France en profondeur.
Et pour rassurer tous ceux qui tremblent de perdre ce petit privilège, ce quelque chose qu'ils ont déjà perdu...
Rappelons-leur qu'"il faut que tout change pour que rien ne change."

Article initialement paru sur Atlantico et reprpduit ici avec l'aimable autorisation de son auteur

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Sophie de Menthon est la présidente du mouvement patronal Ethic. Elle est également membre du conseil économique et social (CESE), et auteur de nombreux ouvrages pédagogiques ou de vulgarisation pour la jeunesse.    http://www.sophiedementhon.fr/

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