La distribution de pouvoirs réservés

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Par Jacques Martineau Modifié le 30 août 2016 à 7h36
France Election Presidentielle Nomination
@shutter - © Economie Matin

A quelques mois du début de la campagne présidentielle 2017, l’agitation est à son comble. Le gouvernement en place prépare son retrait. Au delà des apparences de continuité, on ne compte plus le nombre important de nominations, parachutages ou autres pantouflages réservés à un petit nombre de privilégiés, politiques ou non.

Cet usage, très français, n’évolue pas. Très protégés, ces us et coutumes continuent à tenir le haut du pavé. La distribution de pouvoirs réservés au bénéfice par le « politique » n’est pas toujours discrète et trop souvent discutable. Ces opérations, plus ou moins réussies, font souvent la « Une » des journaux et des hebdomadaires. C’est une pratique politique bien rodée…

Une pratique d’OPA très organisée qui ne date pas d’hier

Ces opérations sont assimilables à l’échelle du pays à de véritables Offres Publiques d’Achat (OPA) pour accéder à des postes à hautes responsabilités. Les « élus » ou les « experts » qui se sont retrouvés en soutien ou dans le gouvernement, vont être replacés aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.

Ce pouvoir réservé a toujours fait l’objet de nombreuses analyses et critiques. Depuis plus de 20 ans de nombreux ouvrages ont dénoncé avec vigueur, arguments et preuves à l’appui, la main mise de mafias, de cartels, de clans, voire de sectes, sur la machine du pouvoir économique, politique et financier.

Victime de la lutte des clans, en France, l’atout « Carrière » qui puise ses « élus » au mérite, au sein même de l’entreprise, demeure le point faible de notre système de valeurs et de promotion. Le pantouflage permet d’aller goûter aux « charmes » du privé, sur simple détachement de son corps d’origine, tout en préservant les avantages du statut et la sécurité de l’emploi. Cet artifice est parvenu, chaque année, à faire de nos grandes entreprises privées le plus important refuge de hauts fonctionnaires de l’Etat au bénéfice personnel et exclusif de dizaines de privilégiés !

Conquérir le pouvoir pour le pouvoir

Ces milieux politiques en l’occurrence concourent avec d’autres réseaux « nombreux et discrets » qui n’ont eux aussi de cesse et d’ambition que la conquête du pouvoir pour le pouvoir, souvent sans autre forme d’objectif. Cette addiction partagée et concurrentielle est particulièrement puissante. Elle n’a jamais cessé de s’accroître et est encore plus vigoureuse de nos jours. Les engagements de nos politiques, concernés par ce problème, ne sont que paroles et promesses sans suite. Les « promus » se forgent une sorte de légitimité avec la bénédiction d’un Etat complice. Les bases d’un système entremêlé et complexe sont solides. Elles trouvent leurs fondements depuis des siècles, dans notre culture, notre histoire, notre système éducatif et son mode de sélection.

Discrètes, voire secrètes, ces communautés soignent leur image de marque, préférant souvent la confiscation occulte d’un pouvoir réel en retrait, à l’illusion d’un pouvoir visible plus éclatant. L’ensemble de ces communautés, issues souvent de mêmes promotions, représente la majeure partie du pouvoir institutionnel en distribuant les postes, les promotions et les récompenses, stratégiques ou non, dans le public comme dans le privé. Ces clans se combattent en interne. Chacun utilise toutes les ficelles et opportunités du moment. La conquête comme la conservation du pouvoir n’a pas de prix.

Lorsque le « filleul » est de qualité et motivé, concerné par l’entreprise, il participe à son développement et son épanouissement. Cela arrive fort heureusement. Il vient d’acquérir un nouvel atout : l’atout « Carrière ». Mais il n’est pas à l’abri d’un départ précipité, inexplicable en termes de bilan économique et social avec les éléments connus.

Comment parvenir à une autre façon d’entreprendre ?

Heureusement, la France peut être fière d’un certain nombre de ses dirigeants quelle que soit leur parcours initial. Hommes ou femmes de qualité, d’expérience, certes souvent bénéficiaires d’atout « Capital », ont construit et bâtit leur entreprise se forgeant ainsi un atout « Carrière » indiscutable. Inversement, certains ou certaines, grâce à leur atout « Carrière », seront en mesure de s’affranchir des autres atouts pour développer leur entreprise.

Dans les faits, ces dirigeants seront-ils capables un jour, grâce à leur personnalité et à leur savoir-faire d’appréhender cette conquête du pouvoir autrement pour enfin parler d’une autre façon d’entreprendre ? On peut l’espérer mais la route sera longue face à cette confiscation permanente du pouvoir avec la complicité de nos politiques…

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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