La guéguerre électorale de la CSG

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Par Simone Wapler Publié le 6 juin 2017 à 5h00
France Csg Impot Fiscalite Elections
@shutter - © Economie Matin
20 milliards ?La CSG rapporte 20 milliards d'euros de plus que l'impôt sur le revenu.

Ni gauche, ni droite, En marche fiscale souhaite augmenter la CSG de 1,7 point. Pour se démarquer d’En marche, François Baroin, désormais représentant des Républicains, critique cette mesure.

Les contribuables atterrés constatent que l’attelage « charrue devant les bœufs » est le système préféré des politiciens français qui – faute d’idées – tentent ainsi de galvaniser un électorat passablement décapé par l’impôt. Je dis « charrue devant les bœufs » car autant nous aimons discuter de façon tatillonne des impôts, autant nous n’aimons pas discuter de ce qu’ils financent, à savoir les dépenses publiques.

Dans un pays où 57% de l’activité est sous l’emprise de l’État, il semblerait plus judicieux de discuter de la diminution des dépenses plutôt que de savoir comment organiser les recettes (qui de toute façon sont insuffisantes et c’est pour cela qu’il y a en plus un déficit). Pour une fois, dans cette chronique, moi aussi, je vais pratiquer l’attelage inversé et ne pas vous parler de capitalisme de copinage, de subventions-taxations-perversions, des gâchis d’argent public, d’investissements… mais d’impôt.

En préambule : je suis incroyante. Je ne souscris pas au miracle de Saint Fisc. Je vous rappelle le principe du miracle de Saint Fisc mis en évidence par les auteurs de la Théorie de la révolte fiscale, Serge Schweitzer et Loïc Floury :

« L’argent privé corrompt, l’argent public soulage. C’est pourtant rigoureusement le même, mais qui s’est transformé en se bonifiant par le miracle de Saint Fisc ».

L’argent public est propre car il est collecté par des fonctionnaires au-dessus de tout soupçon et réparti pour le « bien public » par des politiciens qui ne veulent que le bonheur de leurs électeurs, c’est-à-dire le « peuple ». Si comme moi, vous êtes mécréant, vous pouvez choisir. Soit vous estimez que l’impôt n’est qu’une forme de vol légal et vous vous y opposez. Vous acceptez la prison. Ou bien vous achetez une île déserte ; vous commettez des actes terroristes sur le continent pour réclamer votre indépendance ; une fois cette indépendance obtenue, vous vivez selon vos principes en repoussant fermement un éventuel abordage des croyants de Saint Fisc sur vos côtes.

Soit vous estimez que l’impôt n’est qu’une forme de vol légal, mais que ce vol est – comme la mort – inéluctable car vous souhaitez conserver des rapports dits sociaux avec les autres bipèdes. Dans ce cas, la CSG qui s’appelle « Contribution Sociale Généralisée » est un merveilleux impôt qui mérite bien son adjectif. Cet impôt rapporte 20 Mds€ de plus que l’impôt sur le revenu, lequel n’est payé que par 45% des contribuables et atteint rapidement des taux confiscatoires de 45%.

Les trois merveilleuses qualités de la CSG :
- Universelle, elle s’applique à tous et à tout (salaires, primes, indemnités, pensions, allocations de chômage, revenus fonciers, revenus mobiliers…).
- Simple, pas de seuil, pas de déduction, pas de dérogation, pas de passe-droit.
- Taux unique de 7,5%.

Certes, on peut lui trouver un défaut : prélevé à la source, cet impôt devient indolore. C’est comme un si un pickpocket vous faisait les poches, à vous et à tous les occupants d’un wagon. Pas de stress, pas de douleur et le partage d’un mauvais traitement le rend plus supportable. Avec l’impôt sur le revenu, un racketteur vous met un rasoir sous la gorge pour vous demander votre portefeuille tandis que les autres occupants du wagon – à qui on ne demande rien – font mine d’être très absorbés par leur journal.

L’idéal serait une CSG déclarative : chacun constaterait ainsi l’effort de l’impôt et que rien n’est gratuit. Mais arrêtons de rêver. Emmanuel Macron souhaiterait à nouveau tout compliquer et pratiquer 9,2% pour les revenus d’activité, 9,9% pour les revenus de placement et 8,3% pour les revenus de retraite.

Parallèlement, il offre quelques gâteries aux salariés sous forme d’allègement de cotisations sociales. Si bien que le résultat serait plutôt positifs pour cette catégorie de contribuables. Certes, pas pour ceux qui ont des revenus de leur épargne, mais ce sont des « riches », donc minoritaires et les politiciens de droite comme de gauche recherchent avant tout des voix. Et évidemment, pas pour les retraités… Ca tombe bien, justement, les jeunes votent plus pour En Marche que les vieux, plus statiques. Du coup la droite se pose en défenseur des retraités plumés. Voilà un sujet de campagne capable de conduire l’électorat vers le bulletin électoral souhaité par le promoteur de chacune des variantes de la taxation.

En attendant, cela permet de ne surtout pas parler du déficit, du rôle de l’Etat, des économies budgétaires, des retraites, du monopole de l’assurance-maladie, des gabegies d’EDF, d’Areva, de la SNCF, des portiques écotaxes, des irresponsables-non-coupables… Mais puisqu’il faut parler impôt, Camarade-contribuable, moi je dis : vive la CSG ! Fusionnons-la avec l’impôt sur le revenu, adoptons un taux unique et simplifions. Par pitié, surtout, simplifions.

Certains terminent de remplir leur déclaration de revenu. Vous y avez probablement gâché quelques heures de vos loisirs. En faisant votre sacrifice à Saint Fisc, pensez à mettre aussi un cierge à Sainte Rita, patronne des causes perdues.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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