La Fed sans vraie surprise

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Par Stéphane Déo Modifié le 23 mai 2019 à 11h15
Fed Etats Unis Eclatement Bulle Actions
@shutter - © Economie Matin

Les minutes de la Fed n’ont pas réservé de surprise majeure. Elle est toujours « patiente », même si les marchés continuent de penser qu’une baisse des taux cette année est probable. Les britanniques votent aujourd’hui pour les élections européennes. Les rumeurs de départ de Theresa May se font de plus en plus insistantes.

Point de marché : la Fed confirme

Peu de surprises dans les minutes de la Fed qui continue de souligner sa patience. Les participants disent que la croissance est « solide » en notant néanmoins la modération de la consommation des ménages et de l’investissement. En comparaison de la conférence de presse de Powell après le FOMC il est intéressant de noter le ton un peu plus « dovish » des minutes en ce qui concerne l’inflation, bien que « plusieurs » participants décrivent la baisse récente comme « probablement transitoire ».

En somme, rien de surprenant et d’ailleurs les marchés ont peu bougé sur la publication. Il nous semble qu’il faut lire la communication de la Fed comme une confirmation du statu quo monétaire, le scénario central restant une Fed qui ne bouge pas ses taux de l’année, avec peut-être un risque mineur de hausse si l’économie venait à montrer des signes de surchauffe. Le marché, lui, ne l’entend pas du tout de cette oreille et continue de penser qu’une baisse avant la fin de l’année est probable, 70,9% de probabilité ce matin.

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Nous avions noté que la communication de Powell était loin d’être parfaite : sur les 10 FOMC qu’il a présidé, 9 ont été suivi d’une baisse du marché le jour de la décision, dans seulement 10% des cas le marché a donc salué le FOMC. Ses trois prédécesseurs avaient un bien meilleure performance avec 60 à 65% des FOMC suivis par des hausses du marché. Nous avons regardé si Powell a plus de chance avec la publication des minutes. Les proportions sont là beaucoup plus en ligne avec ses prédécesseurs avec une hausse du marché que dans la moitié des cas même si hier la bourse a une nouvelle fois baissé. C’est donc bien l’oral qui pèche chez Powell.

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La Fed et les crises mondiales :

Excellent papier de la Fed de New-York « The Role of U.S. Monetary Policy in Global Banking Crises » disponible sur https://www.federalreserve.gov/econres/feds/files/2019039pap.pdf

Le graphique ci-dessous, tiré du papier, montre la probabilité historique des crises bancaires par pays. L’idée du papier est d’expliquer les liens internationaux entre ces crises avec un focus sur le rôle de la Fed.

La conclusion principale est que le resserrement monétaire de la Fed augmente la probabilité d’une crise bancaire non seulement aux Etats-Unis mais aussi dans le reste du monde. Si la conclusion semble intuitivement évidente (et si beaucoup d’exemples viennent à l’esprit), l’intérêt est de décortiquer les mécanismes de transmission. Un montant important de passif en dollar est un élément important d’explication, ce qui là aussi semble conforme à l’intuition. L’autre facteur explicatif important est le lien commercial, il s’agit donc d’un facteur extra-financier et l’explication est liée à l’intégration des économies.

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Elections européennes, les Britanniques votent

Les élections européennes de 2019 ont lieu entre aujourd’hui 23 mai et dimanche 26 dans les vingt-huit Etats membres. Les quatre pays majeurs, Allemagne, France, Italie et Espagne votent dimanche, les britanniques votent aujourd’hui.

Les derniers sondages montrent que le « Brexit Party » de l’inénarrable Nigel Farage obtiendrait 38% des voies, et qu’il a complétement siphonné le parti conservateur de Theresa May qui deviendrait, ce soir, le quatrième parti britannique. Le très respectable « Times » annonce même la démission de Theresa aujourd’hui.

Il faut néanmoins relativiser ces chiffres, d’une part en prenant en compte l’extraordinaire fiabilité des sondages, mais aussi parce qu’en cas d’élections générales, les intentions de vote sont très différentes, avec un Brexit party qui revient à 19%, les travaillistes à 31% et les conservateurs qui redeviennent le second parti à 21%.

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La livre sterling, elle, commence à souffrir très nettement, elle a perdu plus de 3,5% contre euro depuis le début du mois.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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