Les options put de Greenspan et Bernanke disparaissent. Au contraire, les investisseurs se retrouveront bientôt sans acheteur en dernier ressort, avec une Fed vendeuse.
The Washington Post :
« Le parti républicain a largement abandonné sa politique de restrictions budgétaires, pour se tourner vers une voie qui pourrait déboucher sur des milliers de milliards de dollars de dette dans la prochaine décennie. Réduire les dépenses pour équilibrer le budget était presque la nouvelle religion du parti Républicain au cours des huit dernières années. Mais tout au long de l’année, malgré leur contrôle de la Maison Blanche et du Congrès, les républicains n’ont pris aucune mesure pour équilibrer le budget, pour réviser les programmes de Medicare et Medicaid, ou bien pour stopper la croissance de la dette de 20 000 Mds$. »
Sans blague ! Voici une version abrégée de ce qui va se passer… Ni les républicains, ni les démocrates ne s’intéresseront à la contrainte budgétaire. Le déficit budgétaire va s’accentuer car c’est ce que désire le Deep State. La Fed ne va pas pousser à la restriction budgétaire ; au contraire, elle va faciliter davantage les dépenses publiques. Le Deep State en a besoin. La voiture incontrôlable va continuer sa course insensée jusqu’à ce qu’elle quitte sa trajectoire et sorte de la route… Le Deep State mérite cela.
Ce qui nous amène à la rigueur budgétaire : « l’option call de Kevin Warsh ». Lors de notre discours devant des investisseurs à Londres nous décrivions comment l’équipe Trump avait échoué à limiter les échanges gagnant-perdant tant aux Etats-Unis qu’à l’extérieur du pays… et pourquoi la dette allait continuer à augmenter jusqu’à ce que la bulle éclate. Les échanges gagnant-perdant ont proliféré parce que les initiés qui contrôlent le gouvernement – ce que nous appelons le Deep State – veulent qu’ils continuent.
Ces initiés ne vont pas se mettre à lever des impôts auxquels ils seraient eux-mêmes assujettis… pas plus qu’ils ne vont mettre fin à leurs avantages et privilèges. Ceci les maintient dépendants du crédit bon marché de la Fed. Mais pourquoi donc cette situation ne continuerait-elle pas, comme ce fut le cas ces 30 dernières années ? L’argent réel – l’or – survit aux krachs boursiers et aux crises, parce que l’or-métal représente de la richesse réelle. Mais le système actuel repose sur l’argent à crédit et non sur du véritable argent.
C’est la différence entre détenir une action en propre (stock outright) et détenir une action on margin, avec un effet de levier (avec des fonds empruntés à son courtier). Même après un krach, vous possédez toujours la première. Par contre, pour la seconde, il se peut que l’on vous demande de rembourser votre emprunt. L’argent du crédit est rappelé dans sa demeure lors du retournement d’un cycle économique. Cet argent né du néant, au néant retourne. Alléluia ! L’argent réel prend la place qu’il mérite du côté droit du bilan. C’est un actif. Il représente des biens et des services : la richesse tangible. Mais l’argent originaire du crédit doit être mis du côté gauche du bilan, le côté sinistre, le passif. C’est une perte. Cela représente un droit sur un travail qui n’a pas été effectué, sur un produit qui n’a pas été produit, un salaire qui n’a pas été gagné et des profits qui n’ont pas été comptabilisés.
L’Enfer du remboursement
« Le véritable problème » avons-nous tenté de répondre à la fin de notre discours à Londres lors des questions, « c’est que la dette et les obligations d’aujourd’hui dépendent de la croissance – de productions futures – ce qui n’est pas prèt d’arriver. A long terme, les taux de croissance ne sont pas près de monter, ils vont descendre. Il y aura de plus en plus de personnes âgées à soutenir, la technologie ne remplit pas sa promesse de gains de productivité et la dette ne peut augmenter sans arrêt. Arrivés à un certain point, les gens vont réaliser que l’argent qu’ils possèdent et les promesses à venir d’argent ne sont pas aussi bonnes qu’ils le pensaient.
Les taux d’intérêts n’ont fait que baisser plus ou moins, ces 37 dernières années. » Le fardeau de la dette s’est accentué. Lorsque les taux d’intérêts commenceront à augmenter, ce sera une toute autre paire de manches. L’argent à crédit afflue et reflue. A moins que les banquiers de la Fed ne trouvent un moyen d’arrêter la marée, rembourser deviendra un enfer lors du prochain reflux. Nous l’avons dit à maintes reprises, la Fed ne voudra jamais laisser cette situation se produire de son plein gré, mais elle pourrait survenir involontairement.
Le cycle du resserrement a déjà commencé. La semaine dernière, les premiers 10 Mds$ d’obligations ont été retirés du bilan de la Fed. L’année prochaine en cette même période de l’année, la Fed est supposée réduire son bilan – et la base monétaire mondiale – de 600 Mds$ par an. En outre, il est probable qu’à la tête de la banque fédérale nous trouvions Kevin Warsh, un ancien avocat de Wall Street que le président G. W. Bush avait nommé au Conseil des gouverneurs de la banque fédérale. Il est le favori pour remplacer Janet Yellen à l’expiration de son mandat l’année prochaine en tant que président de la Fed. Et d’après ce que nous avons pu lire, il est plus « faucon » – c’est-à-dire partisan d’une rigueur budgétaire – que les trois derniers présidents de la Fed.
Le pneu éclaté de l’économie financière
M. Warsh, qui démissionna de son poste de gouverneur de la Fed en 2011, affirme qu’il aimerait que la Fed soit en mesure de lutter contre la prochaine récession… en augmentant maintenant les taux. Il est aussi partisan de faire cesser la politique consistant pour la Fed à soutenir le cours des actions. M. Warsh clamait que la Fed était devenue « l’esclave du S&P 500 ». Il brisera les chaînes en augmentant les taux d’intérêt et en débouclant le QE.
Au lieu de soutenir les investisseurs, en étant prête à acheter des actifs lorsque les marchés baissent… sous le régime de Warsh, la Fed pourrait devenir le pire ennemi des investisseurs. Durant les quatre prochaines années, Warsh est censé vendre des obligations et non les acheter. Les options put de Greenspan, Bernanke et Yellen deviendront des options call avec Warsh. Nous doutons que Warsh ou quiconque ait la ténacité de s’y tenir après la chute des actions. Mais la Fed a le poignard bien en main et elle vise le dos des investisseurs. Elle pourrait même les suriner. Nulle voiture ne peut continuer sa course en éclatant un pneu. La bulle de l’argent à crédit ne peut survivre à un éclatement.
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